Fil d'Ariane
"Vous aurez le résultat en même temps que quelqu'un qui est en train de regarder les infos, mais à travers une fiction. C'est une façon plus poétique de suivre l'élection présidentielle", sourit l'un des coproducteurs, Florent Peiffer, dans un entretien à l'AFP.
"Jour de gloire" sera tourné dimanche 24 avril de 19h00 à 20h05 et diffusé en même temps, sur le site arte.tv, YouTube et Facebook, ainsi que dans une trentaine de cinémas en France.
Il raconte les retrouvailles de deux frères, joués par Félix Moati et Julien Campani, dans leur village du Lot-et-Garonne le soir du deuxième tour, après la mort de leur mère.
Le défi, c'est d'avoir un timing d'une précision telle qu'on arrive pile-poil devant la télévision à ce moment-là.Jeanne Frenkel, coréalisatrice de "Jour de gloire"
A 20H00, ces frères politiquement opposés découvriront à la télévision le visage du ou de la président(e) nouvellement élu(e).
"Le défi, c'est d'avoir un timing d'une précision telle qu'on arrive pile-poil devant la télévision à ce moment-là. C'est très répété, ça n'est pas de l'impro", dit à l'AFP Jeanne Frenkel, qui coréalisera le film avec Cosme Castro.
Cet enchevêtrement entre fiction et réel implique que le scénario soit à la fois très précis et évolutif jusqu'au dernier moment.
"Il est déjà écrit à 70% et le sera à 85% après le premier tour" le 10 avril, explique le coproducteur François Pécheux.
Pour les acteurs, c'est un truc de dingue, il y en a très peu qui prennent ce risque-làFlorent Peiffer, un des coproducteurs de "Jour de gloire"
Car outre le résultat de l'élection, de nombreux paramètres peuvent influencer le cours du film, tourné essentiellement en plan-séquence, sans montage, avec une seule caméra.
Cela a obligé l'équipe à prévoir une multitude de possibilités, charge aux acteurs de rester dans leur personnage quoi qu'il arrive.
"Même s'il y a quelque chose d'imprévu, ça fera partie du film. Le truc qui me fait le plus peur, c'est la météo", avoue Jeanne Frenkel.
"On a des options, des plans A, B, C. On a un film en tête, mais en même temps on en a cinq!", s'amuse-t-elle.
"Pour les acteurs, c'est un truc de dingue, il y en a très peu qui prennent ce risque-là", souligne Florent Peiffer. "C'est pire que le théâtre car on est vraiment dans le réel, il y a un camion qui peut passer de façon imprévue, quelqu'un qui peut tomber, etc."
La musique sera elle aussi jouée en direct, par Flavien Berger, chouchou de la critique branchée et collaborateur régulier du duo Frenkel-Castro.
Tous deux explorent depuis 7 ans ce concept de fictions tournées et diffusées en direct, qu'ils ont baptisées "métacinéma". Ils en ont quatre à leur actif, dont le court-métrage "Adieu Bohème" (2017, avec l'Opéra de Paris), mais aucune de l'ampleur de "Jour de gloire".
"A chaque projet, on rajoute des couches de défi, des figurants ou de la musique en live", commente Jeanne Frenkel. "C'est un savoir-faire, comme fabriquer une horloge."