Fil d'Ariane
Non, Le Temps n'a jamais rendu compte des 86 romans de Juliette Benzoni dans ses pages littéraires, non, ni le Goncourt, l'Académie française ou aucune autre institution littéraire reconnue n'ont accordé beaucoup d'attention à ses «Catherine», ses «Marianne», son «Gerfaut des Brumes», et non, aucun ministre ne lui consacrera le moindre tweet. Pourtant des millions de lecteurs francophones se délectent de ses sagas historiques, et malgré toute sa discrétion, c'était pourtant l'une des romancières françaises dont les livres se vendaient le mieux. Juliette Benzoni, reine du roman historique, est morte ce week-end à l'âge de 95 ans.
«Nous sommes au regret de vous annoncer que malheureusement notre très très chère Juliette, notre auteur tant aimé, nous a quitté ce week-end. Elle s’est éteinte tout doucement dans son sommeil, sa fille Anne à ses côtés», a annoncé lundi bibliojbenzoni, le site officiel de la romancière.
«Elle avait 95 ans et depuis plus de 50 ans elle nous a tant appris de la grande histoire en nous divertissant avec ses magnifiques personnages auxquels nous nous sommes tant attachés! Elle nous laisse 86 petits bijoux à lire et relire avec toujours autant de plaisir», poursuit le communiqué posté sur le site.
Née Andrée-Marguerite-Juliette Mangin le 30 octobre 1920 à Paris, l'écrivaine à succès est décédée à son domicile de Saint-Mandé, près de Paris, où elle habitait depuis l'âge de 15 ans.
Juliette Benzoni avait commencé sa carrière comme journaliste notamment à «Confidences» avant de se lancer dans le roman historique au début des années 1960 avec la série des «Catherine», une saga composée de six romans.
Elle avait poursuivi dans cette veine avec la série des «Florentine» (4 romans), «Marianne» (5 romans), «Le Boiteux de Varsovie» (14 romans), «Le Gerfaut des brumes» (4 romans) ou encore «Secret d'Etat» (3 romans).
Ses thèmes de prédilection était la Renaissance italienne, le temps des croisades, la guerre de Cent Ans. Ses romans mêlaient histoire d'amour à la grande histoire. Très rigoureuse, la romancière s'appuyait sur des recherches historiques poussées pour écrire ses romans.
Elle avait souvent déclaré que cela l'agaçait d'être considérée comme une «romancière populaire».« Si cela signifie que l’on est beaucoup lu, d’accord. Mais si cela veut dire que c’est plus ou moins écrit et bâclé…»
Parmi ses fans: l'ex président américain Ronal Reagan. Il lui avait personnellement écrit lors de la parution du «Gerfaut des brumes» pour la remercier de sa description de la guerre d'indépendance américaine.
Traduite dans une vingtaine de langues, elle avait vendu quelque 300 millions d'exemplaires depuis ses premières publications. Plusieurs de ces romans avaient été adaptés pour la télé ou le cinéma.
Juliette Benzoni avait également écrit des essais historiques comme «Le lit des rois», «Le roman des châteaux de France» ou encore «Ces femmes du Grand Siècle».
Son dernier roman, «Des carats pour Ava ?», premier volume d'une série policière historique avait été publié il y a quelques jours chez Plon.
Article paru sur le site du journal Le Temps