Le concept a été inventé par Louis XIV, qui voulait regrouper des artistes dans un lieu donné et la première maison du genre a vu le jour à Rome il y a 350 ans. L’Académie de France à Rome est depuis devenue la célèbre Villa Médicis. À l’automne 2021, la France s’est dotée d’une quatrième institution, la Villa Albertine, sur la très chic 5e Avenue de New York, en face de Central Park.
Payne Witney House à New York, ou la Villa Albertine, est située sur la très chic 5e Avenue de New York, en face de Central Park. Elle accueillera des artistes en résidence, toutes disciplines confondues.
Cela faisait plusieurs années déjà que la France voulait avoir, aux États-Unis, une villa de résidence pour artistes, après celle de Rome, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto. « Tout comme l’Italie durant la Renaissance, on voulait en ouvrir une aux États-Unis pour reconnaître leur importance dans le monde artistique et le monde des idées » explique Gaëtan Bruel, directeur de la Villa Albertine, également conseiller culturel de l’Ambassade de France aux États-Unis.
C’est chose faite depuis l’automne 2021, avec l’inauguration de la Villa Albertine.
Catherine François pour TV5MONDE
Des résidences d’artistes, toutes disciplines confondues
Depuis son ouverture il y a bientôt deux ans, la Villa Albertine a déjà accueilli 170 résidents issus d’une vingtaine de nationalités dans 50 villes et territoires américains.
« Ce sont des créateurs de toutes disciplines, des chercheurs, penseurs et professionnels de la culture, souligne Gaëtan Bruel. Il faut venir avec un projet de recherche pour aller à la rencontre des gens, sortir du studio, s’immerger dans le pays, être guidé dans cette exploration par une question, une réflexion. Être Français n’est pas un critère mais le lien avec la France se fait par le partenaire de la résidence qui doit être français, cela peut être un musée, une association, un festival, une grande ou une petite structure. C’est la Villa Albertine qui finance le projet, qui l’organise mais le partenaire vient compléter l’accompagnement que nous offrons ».
Justement, parlant de financement, quel est le budget de la Villa Albertine ? Elle dispose de quelque deux millions d’euros par an, principalement défrayés par l’État français via les ministères des Affaires étrangères et de la Culture. Mais il y a aussi des donateurs privés, des mécènes, des fondations et des entreprises privées qui participent au financement des résidences d’artistes, qui coûtent, en moyenne 25 000 euros.
En plus des résidences d’artistes, la Villa Albertine organise des événements culturels comme des programmations de films français dans les villes américaines où elle a des antennes. La Villa a accès à une cinémathèque et a mis en place un programme dans un réseau de 500 écoles et universités américaines pour développer la cinéphilie et la Francophonie, montrer des films en français sous-titrés et partager ainsi avec le plus grand nombre de jeunes l’amour du cinéma. La Villa Albertine organise aussi tous les ans l’événement bien connu « la Nuit des Idées ».
Gaëtan Bruel, directeur de la Villa Albertine, à New York
Enfin elle abrite depuis 8 ans, dans ses murs, une librairie francophone, la seule de New York, qui a 25 000 titres en français. La Villa Albertine est donc un agent de rayonnement de la langue française aux États-Unis : « C’est la branche culturelle de l’ambassade qui a aussi des actions éducatives et universitaires et donc la langue française est au cœur de nos actions » ajoute Gaëtan Bruel.
La Villa Albertine veut maintenant se lancer dans des grands projets transversaux, comme par exemple, organiser un événement spécial danse pour réfléchir à la place de la danse dans nos sociétés, comment elle y évolue, etc.
(Re)voir : Sélène Saint-Aimé nouvelle résidente de la Villa Albertine
« Cela se traduit par des résidences pour 17 chorégraphes dans 12 villes, une vingtaine de compagnies soutenues en tournée avec 75 dates et des échanges professionnels » précise le directeur.
« Notre conviction, c’est que la crise qui sévit actuellement dans le monde est permanente et multiforme et dans un monde en crise, oui, les artistes ont besoin d’être soutenus et nous essayons de jouer un rôle à ce niveau-là. Mais, en réalité, ce sont les artistes qui peuvent et doivent nous soutenir. Nous avons la conviction que dans ce monde-là, il faut des experts mais aussi des créateurs qui ont aussi des idées à partager. Donc nous voulons que la Villa Albertine soit la chambre d’échos de leur questionnement, de leurs approches, pour qu’on ait peut-être d’autres idées pour habiter le monde différemment et regarder les enjeux que nous avons en commun » conclut Gaëtan Bruel.