Cette semaine, Paris accueille la Coupe du monde de slam de poésie. Une manière rythmée de déclamer des rimes sur des sujets divers. Ce samedi, c'est la Québécoise Amélie Prévost qui est remporté le concours. Retour sur les sélections avec notre reportage.
Déjà médaillé d'or du Grand Slam de Montréal 2015, Amélie Prévost, comédienne, auteure et slameuse québécoise, est sacrée championne du monde de la Coupe Mondiale de Slam 2016 ce samedi 28 mai.
Quelques jours auparavant, TV5MONDE assistait à la demi-finale du concours. Reportage.
Semi-finalistes en lice
Les rimes sont scandées, presque chantées, interprétées par leurs auteurs. Tour à tour, Prufrock Shadowrunner (Canada), Tamir (Israël), Iona (Ecosse), Salva (Espagne) ou encore RayNwoks (Angleterre) se succèdent sur la petite scène du Théâtre de verre, dans l'est parisien.
Tous participent, ce jeudi 26 mai, à la première demi-finale de la Coupe du monde de slam de poésie qui se déroule tous les ans dans la capitale française. Cette année, elle regroupe des participants de 22 pays ayant chacun remporté leurs tournois nationaux.
Durant trois minutes, ces poètes in/méconnus s’approprient la scène sans décor ni costume, sans musique. Leurs seuls instruments : le micro, la voix et la gestuelle. C’est la règle. Libre à eux d’aborder les sujets de leur choix à travers des poèmes de leur composition. Chacun ses thèmes, son style et ses mots. Et un même talent partagé : celui d’embarquer le public dans leurs histoires plus ou moins personnelles.
La Coupe du monde de slam de poésie est organisée à la fois par la Fédération française de slam de poésie ainsi que par l’association Slam production de Pilot Le Hot, organisateur et précurseur du slam de poésie en France.
Patrick Binard, alias Pilot le Hot, explique sa Coupe de monde du slam sur le plateau du JT international de TV5MONDE ce samedi 28 mai, à quelques heures de la finale.
Jeudi 26 mai au soir : la salle est conquise par les participants qui slament dans leur langue, avec les traductions en anglais et en français projetées derrière eux.
Les cinq juges, choisis dans le public, doivent attribuer une note sur 10 à la fin de chaque slam, encouragés par le public. Et les scores sont serrés dès les premiers passages. Ce soir encore, le niveau est très bon.
« C’est super bien », observe Fabrice. Jury fidèle à cette compétition, il a officié lors d’une session précédente. Cet amoureux des mots et du slam, qui permet de « se réapproprier la poésie sans artifice », fait un constat : « cette année, leurs textes sont assez politisés de manière générale. Ils portent souvent sur les problèmes mondiaux. »
Poèmes engagés, poètes survoltés
Les poèmes se veulent, en effet, parfois engagés. Comme ceux de l’Anglaise RayNwoks dans lesquels, ce soir-là, elle dénonce le viol trop souvent passé sous silence et qui fait encore trop de victimes, y compris parmi les hommes. Elle raconte dans un autre la discrimination dont elle a été victime depuis qu’elle est enfant à cause de sa couleur de peau. « Je me souviens de chaque regard qui disait 'tu n’es pas à ta place ici'. Je me souviens de chaque fois où j’étais la seule fille noire dans la pièce ». Lors de son troisième passage, elle s’attaque à tous les hommes qui harcèlent les femmes, ceux qui, un jour, demandent : « Combien ? ». Elle clame alors : « Bêtement, j’étais dans l’illusion que je ressemblais à un être humain et pas à une putain de magasin. »
Et puis, arrive sur scène l’Israélien Tamir Aharoni, 25 ans, et son poème «
Mouvement d’intestin » qui va détendre tout le public, secoué de rires. «
Nous sommes allongés au lit, il est tard et calme. Je voudrais me laisser aller et plonger dans le moment présent. Mais quelque chose ne va pas. » Ou comment ne pas ruiner une première nuit avec une fille en faisant tout pour contenir une flatulence.
Bouts de vie
C’est aussi le cas du Canadien de 35 ans, de son pseudonyme « Prufrock Shadowrunner ». Dans la vie, il est musicien dans un groupe de rap et un autre de rock. Lui, raconte des bouts de sa vie. Dans l’un d’eux, il y a « Wendy », une déclaration à cette fille victime du diktat de la mode et de ces normes irréalistes. Wendy ne s’aime pas assez et pourtant, le poète slame : « You don’t look spectacular, you are spectacular » (Tu n’as pas l’air magnifique, tu es magnifique). Dans ses textes, il croque comme un dessinateur des rencontres, avec un chauffeur de taxi, par exemple.
Plus poétique, plus réservé aussi sur scène et tout aussi talentueux, le Japonais Takeo Oshima, 41 ans, propose des poésies très métaphoriques comme celle du « Supermarché local » qui se transforme en zoo géant. Ce poète, qui a commencé le slam il y a 8 ans, est aussi écrivain au quotidien. Et le week-end, il se transforme en guide touristique dans les parcs naturels au Japon. D’où certainement la présence récurrente de la nature dans chacun de ses textes, qui invite à la réflexion comme dans une fable. Des « histoires vraies et fantastiques », comme il aime les décrire.
Cette danseuse blessée au genou a choisi l’écriture et la lecture de poèmes pour continuer à monter sur scène. La jeune femme écrit la nuit quand elle ne peut pas dormir. Une maison d’édition anglaise va publier certains de ses longs poèmes l’année prochaine. En attendant, elle slame des texes courts à Paris, écrit des pamphlets ou des livres qu'elle illustre tout en suivant ses études d’art et en collaborant avec des groupes de musique. La jeunesse, la vieillesse, se trouver, autant de thèmes qui ponctuent ses passages sur scène. Extraits :