Le peintre et sculpteur français François Morellet est décédé mardi 10 mai à 90 ans. Figure majeure de l'art abstrait minimaliste, reconnu internationalement, il était l'un des premiers à utiliser les néons dans ses oeuvres.
« Les arts plastiques, ça n’emballe pas la foule. L’art contemporain, c’est encore plus réduit. La peinture abstraite, ça se réduit encore. Et le mouvement dans lequel je me sens un peu, l’art concret avec des systèmes inexorables, il faut se faire une raison : quand on a choisi tout ça, on ne peut pas être populaire, confiait l'artiste plasticien François Morellet à Ouest France en 2008. L’important, quand on fait cela, c’est d’avoir des complices, des gens qui vous suivent. Il y a des gens que mon travail fait rigoler : j’en suis très content.»
Et pourtant, cet artiste français a connu un succès international. Ses oeuvres sont aujourd'hui exposées dans les collections d'art contemporain les plus réputées et de grands musées. Mais il reste plus connu à l'étranger, notamment en Allemagne, qu'en France.
Après l'annonce de sa mort, les hommages du monde de l'art ont été nombreux comme celui de Bernard Blistène, directeur du Centre Pompidou qui avait réinstallé en 2011 certaines de ses oeuvres : "Il était mon ami, il était un homme libre. Il était inventif et rigoureux. Il rendait la géométrie joyeuse et l'humour nécessaire. Je l'aimais."
Rejetant toute conception romantique de l'artiste, François Morellet "a voulu réduire l'art à ses signes les plus élémentaires, affirmant aussitôt qu'ils sont vides de sens", explique à l'AFP, Serge Lemoine, spécialiste de son oeuvre.
Menant parallèlement des activités d'industriel à la tête de son usine familiale, François Morellet se lance en 1951 dans l'abstraction géométrique. Il a été l'un des premiers artistes à utiliser massivement le néon.
Il a aussi conçu aussi de nombreuses oeuvres intégrées à l'architecture, intervenant au Bundestag allemand aussi bien qu'au musée du Louvre à Paris avec "l'Esprit d'escalier" en 2010.
« Dans un escalier du XIXe construit par un architecte qui s’appelle Le Fuel, je me suis occupé de cinq ou six vitrages transparents, expliquait-il à Ouest France. J’ai redessiné les mêmes ferrures, je les ai réalisées, basculées, en vrai plomb pour vitrail. Cela reste très discret. C’est quelque chose qui ne dérange pas : quand on monte les marches, on essaie surtout de ne pas se casser la figure. Seuls les gens qui aiment un peu ce que je fais le remarqueront. »
François Morellet, L’Avalanche, 1996. 36 tubes de néon bleus, fils haute tension blancs dans le cadre des Réinstallations au Centre Pompidou en 2011.