Le chanteur Arno, figure belge de la scène rock, connu pour sa voix cassée mâtinée d'un accent flamand, sa chevelure en bataille et ses excès, est décédé samedi des suites d'un cancer, a annoncé son agent.
"Putain, putain c'était vachement bien. Arno nous a quitté ce 23 avril. Il va nous manquer à tous, à sa famille, à ses amis et à ses musiciens. Il sera toujours avec nous grâce à la musique qui l’a maintenu en vie jusqu’à la fin », a déclaré agent belge Filip De Groote dans un communiqué. Il avait arrêté son traitement en début de cette année.
Il avait été reçu à plusieurs reprises sur TV5MONDE par Patrick Simonin. Voici l'un de ses passages le 15 février 2017 à propos du film choc sur cette icône rock de la chanson, "Arno, dancing inside my head" de Pascal Poissonnier.
Né le 21 mai 1949 à Ostende, ville côtière flamande à laquelle il est resté très attaché et qu'il évoque dans ses chansons, Arno Hintjens avait débuté sa carrière au sein du groupe rock TC Matic dans les années 80, avec notamment la chanson "Putain, putain" ("Putain, putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens").
"Je viens d'une génération où, quand j'étais jeune, tout était possible, +the sky was the limit+, racontait-il encore à l'AFP. Il y avait une révolte contre le système, la jeunesse se créait sa propre culture. Maintenant, il n'y a plus de révolte alors qu'il y aurait beaucoup contre quoi le faire".
C'est en solo qu'il s'était ensuite révélé à un plus large public, grâce à des chansons comme "Les yeux de ma mère". Ses chansons charrient embruns marins par nuits étoilées ou relents des bières de comptoirs enfumés. Composée à l'origine par Salvatore Adamo dans les années 1960, "Les filles du bord de mer" est doucement ironique, sur un air de java. Reprise et popularisée par Arno, elle prend toute sa dimension canaille, salée comme la mer du Nord.
Arno était toujours une référence pour la nouvelle scène. Stromae, qui l'avait rejoint sur scène en début d'année, avait raconté à l'AFP leur lien.
"J'ai entendu +Putain putain+, trop bien écrite, et j'en ai fait un remix. Je lui ai demandé s'il pouvait venir la chanter avec moi aux Trans Musicales de Rennes (ouest de la France), pour mes premiers concerts en 2010". "Il est venu, alors que c'est une légende, qu'il n'avait rien à gagner, alors que moi j'étais le mec d'un seul tube", confiait en mars Stromae.
L'annonce de sa maladie était intervenue alors qu'il se trouvait en pleine promotion d'un album ("Santeboutique", sorti en septembre 2019). Il avait dû interrompre sa tournée pour subir une opération.
La pandémie de coronavirus et l'impossibilité de tenir des concerts ont ensuite reporté plusieurs fois tout au long de 2020 la perspective de remonter sur scène, même s'il a pu enregistrer un nouvel album ("Vivre", avec le pianiste français Sofiane Pamart, sorti fin mai 2021).
Nous ne verrons plus sa silhouette dans le quartier Sainte-Catherine. Putain putain, il nous manque déjà
Philippe Close, maire de Bruxelles
A l'époque de la sortie de l'album, il avait été empêché de le promouvoir par une nouvelle hospitalisation pour un traitement par chimiothérapie.
Il est finalement remonté sur scène en février 2022, programmant une demie douzaine de dates à Bruxelles et à Ostende, sa ville natale, après un premier rendez-vous en petit comité dans les studios de la radio publique flamande le 12 janvier.
Durant ses derniers shows, l'artiste, assis devant un micro, visage amaigri, faisait régulièrement allusion devant son public à son état de santé.
Le 21 février, dans son habituel costume noir de scène, il avait été reçu sous les ors du palais royal de Bruxelles pour un entretien avec le roi Philippe, qui avait salué "une icône de la scène musicale belge".
"Nous ne verrons plus sa silhouette dans le quartier Sainte-Catherine. Putain putain, il nous manque déjà", s'est désolé sur Twitter Philippe Close, le maire de Bruxelles, une ville dont il était citoyen d'honneur.