L'Iran dénonce des propos "insultants" de la France et convoque le chargé d'affaires après la Palme d'or de Jafar Panahi

L'Iran convoque le chargé d'affaires français à Téhéran pour protester contre les propos "insultants" de Paris, après la consécration au Festival de Cannes du cinéaste dissident Jafar Panahi.

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Cannes

Le réalisateur Jafar Panahi accepte la Palme d'Or pour le film "Un simple accident", lors de la cérémonie de remise des prix du 78e festival international du film, à Cannes, le 24 mai 2025.

Joel C Ryan/Invision
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Jafar Panahi, 64 ans, a reçu samedi la Palme d'or pour son film "Un simple accident", un brûlot politique dans lequel d'anciens détenus sont tentés de se venger de leur tortionnaire. Au mépris des lois de la République islamique, plusieurs de ses actrices apparaissent sans voile.

Soutien de la diplomatie française

Réagissant à la récompense du réalisateur à Cannes, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait critiqué la République islamique dans un court message publié sur X. "Dans un geste de résistance contre l'oppression du régime iranien, Jafar Panahi emporte une Palme d'or qui ravive l'espoir pour tous les combattants de la liberté, partout dans le monde", a-t-il écrit, provoquant l'ire des autorités en Iran.

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"Suite aux propos insultants et aux allégations infondées du ministre français des Affaires étrangères à l'encontre de l'Iran, le chargé d'affaires à Téhéran a été convoqué au ministère", indique l'agence officielle iranienne Irna. L'Iran condamne "l'utilisation abusive par le gouvernement français" du Festival de Cannes "pour faire avancer son agenda politique contre la République islamique", précise Irna.

Deuxième consécration d'un Iranien à Cannes

Le 25 mai, aucun responsable n'a commenté la deuxième consécration à Cannes d'un Iranien, après celle d'Abbas Kiarostami pour "Le goût de la cerise" en 1997. Critique du pouvoir, Jafar Panahi a été incarcéré à deux reprises en Iran: 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023. 

Les quotidiens réformateurs Etemad, Shargh et Ham Mihan ont rapporté en ligne de façon factuelle la victoire de Jafar Panahi, sans la commenter, tandis que la plupart des médias ont fait l'impasse sur ce sujet. La télévision d'État a ainsi passé sous silence la Palme d'or, mettant l'accent sur le Festival du film de la Résistance, un événement officiel qui prime des oeuvres pro-palestiniennes ou sur la guerre Iran-Irak (1980-1988).

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Grand nom du cinéma iranien, Jafar Panahi a vu ses oeuvres régulièrement primées dans les plus grands festivals, de Cannes à Venise en passant par Berlin. Le réalisateur doit rentrer ce 25 mai en Iran, un retour qui ne lui fait "pas du tout" peur, déclare-t-il. "Les voyageurs rentrent chez eux", a-t-il écrit sur Instagram, accompagné d'une photo de lui et de l'équipe de tournage.