Un œil gai, un œil triste
Michel Audiard racontait que son père faisait des napperons de dentelle. "Vous savez, dira-t-il, ces napperons que l’on trouve sur tous les pianos des maisons bourgeoises de France, ces petites horreurs ocres". En fait, l’enfant Audiard n’a pas connu ses parents. "Je suis né de père inconnu et d'une mère extrêmement voyageuse et fugace" confiera-t-il. Il grandit dans le XIVe arrondissement et c’est Léopold, employé aux PTT, qui se charge d’élever le gamin. Le bonhomme, généreux et attentif, a un vague lien de parenté avec la maman. L’enfance est heureuse malgré tout mais Audiard gardera au cœur cette morsure de l’abandon. Annie Girardot ne se trompait pas quand elle disait de lui : "Il a un œil gai, un œil triste."
Michel Audiard racontait que son père faisait des napperons de dentelle. "Vous savez, dira-t-il, ces napperons que l’on trouve sur tous les pianos des maisons bourgeoises de France, ces petites horreurs ocres". En fait, l’enfant Audiard n’a pas connu ses parents. "Je suis né de père inconnu et d'une mère extrêmement voyageuse et fugace" confiera-t-il. Il grandit dans le XIVe arrondissement et c’est Léopold, employé aux PTT, qui se charge d’élever le gamin. Le bonhomme, généreux et attentif, a un vague lien de parenté avec la maman. L’enfance est heureuse malgré tout mais Audiard gardera au cœur cette morsure de l’abandon. Annie Girardot ne se trompait pas quand elle disait de lui : "Il a un œil gai, un œil triste."

C’est pareil partout

Stop au STO
A la Libération, Audiard découvre les retournements de vestes, ces "résistants de la dernière heure" et surtout la tonte de ces femmes en place publique, sous les huées et les crachats, ces malheureuses accusées de "collaboration horizontale". Triste spectacle qui conforte un scepticisme naissant sur la nature humaine...
Les caresses décapantes
Il ne vote pas et ne croit pas davantage à la politique : "les opinions politiques ne sont intéressantes que si elles sont subversives" lâche-t-il.
Il s'essaye dans le journalisme.
Son premier papier évoque la Chine... où - faut-il le préciser ? - il n'a jamais mis les pieds. Audiard préfère bidonner ses articles dans la chaleur humaine des bistrots parisiens. Chine, Inde, quelle importance ? L’imposture découverte, il se fait illico renvoyer de l’Etoile du soir, le canard qui assurait sa pitance. Mais son verbe, entretemps, a fait merveille. Son humour désarçonne, son sens du raccourci stupéfie, ses coups de cravaches séduisent !

Un métier de voleur
Et son nouveau métier de dialoguiste ? "Un métier de 'voleur' !" .
Il devient l’un des dialoguistes les mieux payés de France et désormais Jean Gabin parlera avec les mots d’Audiard. Avec le succès arrive l’argent et ses premiers problèmes avec le fisc. Audiard est un homme généreux, plus cigale que fourmi et qui renâcle à provisionner de l’argent pour payer ses impôts. Le monde du cinéma, cependant, ne l’éblouira jamais : "Le Huitième art est celui de prendre le septième comme il vient !" Cannes ? "En son temps, le traité de Westphalie a eu son utilité, on a un peu oublié laquelle, et je crois que le festival de Cannes c'est le même cas. Le festival de Cannes a correspondu à quelque chose à sa création, mais maintenant c'est devenu une foire amusante. D'ailleurs, si elle se passait à Hénin-Liétard il n'y aurait personne !"

Nouvelle vague, vague nouvelle

Films fauchés

Bide et box-office

"Je ne joue plus"
Discrètement, il s’éteint le 28 juillet 1985, terrassé par le cancer.
Sa notoriété, depuis lors, ne s’est jamais émoussée. "L’idéal quand on veut être admiré, c’est d’être mort", écrivait-il, toujours grinçant.
Quelques films dialogués par Michel Audiard
Audiard, les mots et les maux

« Entre truands, les bénéfices ça se partage, la réclusion, ça s’additionne. »
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. »
« La vérité n’est jamais amusante sinon tout le monde la dirait. »
« J’ai été enfant de choeur et militant socialiste. C'est dire si j'ai entendu des conneries... »
« Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute. »
« Faut pas parler aux cons, ça les instruit. »
« Pendant douze ans on a fait chambre commune mais rêve à part »
« Un marchand de tableaux est un voleur inscrit au registre du commerce. »
« C’est le sort des familles désunies de se rencontrer uniquement aux enterrements. »
« Conduire dans Paris, c’est une question de vocabulaire. »
« Le piano, c’est l’accordéon du riche. »
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. »
« La vérité n’est jamais amusante sinon tout le monde la dirait. »
« J’ai été enfant de choeur et militant socialiste. C'est dire si j'ai entendu des conneries... »
« Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute. »
« Faut pas parler aux cons, ça les instruit. »
« Pendant douze ans on a fait chambre commune mais rêve à part »
« Un marchand de tableaux est un voleur inscrit au registre du commerce. »
« C’est le sort des familles désunies de se rencontrer uniquement aux enterrements. »
« Conduire dans Paris, c’est une question de vocabulaire. »
« Le piano, c’est l’accordéon du riche. »
Michel et Alain sont sur un plateau

En septembre 66, Alain Robbe-Grillet et Michel Audiard se rencontrent sur un plateau de télévision. Difficile d’imaginer deux personnalités plus dissemblables. L’un est un dialoguiste populaire, autodidacte, bête noire de la Nouvelle Vague et l’autre, chef de fil du “nouveau roman” et cinéaste expérimental.
Le journaliste demande tout d'abord à Robe-Grillet ce qu'il a voulu faire en tournant son dernier film, "Trans-Europ-Express "...
Alain : Voilà le genre de question auquel un auteur ne peut pas répondre ! Ce que j’ai voulu faire, c’est ce film, n’est ce pas ? Et c’est, en somme, en le faisant que j’ai découvert moi même ce qu’il était ou n’était pas. Si le film est une œuvre d’art, elle est comme toute œuvre d’art : une recherche où l’auteur est lui même à la recherche de ce qu’il veut faire.
Michel : Tout cela me paraît assez périlleux...
Alain : j’ai tourné dans un temps très bref 30 000 m de pellicule ! Et je récupère une certaine liberté au montage.
Michel : Ah ! Tout cela me paraît invraisemblable de partir comme ça ! Moi, je sais toujours exactement ce que je vais faire.
Alain : Je continue à être moi même non pas une réponse, mais une question !
Michel : Moi, je ne commence pas à écrire AVANT de savoir qui sont les acteurs, pas une ligne ! Je me suis rendu compte que le public demande toujours des héros. Chaque fois que j’ai fais une histoire avec un petit bonhomme, le public ne suit pas.
Alain : Mais, "Un homme une femme" à tout de même marché et il n’y a pas de héros !
Michel : Mais l’acteur est tout de même coureur automobile ! Ça joue un rôle. Moi ce que je reproche à ce « jeune cinéma », c’est de manquer de héros. 9 fois sur 10, c’est la femme qui mène le jeu, maintenant, dans les films actuels. C’est un peu un cinéma d’impuissant, un cinéma de cocu !
Alain : Et Belmondo dans "A bout de souffle" ?
Michel : Parce que c’est Belmondo ! Et que son personnage est un héros et lui on ne le fera jamais passer pour un tocard. Même si demain une femme met des gifles à Belmondo, le public pensera qu’il faut toujours les lui rendre ! Entre nous, Robe-Grillet, aimeriez vous faire du cinéma comique ?
Alain : Mais oui ! Je ne sais pas pourquoi on assimile le cinéma que j’ai envie de faire à un cinéma ennuyeux ! J’aime beaucoup rire et je trouve beaucoup de mes œuvres très drôles.
Michel : Ce n’est pas du cinéma hilarant tout de même !
Alain : Çà dépend ce qui vous fait rire ! Quand Kafka lisait à Max Bod « Le procès » il riait aux éclats en le lisant et moi même, en lisant le procès, je ris beaucoup.
Michel : Moi quand j’ai envie de rigoler, je lis plutôt Marcel Aymé que Kafka !
Le journaliste demande tout d'abord à Robe-Grillet ce qu'il a voulu faire en tournant son dernier film, "Trans-Europ-Express "...
Alain : Voilà le genre de question auquel un auteur ne peut pas répondre ! Ce que j’ai voulu faire, c’est ce film, n’est ce pas ? Et c’est, en somme, en le faisant que j’ai découvert moi même ce qu’il était ou n’était pas. Si le film est une œuvre d’art, elle est comme toute œuvre d’art : une recherche où l’auteur est lui même à la recherche de ce qu’il veut faire.
Michel : Tout cela me paraît assez périlleux...
Alain : j’ai tourné dans un temps très bref 30 000 m de pellicule ! Et je récupère une certaine liberté au montage.
Michel : Ah ! Tout cela me paraît invraisemblable de partir comme ça ! Moi, je sais toujours exactement ce que je vais faire.
Alain : Je continue à être moi même non pas une réponse, mais une question !
Michel : Moi, je ne commence pas à écrire AVANT de savoir qui sont les acteurs, pas une ligne ! Je me suis rendu compte que le public demande toujours des héros. Chaque fois que j’ai fais une histoire avec un petit bonhomme, le public ne suit pas.
Alain : Mais, "Un homme une femme" à tout de même marché et il n’y a pas de héros !
Michel : Mais l’acteur est tout de même coureur automobile ! Ça joue un rôle. Moi ce que je reproche à ce « jeune cinéma », c’est de manquer de héros. 9 fois sur 10, c’est la femme qui mène le jeu, maintenant, dans les films actuels. C’est un peu un cinéma d’impuissant, un cinéma de cocu !
Alain : Et Belmondo dans "A bout de souffle" ?
Michel : Parce que c’est Belmondo ! Et que son personnage est un héros et lui on ne le fera jamais passer pour un tocard. Même si demain une femme met des gifles à Belmondo, le public pensera qu’il faut toujours les lui rendre ! Entre nous, Robe-Grillet, aimeriez vous faire du cinéma comique ?
Alain : Mais oui ! Je ne sais pas pourquoi on assimile le cinéma que j’ai envie de faire à un cinéma ennuyeux ! J’aime beaucoup rire et je trouve beaucoup de mes œuvres très drôles.
Michel : Ce n’est pas du cinéma hilarant tout de même !
Alain : Çà dépend ce qui vous fait rire ! Quand Kafka lisait à Max Bod « Le procès » il riait aux éclats en le lisant et moi même, en lisant le procès, je ris beaucoup.
Michel : Moi quand j’ai envie de rigoler, je lis plutôt Marcel Aymé que Kafka !
Le dico flingueur des Tontons

Ne pas se fier à la couverture, qui laisse penser qu'il s'agit là d'un ouvrage grand guignol, réalisé à la va-vite. Ce dico, question infos, c'est du sérieux ! Du sévère. Et surtout pas de l'ennuyeux. L'auteur, Stéphane Germain, déjà auteur de l'Encyclopédie Audiard a mené l'enquête sur deux films-culte : "Les tontons Flingueurs" et "Les Barbouzes". Et son travail nous apprend les coulisses de la méthode Audiard, ses références culturelles. Il démonte avec une passion communicative, une gourmandise généreuse, la mécanique impeccable, précise et savante de cet homme qui était avant tout un grand sensible, érudit et anarchiste. Il insiste avec justesse sur le cousinage d'esprit qui le liait avec Céline. Le dialoguiste, écrit Stéphane Germain était un "personnage peu raccord avec l'intellectualisme du cinéma français (...) Ceux qui le détestaient, hommage involontaire, cherchaient avant tout à se démarquer d'un cinéma populaire dont il était devenu, et pour cause, le porte-drapeau"
Un livre à lire, à offrir, pour rire. Mais pas seulement.
"Le dico flingueur des Tontons et des Barbouzes" Editions Hugo Image
Un livre à lire, à offrir, pour rire. Mais pas seulement.
"Le dico flingueur des Tontons et des Barbouzes" Editions Hugo Image