Michel Blanc, figure du Splendid et star des "Bronzés", est mort

L’acteur et réalisateur Michel Blanc, figure du Splendid et devenu célèbre pour son rôle dans les "Bronzés", est mort d’une crise cardiaque, dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 octobre. Il était âgé de 72 ans.

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Michel Blanc à Cannes en mai 1986 posant avec sa palme de meilleur acteur qu'il a remportée ex-aequo avec Bob Hopkins.

Michel Blanc à Cannes en mai 1986 posant avec sa palme de meilleur acteur qu'il a remportée ex-aequo avec Bob Hopkins. A gauche sur la photo, de profil, Inès de la Fressange, le président du jury Sydney Pollack et Roland Joffe, palme d'or pour son film "Mission".

© AP Photo/Pierre Gleizes
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L'acteur et réalisateur Michel Blanc, figure du Splendid, est décédé dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 octobre, à l’âge de 72 ans, a annoncé à l'AFP l'attaché de presse de ses principaux films, Laurent Renard, confirmant une information de Paris Match.

Il a fait un malaise cardiaque dans la soirée et a été transporté dans un état sérieux dans un hôpital parisien, a précisé son entourage à l'AFP. 

"Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous a fait… ", avait écrit dans la nuit son comparse du Splendid et des "Bronzés", Gérard Jugnot, dans une story sur Instagram.

"Michel mon pote mon frère mon partenaire", a réagi sur Instagram la comédienne Josiane Balasko, une autre figure de cette troupe phare des années 1970-80.

"D'une seule voix", l'ensemble des ex-comédiens du Splendid, dont Christian Clavier et Thierry Lhermitte, ont exprimé leur "douleur immense", remercié "chaleureusement des témoignages de soutien et d'amitié" et appelé à "respecter (leur) silence".

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a évoqué la perte d'un "monument du cinéma français", tandis que le Premier ministre Michel Barnier a estimé qu'"on (avait) tous un peu de Michel Blanc en nous".

Le succès populaire des Bronzés

Acteur populaire depuis le succès des "Bronzés", Michel Blanc a alterné le rire et l'émotion en explorant devant et derrière la caméra l'âme humaine.

Michel Blanc dans "Les Bronzés font du ski".

"On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher..." Pour beaucoup, il restera à jamais Jean-Claude Dusse, le gringalet chauve et moustachu des "Bronzés", dragueur raté toujours persuadé de pouvoir "conclure". Si ce personnage aussi exaspérant qu'attendrissant l'a un temps enfermé dans le comique avec des rôles d'hypocondriaque ou de maladroit, le comédien avait pourtant fait ses preuves dès le milieu des années 70 en tournant pour Tavernier ("Que la fête commence"), Miller ("La Meilleure façon de marcher") ou Polanski ("Le Locataire").

Sa première palme

Après l'énorme succès public de "Marche à l'ombre" (1984), son premier film en tant que réalisateur, il a élargi son registre en s'éclipsant le premier de la bande du Splendid, avec notamment le transgressif "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier. Il y incarne l'émouvant Antoine, qui s'entiche de Gérard Depardieu et se travestit. Le rôle, couronné du prix d'interprétation masculine à Cannes, marque un tournant dans sa carrière.

Michel Blanc dans "Tenue de soirée".

Hypocondriaque

Né le 16 avril 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Michel Blanc est fils unique. Milieu plutôt modeste avec un père déménageur qui finira cadre moyen et une mère dactylo devenue comptable. Des parents très aimants qui surprotègent leur fils, né avec un souffle au coeur.
Timide, chétif, grand hypocondriaque -"je suis le pionnier du gel hydroalcoolique !" - le jeune Michel perd vite ses cheveux et va devoir miser sur l'humour, parfois caustique, et l'autodérision plus que sur son physique.

"J'ai un avantage sur les chauves tardifs, je n'ai jamais associé la calvitie à l'âge", plaisantait celui qui a longtemps été mal dans sa peau. 

Dès l'enfance, il se passionne pour la musique classique. A 20 ans, il tente même de faire carrière comme pianiste. Il y consacre six à sept heures par jour mais renonce assez vite, comprenant qu'il ne sera jamais "le nouvel Arthur Rubinstein". 

L'aventure du Splendid

Changement de cap. Il rejoint sa bande de copains du lycée de Neuilly - Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier - pour se lancer dans l'aventure du café-théâtre au sein de la troupe du Splendid. 

Comme je ne m'aimais pas, j'avais envie de jouer des personnages qui n'étaient pas moi. Michel Blanc

"C'est un homme solitaire, blessé, déconcerté", disait son amie, l'écrivaine Françoise Sagan. "Je suis un anxieux qui préfère l'action à la dépression", précisait l'intéressé.

Tout au long de sa carrière, ce gros bosseur, perfectionniste, sait d'ailleurs utiliser ses complexes et son talent d'écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu'il réalise comme "Grosse Fatigue" (1994) et "Embrassez qui vous voudrez" (2002).

Il se montre convaincant dans le registre dramatique, en campant l'inquiétant "Monsieur Hire" (1989), d'après Simenon, ou un médecin homosexuel au début du sida dans "Les Témoins" (2007) d'André Téchiné. Ou encore à la télévision dans "L'Affaire Dominici" (2003).

Un César, enfin

Après le rendez-vous raté du troisième opus des "Bronzés" en 2006, Michel Blanc, nommé quatre fois au César du meilleur acteur, remporte en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle inattendu de directeur de cabinet dans le thriller politique "L'Exercice de l'Etat".

L'acteur, qui mène aussi une belle carrière au théâtre, est toujours resté très discret sur sa vie privée : "Notre travail, c'est notre personne même. Si on expose son intimité, on devient un people, on n'est plus un comédien", confiait-il à Télérama en 2007. "Savoir que votre garagiste est homo ou hétéro ne change rien sur votre appréciation de son travail", ajoutait-il. "Pour les acteurs au contraire, cette connaissance est un facteur de brouillage".