Fil d'Ariane
« Toute l’œuvre de Michel Houellebecq raconte au fond le combat d’un homme avec Dieu. Dans ‘Anéantir’, le combat continue. » Un passionnant dossier à retrouver dans @Le_Figaro pic.twitter.com/DSmobovYuy
— Claire Conruyt (@ClaireConruyt) December 29, 2021
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Michel Houellebecq sait monopoliser l’attention pour la rentrée littéraire.
Anéantir, le huitième roman de l’écrivain français publié le 7 janvier, confirme que la parution de chacune de ses œuvres génère un événement médiatique autant que littéraire. Il divise en effet les critiques depuis plus de vingt ans : certains lisent du talent pur dans le succès d’un des romanciers contemporains les plus lus et les plus controversés, d’autres une communication bien orchestrée, ou bien une œuvre qui flatte le camp réactionnaire français.
Ceux qui l’apprécient saluent son regard cynique sur la modernité, son héritage dans la veine réaliste de Balzac à Zola, son « humour pince-sans-rire », ses provocations. Voire même ses prophéties, depuis le jour où la parution de Soumission a coïncidé avec l’attentat contre Charlie Hebdo.
Un exemple récent : en mai 2019, il participe à un débat sur l'Europe organisé par le magazine d’extrême-droite Valeurs Actuelles au Cirque d’Hiver à Paris, entre le candidat Éric Zemmour et le ministre Bruno Le Maire. Considère Donald Trump comme « l’un des meilleurs » présidents américains, les féministes comme « d’aimables connes » et l’islam comme « la religion la plus con ». Cette dernière sortie lui avait d’ailleurs valu un procès – gagné – pour injure raciale et incitation à la haine religieuse, en 2002.
« C’est fini, cette époque ». Pour Ariane Chemin, Michel Houellebecq veut à présent « sortir de cette image provocante et marginale ». La journaliste du Monde qui avait mené une longue enquête sur l’univers de l’écrivain en 2015 trouve son dernier roman assagi, « doux » voire « optimiste ». Selon les premiers échos qu’il en a eu, Reynald Lahanque imagine aussi une œuvre « plus apaisée », où Houellebecq approfondit ses romans précédents.
En commençant son enquête en 2015, Ariane Chemin s’était ainsi heurtée à un « secret-défense » entourant le romancier, qui avait averti son entourage de ne pas accepter de lui répondre. Selon elle, Michel Houellebecq méprise une bonne partie des journalistes, « pas au niveau » d’après lui, et joue avec les médias.
Son attitude, comme celle de son réseau éditorial, participe à attirer l’attention de la presse et de l’opinion publique. En plus de ses déclarations instigatrices de polémiques qui relancent souvent les ventes. Il en devient même un « as du marketing ». Et le côté inaccessible du personnage, entre provocation et conservatisme assumé, fera probablement une partie du succès d’Anéantir, comme de ses œuvres précédentes.
28 février 1956, naissance à La Réunion
1994, premier roman, Extension du domaine de la lutte
2010, prix Goncourt pour La carte et le territoire