Le musée d'archéologie de Pointe-à-Callière de Montréal vient d'inaugurer un nouveau pavillon qui présente les vestiges de ce berceau. A la fin des années 1990, L'Institution s’est portée acquéreure d’un entrepôt dans le Vieux-Montréal.
C’est en fouillant dans son sous-sol, qui était intact, que les archéologues ont ouvert le coffre aux trésors. Comme aucune représentation de ce fameux fort n’avait jamais vraiment été retrouvée, il était difficile pour les historiens et autres spécialistes de savoir où pouvaient se trouver précisément ces vestiges dans le vieux-Montréal.
C’est donc un peu par hasard qu’ils ont fait cette découverte et fouillé le site pendant des années avant de pouvoir restituer ces vestiges recouverts d’un plafond de verre pour que les visiteurs puissent les admirer sans les abîmer. Ce nouveau pavillon du musée présente également des centaines d’artefacts mis au jour durant ces fouilles.
L’archéologue en chef du Musée Pointe-à-Callière, Louise Pothier, qui a travaillé sur ce projet du début jusqu’à la fin, ne cache pas son enthousiasme : « C’est une découverte exceptionnelle parce que pour la première fois, les archéologues ont découvert et ont compris où avait été fondé Montréal, où s’étaient installés les premiers Français qui sont arrivés ici en 1642, depuis des années que la question se posait. On se doutait que le fort était à proximité mais pour la première fois, on est arrivé à rassembler tous les indices qui nous permettent aujourd’hui de comprendre le site et d’affirmer que oui, on a enfin découvert le lieu de fondation de Montréal ».
Fait exceptionnel, Montréal est maintenant la seule ville en Amérique du nord à connaître son lieu de fondation.
Les travaux de fouilles acharnés des archéologues et de reconstitution des historiens ont permis de faire le portrait du fort de Ville-Marie : il était fait de palissades en bois, de forme rectangulaire et avait une superficie d’environ 2 500 mètres carrés, avec quatre bastions.
Il était d’une importance stratégique pour les colons qui subissaient des attaques régulières de la part des Iroquois, qui voyaient d’un très mauvais œil la présence de ces Français sur leurs territoires, ce d’autant plus qu’ils étaient alliés des Hurons et des Algonquins, leurs ennemis.
Malgré ces attaques, la vie dans la colonie était quand même meilleure pour ces colons - ouvriers, charpentiers, menuisiers pour la plupart - que celle qu’ils avaient en France. Le pays était alors ravagé par la famine et la guerre de 100 ans.
Ils vont vivre un mélange de peur et de sentiments de liberté extraordinaire.
Jean-François Leclerc, directeur du Centre d’histoire de Montréal.
« Ils arrivent ici et ils ont accès au gibier, ils ont un fusil, ils peuvent chasser librement, ils sont libres… En même temps, ils vont vivre un mélange de peur et de sentiments de liberté extraordinaire », précise Jean-François Leclerc, directeur du Centre d’histoire de Montréal.
Le fort de Ville-Marie a donc été d’une importance stratégique pour l’installation de la colonie. Il va toutefois perdre de cet intérêt au fur et à mesure que cette colonie se développe à l’extérieur de ses murs.
Mais ces vestiges viennent de retrouver une seconde vie, sous le regard des Montréalais et des touristes, qui iront visiter le nouveau pavillon du musée Pointe-à-Callière dont l'accès estgratuit au cours du mois prochain.
« C’est un trésor commun maintenant, ça appartient à toute la population », souligne Louise Pothier. Une belle occasion pour les Montréalais et les Montréalaises de contempler leur passé, leur histoire, leurs racines… pour mieux se tourner vers l’avenir !