S'il fallait retenir une scène, ce serait peut-être celle ci : Sophia Loren et Marcello Mastroianni se déplacent, se cachent, se cherchent entre des draps qui sèchent au soleil, sur la terrasse d'un palazzo romain où ils se retrouvent seuls.
"L'une des plus belles scènes du cinéma italien, qui influence encore de jeunes réalisateurs", selon le critique cinématographique Francesco Castelnuovo, interrogé sur la chaîne SkyTG24. Cette scène est tirée du film "Une journée particulière" (1977), une histoire d'amour sur fond politique qui nous plongeait dans une Italie où triomphait alors le fascisme, deux êtres découvrent leur amour naissant mais impossible.
Avant de passer derrière la caméra, Ettore Scola écrit tout d'abord des scénarios. Né le 10 mai 1931 à Trevico en Campanie (sud-ouest), c'est à l'âge de 33 ans qu'il réalise son premier film. "Si vous permettez, parlons de femmes". A l'affiche, que du beau monde, un casting de rêve même pourrait-on dire, avec les plus grands acteurs de l'époque, Gassman, Mastroianni et Manfredi.
L'amour, la fascination de l'homme pour la femme resteront une constante dans sa filmographie. Au paroxysme de ce parcours, un joyaux arrive sur les écrans en 1974, "Nous nous sommes tant aimés", qui met en scène Manfredi, Gassman et Stefano Satta Flores, tous amoureux de la sublime Stefania Sandrelli.
Mais Ettore Scola n'est pas que le cinéaste de l'amour à l'italienne, il racontait aussi l'Italie politique. Il était d'ailleurs aussi engagé sur ce terrain, en rejoignant le Parti communiste italien (PCI). Il deviendra même ministre de la Culture d'un cabinet fantôme formé en 1989 par les dirigeants communistes italiens.
Dans un documentaire en 2013, qui fut sa dernière réalisation, il rendait hommage à un autre grand maître du cinéma italien, Federico Fellini: "Comme c'est étrange de s'appeler Federico".
Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a aussitôt fait part de sa tristesse après la mort de ce "maître dans l'art d'observer avec acuité l'Italie, sa société et ses changements". Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a salué sur Twitter un "grand maître, un homme extraordinaire, resté jeune jusqu'au dernier jour de sa vie".
Ci ha lasciato Ettore Scola. Un grande maestro, un uomo straordinario, giovane sino all'ultimo giorno della sua vita.
— Dario Franceschini (@dariofrance) 19 Janvier 2016
La ministre française de la Culture Fleur Pellerin a rendu hommage au réalisateur italien. "Ettore Scola aura également été l'un des plus français des cinéastes italiens", souligne-t-elle.
"Grand connaisseur de l'histoire de France, qui lui inspira 'La Nuit de Varennes' et 'Le Bal', il fut également marqué par ses auteurs, et réalisa 'Le voyage du capitaine Fracasse' issu de l'oeuvre de Théophile Gauthier", rappelle-t-elle.
De son côté, Gilles Jacob, l'ancien président du Festival de Cannes, a réagi sur twitter rappelant "la classe/l'élégance morale et vestimentaire/l'intelligence/le charme, l'accent délicieux/l'oeil de velours/l'humour railleur" d'Ettore Scola.
"Nous nous sommes tant aimés. Il est venu si souvent à Cannes. Je suis infiniment triste et orphelin comme l'Italie", a tweeté également Gilles Jacob.
C tout un pan du grand cinéma italien de toujours qui disparaît avec Scola. Critique sur la Société, amoureux de ses anti héros et souriant.
— gilles jacob (@jajacobbi) 19 Janvier 2016