Musique : mort de la chanteuse irlandaise Sinead O’Connor à l’âge de 56 ans

La chanteuse irlandaise Sinead O'Connor est morte à l'âge de 56 ans, ont rapporté mercredi 26 juillet les médias irlandais. Elle a connu un succès retentissant dans les années 1990 et menait un combat acharné contre les abus sexuels dans l'Église.

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sinead o'connor 2014

Photo d'archive. La chanteuse irlandaise Sinead O'Connor sur scène en 2014. Elle participait au programme "Che Tempo che Fa" diffusé par la télévision italienne RAI TV. 

AP/Antonio Calanni
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"C'est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de notre Sinead bien aimée", a indiqué la famille dans une communiqué publié par la chaîne publique RTE mercredi 26 juillet. "Sa famille et ses amis sont dévastés."

Née le 8 décembre 1966 à Dublin, Sinead O'Connor connaît une enfance difficile, victime selon elle d'abus "sexuels, physiques, psychologiques, spirituels, émotionnels et verbaux".  Kleptomane, elle est arrêtée plusieurs fois avant d'être envoyée dans un établissement correctionnel géré par l'Eglise, où une nonne l'encourage dans sa passion de la musique en lui achetant une guitare. Elle a aussi été connue pour avoir provoqué de nombreuses polémiques.

Sucès fulgurant

O'Connor fait ses débuts dans les rues et les pubs de Dublin, où la nécessité d'être entendue par dessus le vacarme ambiant l'aide à développer sa voix puissante. À 20 ans, elle déménage à Londres et enregistre son premier album alors qu'elle était enceinte de son premier enfant. À son grand dam, sa maison de disque lui demande alors de féminiser son allure. 

C'était soit la prison, soit la musique. 

Sinead O'Connor en 2013

"Ils m'ont invitée à déjeuner et m'ont dit qu'ils aimeraient me voir porter des jupes courtes et des bottes et que je me laisse pousser les cheveux", avait-elle raconté au quotidien The Daily Telegraph en 2014. Peu après, la chanteuse demande à un jeune coiffeur grec de lui raser la tête. "Il ne voulait pas le faire, il était presque en train de pleurer. Moi j'étais enchantée".

"Chanceuse"

Acharnée, elle finit par accéder à la célébrité mondiale en 1990 avec le titre "Nothing Compares 2 U", écrit par le légendaire Prince. Ses deux premiers albums, "The Lion and the Cobra" et "I Do Not Want What I Haven't Got", ont été de grands succès commerciaux.Reconnaissable à son crâne rasé, elle avait reconnu en 2013 que "la musique m'a sauvée". "C'était soit la prison, soit la musique. J'ai été chanceuse".

 

Elle avait ensuite peu à peu disparu du devant de la scène, s'essayant toutefois au reggae en 2005 sur son album "Throw Down Your Arms" après s'être installée un temps en Jamaïque et avoir exploré les croyances rastafari. Elle avait annoncé en 2018 s'être convertie à l'islam.

“Talent inégalé”

"Je suis vraiment désolé d'apprendre le décès de Sinead O'Connor", a réagi sur Twitter, désormais renommé "X", le Premier ministre irlandais Leo Vardkar. "Sa musique était appréciée dans le monde entier et son talent était inégalé et incomparable.

O'Connor était "l'une de nos plus grandes icônes musicales, et quelqu'un de profondément aimé par le peuple d'Irlande, et au-delà", a également réagi le vice-Premier ministre et ancien chef du gouvernement Micheal Martin. Le chanteur du groupe britannique The Charlatans, Tim Burgess, a également rendu hommage à la chanteuse qui "incarnait l'esprit punk". "Elle n'a pas fait de compromis, ce qui a rendu sa vie plus difficile."

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Dénoncer les maltraitances

L'artiste avait dit avoir été maltraitée par sa mère durant son enfance et avait vivement critiqué l'Eglise catholique, qu'elle accusait de ne pas avoir protégé les enfants victimes d'abus sexuels.

En 1992, elle avait déchiré à la télévision américaine une image du pape Jean Paul II. A l'époque, les milliers de cas d'enfants et d'adolescents victimes de sévices sexuels commis par des prêtres en Irlande entre les années 1960 et 1990 n'avaient pas encore été révélés au grand jour. Elle fit de nouveau scandale en 1999 quand une église irlandaise dissidente l'ordonna "prêtresse".

Ces dernières années, elle déversait ses états d'âme sur les réseaux sociaux, menaçant ses anciens associés de poursuites judiciaires, s'épanchant sur ses problèmes de santé physiques et mentaux, partageant ses pensées suicidaires et se livrant sur ses relations compliquées avec sa famille et ses enfants.