"Nota Bene", "Léo 1944" : Comment YouTube et les réseaux sociaux cherchent à conter l'Histoire

L'incendie de Notre-Dame de Paris a été vécu comme un drame par la plupart des Français, démontrant un fort attachement à l'Histoire de France. C'est ainsi que sur les réseaux sociaux, mais aussi sur YouTube, les amateurs de cette discipline  trouvent largement leur compte. Certaines vidéos atteignent des dizaines de millions de vues.
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Capture d'écran de la vidéo "La Guerre des Gaules - Vercingétorix & Jules César"
Vercingétorix sous sa véritable appellation / Capture d'écran de la vidéo "La Guerre des Gaules - Vercingétorix & Jules César"
© Confessions d'Histoire
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85% des Français se déclarent intéressés par l'Histoire, selon un sondage pour l'observatoire BVA-Presse Régionale de mars 2016. Un chiffre qui explique peut-être pourquoi les chaînes YouTube autour de ce sujet récoltent un grand nombre d'abonnés.
 

YouTube : l'Histoire en vidéo

Voilà cinq ans que les chaînes YouTube parlant d'Histoire sont nées. Parmi elles, on peut citer Parlons Y-stoire, Histoire Brève ou encore Nota Bene. Cette dernière comptabilise aujourd'hui près de 200 vidéos pour 66 millions de vues. Benjamin Brillaud, créateur de la chaîne aux 900 000 abonnés, revient dans ses vidéos sur les grands noms et évènements du passé, comme les deux guerres mondiales, le Moyen Âge ou l'Egypte Antique. Une culture qui pourrait laisser penser qu'il est expert du sujet, mais pas totalement. Il choisit ses sujets en fonction de ses intérêts, de ses lectures personnelles, de ses rencontres ou de propositions faites par ses abonnés. 

Après avoir travaillé dans l'audiovisuel comme cadreur et monteur, ce passionné d'Histoire crée sa chaîne en août 2014. Benjamin sort également de son cadre pour parler de sujet préféré. Dernièrement, il a sorti une bande-dessinée consacrée aux personnalités historiques. Une histoire ludique permettant d'attirer un public peut-être plus jeune que celui présent sur sa chaîne.
 
La chaîne Confessions d'Histoire présente, elle, l'Histoire sous un angle différent de Nota Bene. L'objectif est de donner la parole "aux grands personnages historiques pour qu'ils nous donnent leur point de vue sur les évènements marquants de l'Histoire". Comme un instant confessionnal où chaque personnage raconte sa version des faits. Une vidéo portant sur Vercingétorix et Jules César cherche à déconstruire les idées reçues autour de ces deux personnages. Par exemple, le comédien jouant le rôle de Vercingétorix nous apprend que celui-ci n'est pas gaulois, comme tout le monde le pensait, mais un arverne (un peuple celte du Massif-Central). On apprend également que le mot "gaulois" est d'ailleurs un terme donné par les romains.
 

Les réseaux sociaux : histoires courtes et public jeune

L'Histoire se conte également sur les réseaux sociaux. Des comptes Twitter, Facebook ou même Instagram, souhaitent faire découvrir l'Histoire, sur un thème précis (comme le Moyen Âge) ou via un personnage. C'est le cas des comptes Facebook et Twitter Léo 1944. Crées et gérés par le conseil départemental de la Manche, ils rapportent le quotidien d'un adolescent de 14 ans, en 1944, sous la Manche occupée. Pendant un an, Léo publie chaque jour un résumé de la journée, pour faire revivre cette année. Comme une sorte de journal intime, où ses joies et peines sont contées.
 


"L'objectif c'est qu'un adolescent puisse raconter à la première personne ce qu'il voit, entend, lit ou ce qu'on lui rapporte et ceci en temps réel", nous explique l'une des personnes s'occupant du compte, avant d'ajouter : "quelque chose qui s'est passé un 13 avril 1944 sera publié un 13 avril 2019". Publier cette histoire sur les réseaux sociaux permet de toucher un public qui n'ouvrira pas forcément les livres d'Histoire. "C'est un peu comme ça que l'on aurait aimé apprendre l'Histoire étant jeune", précise cette personne, qui souhaite rester anonyme. Un moyen innovant, donc, permettant de toucher un public jeune, "davantage présent sur les réseaux sociaux". Léo est un personnage fictif mais qui vit des évènements s'étant déroulés dans la Manche. Tout ce travail n'aurait pas vu le jour sans les archives départementales, regroupant témoignages de personnes ayant vécu sous la Manche occupée, mais aussi des documents de l'époque (photos, lettres, affiches, etc). A la fin de chaque publication, un lien renvoie vers ces archives.

Famille Léo
Léo (au centre) et sa famille
L'Histoire, et plus particulièrement l'histoire de l'art, est aussi un thème traité sur l'application de partage de photos Instagram. Camille Jouneaux, travailleuse indépendante dans le secteur culturel gère le compte La Minute Culture. Lancé en février dernier, elle précise que ce compte Instagram "est un moyen d'allier ce [qu'elle sait] faire professionnellement avec ce [qu'elle] aime faire". Elle ajoute : "Il faut savoir que La Minute Culture est un format qui me prend énormément de temps. Il me faut bien deux jours pour faire une "story" (NDLR : publication éphémère) qui tient la route". Par ces publications un peu décalées qui utilisent l'humour, Camille Jouneaux souhaite toucher le plus de monde possible. "J'ai crée un contenu que j'ai envie de voir", précise-t-elle.  Au total, 19 000 personnes suivent chaque semaine ses publications éphémères.
 
Capture d'écran du compte Instagram La Minute Culture
Capture d'écran du compte Instagram La Minute Culture
Enfin, le compte Actuel Moyen Âge, présent sur Twitter et Instagram cherche à présenter l'actualité à travers le Moyen-Âge. Après l'incendie de Notre-Dame, le compte avait publié un tweet visant à expliquer l'histoire de ce lieu emblématique de Paris et de la France. En tout, 12 000 abonnés suivent l'actualité de ce compte, preuve encore une fois que l'Histoire est un thème qui plaît au grand public.
 
A deux mois de l'épreuve du baccalauréat d'histoire, qui aura lieu le 18 juin, les futurs bacheliers peuvent dès aujourd'hui s'appuyer sur ces plateformes pour préparer leur épreuve.