« Avoir une valeur universelle exceptionnelle », c’est le premier critère pour qu’un site entre dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais pas seulement. Il doit aussi remplir au moins un des critères de sélection de cette agence de l’ONU comme « représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain », « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie », « représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles »,…
Le Comité du patrimoine mondial, réuni jusqu’au 12 juillet à Cracovie en Pologne, examine les candidatures de 27 sites culturels, 7 sites naturels et un mixte retenues cette année.
Les sites choisis pour ce cru 2017 vont rejoindre les plus de 1073 « biens » déjà classés dans la liste du patrimoine mondial ou considérés en péril. (Voir la carte ci-dessous).
Cette année deux propositions françaises ont ainsi rejoint les rangs de ces sites protégés :
Heureuse et fière de nos outre-mer, territoires et patrimoines d'excellence ! #Taputapuatea @UNESCO_fr pic.twitter.com/k3tdx9hULm
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) July 9, 2017
Au nord-ouest du Royaume-Uni, c’est un site naturel qui fait son entrée dans la liste du patrimoine mondial : le District des Lacs anglais. L’UNESCO justifie ainsi son choix : « Des villas prestigieuses, des jardins et des parcs ont été créés à dessein pour accroître la beauté du lieu. Ce paysage fut très apprécié dès le XVIIIe siècle par les mouvements pittoresques puis romantique, qui le célébrèrent dans des peintures, des dessins et des textes. »
Vient d'être inscrit au #PatrimoineMondial de l'@UNESCO_fr : Le district des Lacs anglais (#RoyaumeUni) https://t.co/ONAWBq50QS #41whc pic.twitter.com/RVeTEsNM12
— UNESCO en français (@UNESCO_fr) July 9, 2017
Au Cambodge, c’est le site archéologique de Sambor Prei Kuk, « le temple dans la forêt luxuriante » qui a été choisi. C'était l’ancienne capitale de l'empire Chenla entre le VIe siècle et le début du VIIe siècle. « L'art et l'architecture développés sur ce site devinrent un modèle qui s'est diffusé dans d'autres parties de la région et a posé les fondations du style khmer unique de la période angkorienne », a justifié le Comité.
Nouveau site inscrit au #PatrimoineMondial : La zone des temples de Sambor Prei Kuk, site archéologique de l'ancienne Ishanapura #Cambodge pic.twitter.com/proEeNAIPR
— UNESCO en français (@UNESCO_fr) July 8, 2017
D’autres sites ont été choisis en Turquie ( le site archéologique d’Aphrodisias et les carrières de marbre situées au nord-est de la ville) et au Brésil (site archéologique du quai de Valongo, une ancienne zone portuaire utilisée pour débarquer les esclaves).
En Afrique, trois sites sont désormais classés en Érythrée (la capitale Asmara), en Afrique du Sud (paysage culturel des ǂKhomani) ; et en Angola : les vestiges de la capitale de l’ancien Royaume du Kongo Mbanza Kongo. « Située sur un plateau haut de 570 m, c'était la capitale politique et spirituelle du Royaume du Kongo, un des plus grands États constitués d’Afrique australe, actif du XIVe au XIXe siècle », explique l’UNESCO.
Le centre historique de Mbanza Kongo (#Angola) vient d'être inscrit au #PatrimoineMondial de l'@UNESCO_fr https://t.co/ONAWBq50QS #41whc pic.twitter.com/NP5g4hvtIX
— UNESCO en français (@UNESCO_fr) July 8, 2017
Toujours en Afrique, le Comité du patrimoine mondial a voulu saluer « les efforts déployés par la Côte d’Ivoire contre le braconnage d’animaux sauvages » qui ont permis d'améliorer la préservation de la faune du Parc national de la Comoé. C'est l’une des plus vastes zones protégées du continent qui ne fait désormais plus partie de la liste du patrimoine mondial en péril. Le site y avait été inscrit en 2003.
Tous les choix fait par le Comité n’ont pas été aussi bien accueillis par les pays concernés ou leurs autorités.
L'un des dossiers qui a divisé les délibérations de l'UNESCO c'est la barrière de corail. Le Comité a décidé de ne pas l'inscrire sur la liste du patrimoine en péril même s'il reconnaît avec « une profonde inquiétude le blanchiment et la mortalité du corail qui ont affecté le bien en 2016 et en 2017.» La grande barrière de corail ne serait donc pas encore suffisamment en danger.
Autre sujet de débat. Vendredi 2 juillet, l'UNESCO a décidé de classer la vieille ville d'Hébron, au sud de la Cisjordanie, à la fois sur la liste du patrimoine mondial et du patrimoine mondial en péril. Un choix diversement accueilli.
La ville d'Hébron est un lieu de tensions qui abrite 200 000 Palestiniens et quelques centaines de colons israéliens qui vivent dans une enclave protégée par des soldats israéliens. Le vote de l'UNESCO a suscité des différends diplomatiques.
« Malgré une campagne israélienne frénétique qui a consisté à répandre des mensonges et à distordre les faits concernant les droits des Palestiniens, le monde a reconnu notre droit d'inscrire Hébron et la mosquée d'Ibrahim sous souveraineté palestinienne », s'est félicité le ministère palestinien des Affaires étrangères.
Du côté israélien, le ton n'était pas le même : « une autre décision délirante de l'UNESCO », a réagi le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui n'accepte pas que la ville soit considérée comme « non juive ». Il a décidé de réduire - pour la quatrième fois cette année- la contribution israélienne aux Nations unies.
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