Patrimoine mondial de l'UNESCO : quels sont les nouveaux sites classés ?

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Une sculpture dans le centre-ville de la capitale érythréenne Asmara, prise en photo en 2011. La ville vient d'entrer dans la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO parmi d'autres sites.
©AP Photo/Andrew England
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Le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO se réunit jusqu’au 12 juillet pour décider du sort de sites naturels et culturels. Entreront-ils dans la liste de ce patrimoine protégé par les Nations unies ? En France, en Polynésie, en Angola certains sites ont déjà été sélectionnés. D'autres choix du Comité ont fait débat. Florilège. 

« Avoir une valeur universelle exceptionnelle », c’est le premier critère pour qu’un site entre dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais pas seulement. Il doit aussi remplir au moins un des critères de sélection de cette agence de l’ONU comme « représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain », « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie », « représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles »,… 

Le Comité du patrimoine mondial, réuni jusqu’au 12 juillet à Cracovie en Pologne, examine les candidatures de 27 sites culturels, 7 sites naturels et un mixte retenues cette année. 

Les sites choisis pour ce cru 2017 vont rejoindre les plus de 1073 « biens » déjà classés dans la liste du patrimoine mondial ou considérés en péril. (Voir la carte ci-dessous).

carte liste patrimoine mondial UNESCO
Carte des biens retenus sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. 
©UNESCO


Cette année deux propositions françaises ont ainsi rejoint les rangs de ces sites protégés :

  •  Le temple à ciel ouvert Tapu-tapu-atea dont le nom signifie « sacrifices venus de loin » se trouve sur une île de Polynésie française. Il constitue un « ensemble cérémoniel majeur », selon l’UNESCO. Ce choix a été accueilli avec enthousiasme par la ministre française des Outre-mer, Annick Girardin : 
 
  • L’autre nouveau site protégé en France se trouve à Strasbourg. Il s’agit du quartier allemand de la vieille ville appelé Neustadt, la « ville nouvelle ». Construit sous le règne de l’empereur Guillaume II et méconnu du grand public, ce quartier est l’un des rares groupes d’édifices allemands de styles néo-gothiques, néo-renaissance et art déco qui n’ait pas été détruit par les Alliés pendant la guerre. Neustadt est situé au nord de la Grande Île de Strasbourg en partie déjà classée à l’UNESCO. 

Au nord-ouest du Royaume-Uni, c’est un site naturel qui fait son entrée dans la liste du patrimoine mondial : le District des Lacs anglais. L’UNESCO justifie ainsi son choix : « Des villas prestigieuses, des jardins et des parcs ont été créés à dessein pour accroître la beauté du lieu. Ce paysage fut très apprécié dès le XVIIIe siècle par les mouvements pittoresques puis romantique, qui le célébrèrent dans des peintures, des dessins et des textes. »


Au Cambodge, c’est le site archéologique de Sambor Prei Kuk, « le temple dans la forêt luxuriante » qui a été choisi. C'était l’ancienne capitale de l'empire Chenla entre le VIe siècle et le début du VIIe siècle. « L'art et l'architecture développés sur ce site devinrent un modèle qui s'est diffusé dans d'autres parties de la région et a posé les fondations du style khmer unique de la période angkorienne », a justifié le Comité. 


D’autres sites ont été choisis en Turquie ( le site archéologique d’Aphrodisias et les carrières de marbre situées au nord-est de la ville) et au Brésil (site archéologique du quai de Valongo, une ancienne zone portuaire utilisée pour débarquer les esclaves).

Des sites sélectionnés en Érythrée, Afrique du Sud et Angola

 

En Afrique, trois sites sont désormais classés en Érythrée (la capitale Asmara), en Afrique du Sud (paysage culturel des ǂKhomani) ; et en Angola : les vestiges de la capitale de l’ancien Royaume du Kongo Mbanza Kongo. « Située sur un plateau haut de 570 m, c'était la capitale politique et spirituelle du Royaume du Kongo, un des plus grands États constitués d’Afrique australe, actif du XIVe au XIXe siècle », explique l’UNESCO. 


Toujours en Afrique, le Comité du patrimoine mondial a voulu saluer « les efforts déployés par la Côte d’Ivoire contre le braconnage d’animaux sauvages » qui ont permis d'améliorer la préservation de la faune du Parc national de la Comoé. C'est l’une des plus vastes zones protégées du continent qui ne fait désormais plus partie de la liste du patrimoine mondial en péril. Le site y avait été inscrit en 2003. 

Tous les choix fait par le Comité n’ont pas été aussi bien accueillis par les pays concernés ou leurs autorités. 

Des choix qui font débat

L'un des dossiers qui a divisé les délibérations de l'UNESCO c'est la barrière de corail. Le Comité a décidé de ne pas l'inscrire sur la liste du patrimoine en péril même s'il reconnaît avec « une profonde inquiétude le blanchiment et la mortalité du corail qui ont affecté le bien en 2016 et en 2017.» La grande barrière de corail ne serait donc pas encore suffisamment en danger. 

Autre sujet de débat. Vendredi 2 juillet, l'UNESCO a décidé de classer la vieille ville d'Hébron, au sud de la Cisjordanie, à la fois sur la liste du patrimoine mondial et du patrimoine mondial en péril. Un choix diversement accueilli. 

La ville d'Hébron est un lieu de tensions qui abrite 200 000 Palestiniens et quelques centaines de colons israéliens qui vivent dans une enclave protégée par des soldats israéliens. Le vote de l'UNESCO a suscité des différends diplomatiques. 

« Malgré une campagne israélienne frénétique qui a consisté à répandre des mensonges et à distordre les faits concernant les droits des Palestiniens, le monde a reconnu notre droit d'inscrire Hébron et la mosquée d'Ibrahim sous souveraineté palestinienne », s'est félicité le ministère palestinien des Affaires étrangères. 

Hébron UNESCO
Le 14 janvier 2013, des policiers israéliens montent la garde devant la tombe des Patriarques ou Mosquée d'Ibrahim à Hébron.
©AP Photo/Bernat Armangue


Du côté israélien, le ton n'était pas le même : « une autre décision délirante de l'UNESCO », a réagi le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui n'accepte pas que la ville soit considérée comme « non juive ». Il a décidé de réduire - pour la quatrième fois cette année- la contribution israélienne aux Nations unies. 

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