C'est en 2004 dans la cosmopolite New York, entre les écrasants building et les salons de coiffures afro-américaines, que Mescha Gaba commence à tricoter en cheveux artificiels ses souvenirs urbains.
Alors en résidence au MoMa P.S1 (musée d'art contemporain dans le Queens à New-York), il s'inspire de la « Big Apple » (« Grosse Pomme » en français) pour élaborer ses « architectures tressées ». « Je me sentais minuscule à côté de ces énormes gratte-ciel . J'ai imaginé porter ces bâtiments sur ma tête (...). J'ai toujours regardé ces perruques comme une maison qui prolonge la tête », explique l'artiste originaire de Cotonou au Bénin.
Après s'être coiffé des immeubles new yorkais les plus écrasants, il développe son projet autour d'autres éléments urbains, comme des perruques en forme de voitures (voir la galerie photos ci-dessous).
Pour l'exposition parisienne au Palais de la porte Dorée, sous l'immense fresque de propagande coloniale et impériale peinte par Ducos de la Haille, quatorze créations sont exposées. Celles de la collection « Perruques Architectures » qui s'inspirent de monuments européens comme Notre-Dame-de-Paris et la Géode dans le parc de la Villette à Paris ou le Amsterdam Ing Building.
Quant à la série « MAVA », pour Musée d'Art de la Vie Active au Bénin, les oeuvres rendent hommage aux grands personnages de l'histoire : de Pythagore à Kwame Nkrumah (homme politique ghanéen à l'initiative du barrage d'Akosombo), en passant par Garret Morgan à l'origine des feux de signalisation et Jerome B. Rhodes, l'inventeur des toilettes.
Plus qu'un objet de musée, ces perruques s’inscrivent dans de mobiles performances artistiques. Directement portées par des personnes vêtues de blanc, celles-ci déambulent dans les villes sous forme de processions solennelles. Des quartiers de Cotonou en 2010 aux allées parisiennes à l'occasion de la Fiac en 2013, elles sont, pour l'artiste, une façon de dire « regardez les choses en face, nos vies sont faites d'objets venant de partout ».