Pierre Henry : le maître de la musique électroacoustique est mort

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Pierre Henry, le père de la musique électroacoustique est mort, jeudi 6 juillet 2017, à l'âge de 89 ans. 
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Pierre Henry, l'un des pères de la "musique concrète" est décédé à l'âge de 89 ans. On doit au compositeur français la fameuse "Messe pour le temps présent", dont le morceau Psyché rock a été de nombreuses fois repris pour des musiques publicitaires, ainsi que remixé par les plus grands DJ.
« Il est décédé cette nuit. Il allait fêter ses 90 ans le 9 décembre », a annoncé Isabelle Warnier, son assistante et proche de la famille.

Pierre Henry avait composé la fameuse « Messe pour le temps présent » en 1967, dont l'extrait Psyche rock vous dit forcément quelque chose.

Co-écrit avec Michel Colombier, extrait de l'album, ce jerk électronique a connu un réel succès commercial, jusqu'à être repris par la publicité et l'industrie du cinéma. Il a même été remixé par les musiciens électro Fatboy Slim, Saint Germain et Dimitri from Paris.
 

Malade, Pierre Henry n’avait pu se rendre à Strasbourg en septembre 2016, pour la création de ses Chroniques terriennes, lors du week-end d’ouverture du festival Musica et avait laissé sa place à Thierry Balasse aux commandes de la console, nous précise Le Monde.fr.
 
J'aime le mot concret ! Pierre Henry

«J'aime le mot "concret", avait-il confié à LibérationLe terme de musique concrète signifia l'invention d'une nouvelle technique basée sur le réel. On n'était plus dans l'abstrait de la partition. On avait un projet de son. Ce son que j'enregistre à partir de multiples objets, que j'isole ensuite, que je classe, répertorie, devient une identité que je peux transformer, en en faisant une phrase, une conversation. Je peux le décliner comme dans mes peintures».

Le grand-père de la techno


Parfois considéré comme le "grand-père de la techno", Pierre Henry préférait se définir, sans modestie, comme le "père de la musique moderne". Son nom reste attaché à la "musique concrète" (bruits ou sons enregistrés) fondée par Pierre Schaeffer (1910-1995), à laquelle se rattachent la plupart de ses oeuvres (plus d'une centaine), toutes numérisées et conservées par la Bibliothèque nationale de France, une première pour un compositeur.

Né le 9 décembre 1927 à Paris, il entre à 9 ans au Conservatoire, où il étudie jusqu'en 1947, notamment auprès d'Olivier Messiaen. Deux ans plus tard, il rencontra l'ingénieur Pierre Schaeffer. Ensemble, ils fondèrent en 1950, à la Radio-télévision française, le Groupe de recherche de musique concrète (GRMC). 

Il écrit avec lui la "Symphonie pour un homme seul" (1950), qui utilise la technique du "piano préparé": divers objets sont insérés entre les cordes et la caisse de l'instrument.

Sa musique se voulait "métaphysique et humaine". Peuplée de bruits divers, d'objets du quotidien et de stridulations méconnaissables, elle était une matière sonore propice à l'imagination, du "cinéma en chambre" ou de la "peinture", comme il la décrivait lui-même.

Il avait inspiré de nombreux chorégraphes, comme George Balanchine, Merce Cunningham ou Maguy Marin. Mais sa plus féconde collaboration se nouera avec le chorégraphe Maurice Béjart, pour qui il a composé une quinzaine d'oeuvres, dont "Messe pour le temps présent", ballet créé en 1967 au Festival d'Avignon.