Piotr Pavlenski dit vouloir choquer, entrer en action plus que réaliser des "performances" artistiques. C'est réussi. Ce Russe de 32 ans a déjà maintes fois fait parler de lui depuis son irruption dans le paysage artistique et politique russe en 2012.
Parmi ses faits d'armes, il est connu pour avoir arrosé d'essence et incendié les portes du siège de l'ex-KGB, pour s'être cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge. C'est également lui qui s'était cousu les lèvres pour soutenir les Pussy Riot.
"Le corps, c'est finalement la cible de la mécanique du pouvoir. C'est la cible première des techniques du pouvoir, explique-t-il sur le plateau de TV5MONDE. Ils veulent soumettre la personne, donc soumettre son corps. Mais le corps c'est aussi ce par quoi l'homme peut exprimer son refus d'obtempérer. (...) Lorsqu'on parle de l'art, il va servir la libération de l'individu, la libération de la personne. C'est seulement de cette façon que l'art se libère et cesse d'être de la propagande."
Piotr Pavlenski pratique un art radical, extrême, un peu comme les actionnistes viennois, ce mouvement né dans les années 1960. Ces artistes voulaient choquer.
Lui, a une démarche encore plus politique. Il se met en scène, utilise donc son corps. A chaque fois, il est arrêté et le plus souvent interné en hôpital psychiatrique.
"Cela fait des années que le pouvoir essaie de nous effacer du contexte politique russe, assure-t-il. Cette fois-ci, ils ont réussi... je suis - avec mes proches- la cible d'un complot."
Cette fois-ci, c'est différent. Il est accusé de violences sexuelles contre une actrice du théâtre moscovite treatr.doc, connu pour ses pièces très politiques, considérées comme d'opposition. L'épouse de Piotr Pavlenski est également visée par ces poursuites.
"Pavlenski n'a pas dit s'il y avait eu une rencontre sexuelle, soulignent nos confrères du Guardian. Dans une déclaration publiée par la chaîne ukrainienne Hromadske, il a insisté sur le fait «qu'il n'y avait pas eu de violence» contre la femme, qu'il accusait d'être une «informatrice»." Ses propos sèment la confusion et jettent l'opprobre sur une jeune femme, qu'il présente comme manipulatrice, ce que ses proches ne peuvent imaginer. L'affaire n'a pas encore été jugée.
Le couple et leurs deux enfants ont désormais quitté la Russie. Ils demandent aujourd'hui l'asile politique en France. "J'espère que la culture nous ouvrira les bras et nous acceptera", raconte-t-il à TV5MONDE.