Prix Goncourt 2019 : Jean-Paul Dubois récompensé pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon"

Comme le veut la tradition, le verdict a été annoncé peu avant 13 heures au restaurant Drouant à Paris. Quatre écrivains étaient en lice pour décrocher le prix Goncourt, et c'est le Français Jean-Paul Dubois qui a été récompensé pour Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon.
 
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Jean-Paul Dubois
L'écrivain français Jean-Paul Dubois reçoit le Prix Goncourt 2019. Ici il était pris en photo, le 3 novembre 2004 à Paris. (AP Photo/Francois Mori)
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Déjà couronné par le prix Femina (en 2004 pour "Une vie française"), le Toulousain Jean-Paul Dubois, 69 ans, écrivain discret et populaire, a construit depuis une trentaine d'années une oeuvre qui séduit par sa délicatesse et sa profonde humanité.

Jean-Paul Dubois était en lice pour Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, roman bouleversant et nostalgique sur le bonheur perdu.  Il remporte le prix Goncourt 2019 ce lundi 4 novembre.         

Le dernier carré du Goncourt était composé de Jean-Luc Coatalem, Amélie Nothomb et Olivier Rolin.
 
La Belge Amélie Nothomb, 53 ans, était en lice pour Soif (Albin Michel), un roman déjà best-seller (avec près de 150.000 exemplaires vendus) dans lequel elle se met dans la peau de Jésus avant la crucifixion. C'est la troisième fois (après 1999 et 2007) qu'elle se retrouvait dans la sélection du Goncourt.

Jean-Luc Coatalem, 60 ans, avait été retenu pour La part du fils (Stock), un récit dans lequel l'écrivain-voyageur mène une enquête sur la disparition de son grand-père mort dans un camp de concentration. Jean-Luc Coatalem est également en course pour le Renaudot.

Enfin le doyen, Olivier Rolin, 72 ans, avait été sélectionné pour Extérieur monde (Gallimard), objet inclassable, sorte d'anti-mémoires ou livre retraçant les innombrables voyages de l'auteur.   

Un prix qui avait fait scandale

René Maran obtient le prix Goncourt en 1921. Mais cette récompense fait scandale, non seulement l'écrivain est noir, mais son roman "Batouala" fustige le colonialisme. La presse se déchaîne et l'auteur va le payer très cher...

Un auteur qui mêle le burlesque à la mélancolie

Le premier roman de Jean-Paul Dubois en 1984 passe inaperçu. Gaucher contrarié, ce qui l'a rendu bègue jusqu'à l'âge de 15 ans, il écrit ensuite "Éloge d'un gaucher dans un monde manchot" (1986). L'essai est remarqué par l'animateur de télévision Bernard Pivot, qui l'invite sur le plateau de son émission "Apostrophes". Premier succès. Dès lors, il écrit presque un livre par an.

Chef de file d'une littérature qui mêle le burlesque à la mélancolie, l'écrivain de 69 ans est l'auteur à succès de "Succession" (2016) ou encore du savoureux "Kennedy et moi", adapté au cinéma avec Jean-Pierre Bacri et primé par le prix France Télévisions en 1996.  

Très influencé par la littérature américaine, notamment Philip Roth et John Updike, cet ancien journaliste du magazine Le Nouvel Observateur est aussi l'auteur de "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" (1999), "Les accommodements raisonnables" (2008), ou "Le cas Sneijder" (2011).

Lauréat du Goncourt, l'ancien journaliste reste en lice pour un autre prix convoité : le Goncourt des lycéens qui sera décerné le 14 novembre.

Des ventes record

Le prix Goncourt reste le prix littéraire le plus prescripteur pour les ventes de roman. Selon une étude de l'institut GfK pour le magazine Livres Hebdo, sur la période 2014-2018, un prix Goncourt s'écoule en moyenne à 367.100 exemplaires, devant le Goncourt des lycéens (314.000 exemplaires) et le Renaudot (219.800 exemplaires).

Derrière, le prix du roman Fnac prend de l'importance (171.300 exemplaires), devançant les quatre autres grands prix d'automne: Académie française (116.300 exemplaires), Femina (85.500), Interallié (46.900) et Médicis (34.600).

La chasse aux prix littéraires prendra fin le 14 novembre avec le Goncourt des lycéens (pour lequel sont qualifiés tous les auteurs de la première sélection du Goncourt). Mardi 5 novembre ce sera le tour du Femina et vendredi 8 novembre du Médicis.