Réfugiés : l'art de survie des enfants

Avec l'ONG Save the Children, le photographe Patrick Willock a monté le projet The Art of Survival : une série de huit photographies colorées et pleines d'espoir sur les enfants réfugiés, leurs rêves et leurs peurs. Les enfants eux-même ont imaginé l'univers dans lequel ils posent. Une manière originale de leur donner la parole. Entretien.
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Education - La Vallée de Bekaa, Liban
 
Hatem, Syrien de 15 ans, a passé quatre ans dans le camp. Il est allé d'abord à l'école pendant deux ans, mais a dû arrêter car sa famille n'a pas d'argent pour payer ses études. Il vend maintenant des vêtements dans un marché et pratique la danse Dabke dans le camp pour rester occupé.
 
©Patrick Willocq pour Save the Children, "The Art of Survival"
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Patrick Willocq et les enfants réfugiés.
©Martin Kharumwa / Save the Children
Au moins 3,5 millions d'enfants réfugiés dans le monde ne vont pas à l'école. Sans éducation, leur avenir est compromis. Ils sont aussi plus vulnérables au travail des enfants, au mariage forcé, à la prostitution ou encore au trafic d'humains. L’ONG Save the Children a donc créé le "New Deal For Every Forcibly Replaced Child", un programme qui s'engage à protéger les enfants réfugiés et à améliorer leur accès à l'éducation.
 
Alors, pour sensibiliser l’opinion publique à son "New Deal", Save the Children a fait appel au photographe français Patrick Willocq. Ensemble, ils ont réalisé le projet "The Art of Survival", une série de huit clichés mettant en scène des enfants vivant dans des camps de réfugiés au Liban et en Tanzanie.
 

Trois questions à Patrick Willocq

 
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What Happened - La Vallée de Bekaa, Liban
©Patrick Willocq pour Save the Children, The Art of Survival
 
Lorsque Save the Children m’a contacté , j’ai tout de suite fait une recherche internet sur les enfants réfugiés. J’ai constaté que les médias se bornaient à montrer des images de détresse et de désolation. J’ai donc voulu donner la parole à ces enfants, et pas seulement les prendre en photo. 
 
Pour créer les théâtres dans lesquels ils ont joué leur propre rôle, je me suis inspiré de leur histoire et de leurs dessins. J’ai posé les trois mêmes questions à chaque enfant : comment était leur vie avant ? Comment est-elle aujourd’hui dans le camp de réfugiés ? Qu’espèrent-ils pour demain ? Les enfants ont d’ailleurs adoré le projet parce qu’il s’agit de leur histoire.
 
Deux assistantes exceptionnelles ont participé à la réalisation de ce projet qui a duré trois mois, Maria-Pia et Manon. Sur place, les artisans locaux et les enfants nous ont beaucoup aidés. Toutes les installations artistiques ont été fabriquées à partir de matériaux que nous avons trouvé dans les camps. 
 
Finalement nous étions heureux de faire ce projet ensemble. Cela a vraiment donné un sens à leur existence, à mon projet photographique. Et la séparation a été très dure. 
 
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The Mountain Journey - Camp de Nyarugusu, Tanzanie
©Patrick Willocq pour Save the Children, The Art of Survival
 
Dans les camps de réfugiés, les enfants vivent dans la misère et ont des conditions de vie très difficiles. En plus du problème de surpopulation, ils n’ont pas toujours accès à l’éducation. Ils sont conscients de ce qui leur est arrivé. Malgré tout, ces enfants ont gardé leur innocence et croient en leur futur et en leurs rêves. C’est très important. 
 
J’ai voulu rendre à ces enfants toute leur humanité et leur dignité. Avec des belles photos, on arrive à communiquer un message d’espoir, même si leur vie est très dure. 
 
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Doctor Malaria - Camp de Nyarugusu, Tanzanie. 
©Patrick Willocq pour Save the Children, The Art of Survival
 
Grâce aux réseaux sociaux, nous sommes en contact avec certains d’entre eux. Ils peuvent donc suivre le projet. 
 
Ils espèrent tous pouvoir rentrer dans leur pays, que les conflits s’arrêtent. Mais ils ont conscience que cela ne va pas être facile et que cela n’arrivera pas demain. 
 
J’aimerais beaucoup les revoir un jour, quand ils ne seront plus dans ces camps de réfugiés et qu’ils auront réinséré leur vie. Je souhaiterais les retrouver dans une dizaine d’années et voir ce qu’ils sont devenus. Ca serait fabuleux. 

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