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Rentrée littéraire : Dov Hoenig, l'homme aux mille vies

Surprenant parcours que celui de Dov Hoenig !
Né en Roumanie dans l'entre-deux guerres, parti en 1947 en Palestine, il vient  en France dans les années 60 et commence à travailler en tant que monteur chez Jean Rouch avant de connaître le succès à Hollywood. "Rue du triomphe" est son premier roman. Rencontre sensible à Paris...

Le français n'est pas sa langue maternelle et pourtant pour son tout premier roman Dov Hoenig a choisi de l'écrire dans cette langue Latine, proche de ses racines roumaines. Une première oeuvre en français et... à 86 ans !
Ce qui fait de Dov Hoenig le doyen de cette rentrée littéraire.

Une si longue attente

Le français il l'apprend, en Israël, en lisant L'Humanité. Débarqué à Paris, sans le sou en poche, il écrit ses premiers poèmes mais la littérature ne sera pas son gagne pain. Aux côtés de Jean Rouch, il apprend l'art du montage. Leur première collaboration, La chasse au lion à l'arc, est sélectionnée pour le Festival de Venise où il reçoit le Lion d'Or en 1965. Sa carrière est lancée. Le montage ce sera sa "bouée de sauvetage" pour lui qui vécut la misère dans sa Roumanie natale et ce métier le mènera jusqu'à Hollywood où il travaille alors avec les plus grands (Mickael Mann et d’Andrew Davis entre autres).

Rue du Triomphe est un roman initiatique, l'histoire de Robert (son double romanesque) face aux tourments de la grande Histoire.
De Bucarest à Tel Aviv en passant par Hollywood et Paris, la vie de Dov Hoenig est riche en histoires et en rencontres extraordinaires. A 86 ans il décide de se pencher sur son passé et d'écrire son tout premier roman inspiré de sa vie.

"Il fallait, pour me lancer dans l'invention, que je parte de fondements solides : la cour, la maison et les parents. C'est pour cela que j'ai gardé certains noms des voisins et surtout les noms de mes parents. Une des raisons pour laquelle j'ai décidé d'écrire, c'était de sortir mes parents de l'anonymat, pour les rendre immortels. Le reste c'était la grande question : qu'est-ce que je vais faire après ? Parce qu'une fois que le premier chapitre a été écrit je savais seulement que le dernier chapitre allait être le départ de Bernard pour la Palestine", explique Dov Hoenig.

De l'influence du jazz et de John Coltrane


Le récit est construit par flash, par souvenirs. Un livre "monté" comme on monte un film, ce qui fut son métier durant des décennies. Mais il le dit, l'influence du jazz est toute aussi importante.
"J'écoutais pendant des heures et des heures John Coltrane, le fameux saxophoniste, dont la musique était pour moi quelque chose d'incroyable.  Chez lui, les improvisations arrivent au bord de l'impossible. Il réussit à toucher l'absolu et dans un certaine mesure la mort parce qu'il dominait son instrument. Mais moi je savais que je ne dominais pas la langue française comme lui il dominait son instrument. Ce que je pouvais faire seulement c'était de reprendre cette manière d'improviser, de varier, de partir d'un thème et de me lancer dans mes improvisations."

Doyen de cette rentrée littéraire, Dov Hoenig a été nommé pour le Prix Stanilas du meilleur premier roman. Peut être un nouvelle vie devant lui ? En tout cas, il nous le dit, il n'en a pas fini avec la littérature.


"Je suis repertorié dans la catégorie Littérature française... déjà pour moi c'est quelque chose d'incroyable. Je ne m'attendais pas à écrire un livre qui serait tant considéré. Après tout : qu'est-ce que c'est que la littérature ? En quoi la littérature est si unique par rapport à la musique ou la peinture ? Dans le fait qu'on créé un monde et que le lecteur peut vivre dans un monde qu'il ne connait pas, s'intéresser à des êtres qu'il ne connait pas et s'identifier à eux. J'ai créé Bernard et je sais sur lui des choses que lui ne sait pas encore. Je sais ce qu'il va lui arriver en Palestine. Ce seront de merveilleuses aventures et le chemin sera très dur pour lui mais à la fin je sais qu'il va survivre. Comme le dit Paul Eluard : un homme qu'on a voulu abattre et qui est resté debout."

Rue du Triomphe est édité chez Robert Laffont.