Un hôtel luxueux dans le 16ème arrondissement de Paris. A l'entrée du bâtiment, Vasily Klyukin. L'homme est souriant, décontracté : jean, basket et lunettes de soleil sur le nez. Dans une main, son livre de projets ; dans l’autre, un paquet de cigarette. Il prend place sur la terrasse, silencieusement, en face de sa traductrice, Helena.
Aux questions posées, les réponses tardent à arriver. « J’analyse tout » affirme Vasily, entre deux bouffées de cigarettes. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a décidé de publier son livre de projets de buildings, il reste plutôt évasif, voir presque confus. A l'en croire, la crise économique, la concurrence dans le domaine de l'immobilier et son intérêt pour le design expliqueraient cette démarche.
C'est que, réunir une cinquantaine de bâtiments fictifs dans un ouvrage, suscite beaucoup de questions. Quel est vraiment l’objectif du richissime businessman ? Aujourd'hui, « mon principal but est de construire une tour à Monaco. Je veux prouver que mes projets sont réalisables, c’est un défi. C’est un peu comme Léonard de Vinci avec son parachute (le génie italien a construit le premier parachute au XVIè siècle, ndlr) » assure, sans fausse modestie, le millionnaire. Avant de solliciter le permis de construire auprès de la famille princière, il veut d'abord, dit-il, « être un peu plus célèbre. D’ailleurs, avec la médiatisation du projet, peut-être le savent-ils déjà !».
Compte-t-il faire construire tous ces gratte-ciels visibles dans cet ouvrage, aussi luxueux qu'iconoclaste ? Pour le moment, malgré « ses nombreuses propositions » d’architectes et designers pour travailler avec lui à New York, en Tunisie ou à Hong-Kong, il préfère ne pas répondre et se concentrer sur sa tour à Monaco. De toute manière, selon lui, « beaucoup de gens, d’investisseurs manquent de courage pour construire les tours que j’ai dessinées. Souvent, les gens ont peur de ce qui est original » regrette-t-il. Mais il reste persuadé d'une chose : "la technologie d'aujourd'hui permet de construire tous mes bâtiments".
Sans formation dans le domaine de l’architecture, il assure qu’il possède « tous les facteurs qui permettent d’être spécialiste dans le domaine : je suis doué en mathématique et j’ai une grande expérience dans l’immobilier et la construction ». Malgré tout, à l'avenir, il souhaite donner une nouvelle direction aux architectes.
Vasily a donc une philosophie futuriste doublée d'une certaine audace. A ceux qui en douteraient, il renvoie les sceptiques à son ouvrage et à son dernier projet, bien établi celui-là : en 2015, il s'envolera, direction l'espace...avec Leonardo DiCaprio.
Des projets hors normes
Caprice de riche ? Pas exactement. Vasily Klyukin a acheté son billet lors de la vente aux enchères du dîner caritatif organisé par l’AMfAR (la fondation américaine de lutte contre le sida), chaque année, à Cannes. Les 1,2 millions d’euros déboursés iront donc à la fondation. « Le fait de me dire que je serai un des premiers à aller dans l’espace, cela me plait » confie le millionnaire russe. Parmi les six passagers qui graviteront, avec lui, dans l’espace, en plus de la star américaine Léonardo Dicaprio, figure aussi un de ses amis russes.
Mais les extravagances du businessman ne s’arrêtent pas là ! Il a prévu d’acquérir un sous-marin russe, de le rénover « à sa façon » et de s’en servir à but touristique : explorer les mers et les épaves. « Je commencerais en mer Méditerranée » précise-t-il.
Insolites ses idées ? Certainement. Reste que Vasily Klyukin ne se définit pas comme un aventurier. Ses projets relèveraient davantage de la curiosité : « la vie c’est une bataille entre l’envie de ne rien faire (dormir) et la curiosité. Chez moi, c’est la curiosité qui l’emporte ». Cela tombe bien, l'homme d'affaire à les moyens de la satisfaire.
En attendant, Vasily Klyukin a ouvert une galerie d'art à Monaco. Ce visionnaire tente de promouvoir des artistes qui n'ont pas… de visibilité.