Fil d'Ariane
Le ticket d'entrée coûte 10 euros pour les adultes, moitié prix pour les ados. Rien de bouleversant quand on sait les millions de dollars investis pour lancer ces produits ... qui se sont tous ramassés. Le Musée, situé à Helsingborg, petite ville côtière du sud-ouest de la Suède, prévient : "L'apprentissage est le seul moyen de transformer l'échec en succès. La collection se compose de plus de soixante-dix produits et services ratés et qui viennent du monde entier. Chacun d'eux offre un aperçu unique de l'activité risquée de l'innovation."
Dans ce musée du flop, du bide et de l'échec, l'étonnement domine. Impossible de rester de marbre devant ces audaces industrielles promises à la poubelle.
Mais on aurait tort de railler ces fiascos plus ou moins retentissants.
Le succès commercial obéit à des règles mystérieuses. Le grand public assure la notoriété d'un produit en fonction de l'air du temps, de la mode et de ses caprices. Qui aurait pu imaginer qu'un jour, des hordes de gros malins, zombies branchés, envahiraient des villes pour attraper des Pokémons avec leur smartphone-épuisette ? Samuel West, directeur de cet étonnant musée, confiait à CNN : "Une chose me frappe toujours : le succès est toujours mis sur un piédestal. Les échecs, eux, sont toujours mis sous le tapis, là où on finit par les oublier. On sait pourtant que 90 % des innovations sont des échecs".
Et on a le droit de sourire.
On trouvera donc dans ce musée pas comme les autres, des chips sans calories (mais aux vertus laxatives), un "Coca-Cola BlàK" parfumé au café, une bicyclette en plastique censée muscler les mollets suédois. Hélas, l'engin était sensible à la dilatation.
On trouve également un masque de beauté qui stimulait le visage avec des chocs électriques. Le fabricant, sans rire, promettait à l'utilisatrice de devenir aussi belle que l'actrice Linda Evans, héroïne du feuilleton Dynastie ! On ignore à combien d'exemplaires cet objet s'est écoulé.
Citons aussi le "Bic for her", un stylo jetable conçu, on se demande bien pourquoi, uniquement pour les femmes !
Contacté par l'Express, Samuel West ne mâche pas ses mots au sujet de ce produit : "Les femmes se sentaient insultées par ce produit idiot. On se demande si Bic n'avait pas une seule femme dans la direction".
Il y a également un parfum Harley Davidson (mais depuis quand les motards se parfument-ils ?) et un ketchup (Heinz) de couleur verte du plus mauvais effet.
Citons enfin le TwitterPeek, un petit appareil pour accéder uniquement à Twitter. En 2009, au moment de sa sortie, l'objet coûtait 200 dollars. Flop.
Mais le musée a aussi ses perles.
Il s'agit d'inventions plus ou moins ratées et dont les créateurs (ou la firme à l'origine du produit) sont passés à la postérité.
C'était une sorte de Monopoly, sorti en 1989, qui coûtait 25 dollars. Mais les joueurs, au nombre de trois ou quatre, devaient suivre des règles trop compliquées. A l'aide de 72 cartes, il s'agissait d'acheter et de vendre diverses propriétés pour gagner un maximum d'argent. Le gagnant est le joueur qui avait gagné le plus d'argent, une fois toutes les propriétés achetées.
Trump the Game devait séduire deux millions de personnes. L'homme d'affaire en vendra 800 000. Lors de sa sortie, le slogan publicitaire était : "Il ne s'agit pas de savoir si vous gagnez ou si vous perdez, il s'agit de gagner !" Du pur Trump, en effet.