Un céphalopode très libertaire.
Une outrance voulue par le créateur de la série, Jean-Bernard Pouy, surnommé le Papy du polar. Ce drôle d’animal littéraire, volontiers anar, partisan de l’Oulipo, l’Ouvroir de littérature potentielle, a créé la série en 1995 autour de contraintes rédactionnelles, fidèle en cela à l’esprit de son cher Oulipo.
Impératifs : chaque roman doit comprendre deux héros, le Poulpe et Cheryl, qui seront entourés des mêmes personnages récurrents, comme Gérard et sa femme Maria, les patrons du bar restaurant "le Pied de Porc à la Sainte-Scolasse", QG du Poulpe.
Il y aura aussi Pedro le catalan, naguère combattant anti-franquiste ; anarchiste et ancien imprimeur, il fournit au Poulpe armes et faux-papiers. Mais aussi Vergeat, membre RG et ennemi intime de Lecouvreur, même s’il lui rend service à l'occasion. Son nom se lit Javert en verlan, clin d'œil au Javert des Misérables de Victor Hugo.
L’ambition de la série Le Poulpe était de renouer avec une littérature populaire de qualité, reprenant les codes du roman-feuilleton, couvertures illustrées, jeux de mots...
Une centaine de polars sont sortis comme prévu, tous d’un auteur différent, le premier et le dernier devant être écrit par J.B. Pouy. Mais contre toute attente, le dernier n’a pas encore vu le jour. La série a survécu aux multiples péripéties, si fréquentes dans l’édition, vécues par les éditions Baleine. La série Le Poulpe aujourd’hui dirigée par Gwenaëlle Denoyers, continue son bonhomme de chemin.
Apéro-Polar, à déguster sans modération.
Dans Apéro-Polar, il y a aussi apéro, une dimension conviviale cher à Didier Ruiz. Originaire du Sud de la France, bien connu pour ses terroirs viticoles, le metteur en scène a élu des théâtres permettant d’associer mise en images et libations.
L’un des lieux de représentation précédents, l’Espace 1789 à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, accueillait même les Apéros-polar dans son espace-bar, pour une application très littérale du titre ! Au Lucernaire, c’est dans la haut perchée salle du Paradis qu’ont lieu les représentations. Et ce sont des cintres que tombent à l’entracte les dives bouteilles pour un réjouissant moment de libation partagé entre auditeurs. Ainsi se boucle la boucle, l’esprit frondeur et épicurien du Poulpe et de ses comparses rejoignant la convivialité des radio-feuilletons d’antan.