Fil d'Ariane
Dans une vidéo relayée le 17 septembre sur les réseaux sociaux, Koffi Olomidé touche les fesses d’une danseuse sans qu'elle s'y attende. L’extrait a fait fortement réagir, d’autant plus que le musicien n'en est pas à son premier écart de conduite.
L’extrait dure un peu plus de 20 secondes. Les quatre danseuses positionnées devant trois guitaristes finissent leur pas de danse alors que le son touche à sa fin. La dernière note est jouée, les jeunes femmes se dispersent lorsque la star de la rumba congolaise, Koffi Olomidé, rentre dans le champ et passe derrière l’une d'elles.
Avec sa main gauche, il lui agrippe les fesses sans rien dire. Elle réagit aussitôt en sursautant puis se retournant avant de continuer son chemin. Le chanteur ne la regarde pas et se dirige vers ses musiciens.
Ce jour-là, le groupe répète à Paris en vue d'un showcase pour un concours de beauté et de mode africaine qui a lieu en banlieue parisienne. Les musiciens sont ceux du groupe Le Quartier Latin qui a pour habitude d'accompagner l'artiste congolais. Une vidéo montrant la répétition est même publiée le jour même sur le compte Facebook officiel de Koffi Olomidé.
Plusieurs personnes sont dans la salle. L'un d'entre eux filme alors les faits. L'extrait se retrouve sur les réseaux sociaux et ne manque pas de faire réagir.
« L'agression sexuelle de Koffi Olomidé sur sa danseuse est un acte extrêmement grave. Néanmoins, il est banalement négligé au Congo, tweete un internaute. « Les abus dans le milieu professionnel et particulièrement dans le monde musical... Faudra bien en parler un jour ! » écrit un autre.
D’autres s’émeuvent du comportement de celui qui est censé représenter la culture congolaise, après sa nomination en tant qu'ambassadeur culturel de la République Démocratique du Congo le 9 février 2022 par le président Tshisekedi. Journée durant laquelle lui a aussi été délivré un passeport diplomatique. Contacté par TV5MONDE, le chanteur n'a pas voulu s'exprimer sur la séquence qui a été vue des centaines de milliers de fois.
Au-delà du caractère choquant voire pénalement repréhensible de la vidéo, il faut rappeler que le chanteur congolais se trouve depuis décembre 2021 en sursis probatoire pour une période de trois ans en France. Il a été relaxé en appel des chefs d'accusation d'agressions sexuelles sur quatre de ses ex-danseuses. En revanche, il a été condamné à 18 mois d'emprisonnement avec sursis probatoire pour les avoir séquestrées lors de ses tournées en France. Les faits remontent entre 2002 et 2006. L’une d’entre elles était mineure à l’époque.
La relaxe sur les agressions sexuelles avait été "prononcée au bénéfice du doute", avait alors expliqué la présidente de la 7e chambre correctionnelle de la cour d'appel de Versailles, évoquant notamment des "déclarations évolutives, parfois contradictoires" des plaignantes. En revanche, la séquestration "ne fait aucun doute", avec des plaignantes "privées de toute liberté et surveillées de manière constante" par deux complices de Koffi Olomidé dans un pavillon de banlieue parisienne, où avaient été installés des serrures sur les volets.
Les quatre danseuses avaient fini par s’échapper du pavillon une nuit de juin 2006 et avaient déposé plainte en 2007, 2009 et 2013. Elles ne sont plus jamais retournées en République démocratique du Congo, par peur de représailles. Koffi Olomidé avait, lui, précipitamment regagné son pays en 2009 lorsqu’il avait appris qu’une inculpation, assortie d’un placement en détention provisoire, avait été requise à son encontre.
Après la prononciation de sa relaxe, Antoine Agbepa Mumba -de son vrai nom- n’a pas cherché à se faire oublier, bien au contraire. En janvier 2022, il dévoile un nouveau titre, « Acquitté », assorti d’un clip où il célèbre la « victoire » s’affichant le poing levé.
En 2019, alors qu’un jugement de première instance est prononcé de deux ans de prison avec sursis pour atteintes sexuelles sur l'une de ses ex-danseuses mineure au moment des faits, le chanteur congolais est venu s'exprimer sur le plateau de TV5MONDE.
Interrogé sur ses démêlés judiciaires ,il avait alors assuré que « les femmes sont intouchables, impunissables » et qu’ « il y a trop de mensonges ».
Koffi Olomidé a déjà été condamné par le passé. Il a été brièvement écroué en 2016 pour avoir donné un violent coup de pied à l’une de ses danseuses à l'aéroport de Nairobi au Kenya. En 2012, il a été condamné avec sursis pour des violences sur son producteur en RDC.