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© C. François / TV5 MONDE
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Une mosaïque de visages pour illustrer la diversité humaine : le projet humanae de la photographe Angélica Dass

A Montréal, la photographe brésilienne Angélica Dass propose une initiative originale : créer une mosaïque de visages humains avec différentes teintes de peau. Rencontre.

« Je ne crois pas que le genre humain se définisse en blanc et noir. Et la couleur des peaux qu’il y a sur notre planète ne se résume pas à la couleur chair », déclare Angélica Dass, une photographe brésilienne qui mène depuis 2012 un projet original pour magnifier la diversité humaine : Humanae.

De passage à Montréal


Le 12 février dernier, dans une petite salle du Musée des Beaux-Arts de Montréal, une centaine de Montréalais sont venus se prêter au jeu d’Angélica Dass, qui consiste à se laisser prendre en photo devant un fond blanc, les épaules dénudées. Après quoi, la photographe, selon un procédé assez simple, identifie quelle est la couleur dominante du visage de la personne et elle l’associe au nuancier du fabriquant de peinture Pantone (bien connu dans le monde du design parce que l’entreprise identifie tous les ans la couleur de l’année). Le résultat est saisissant : une mosaïque de visages et une palette de couleurs de peau qui illustre notre diversité. Fascinant aussi de découvrir que des personnes qui n’ont pas la même origine se retrouvent avec la même couleur du nuancier Pantone.
 
Angelica Dass
Angelica Dass, photographe brésilienne, à l'origine du projet Humanae © TV5MONDE
Angélica a déjà photographié quelque 4000 personnes dans 30 villes de 18 pays des cinq continents. Montréal est la 2ème ville canadienne visitée par la photographe après Vancouver : « Montréal, c’est spécial parce qu’on peut y voir toutes les couleurs de notre planète dans une seule ville », se réjouit la photographe.

Le Musée des Beaux-Arts de Montréal l’a invitée car la directrice, Nathalie Bondil, a été charmée par la démarche d’Angélica : « À la recherche du visuel moteur pour notre future aile des cultures du monde et du vivre-ensemble, je suis tombée en arrêt sur ce nuancier humain, d’Angelica Dass… Quelle idée simple et forte à la fois ! À la fois action, performance et œuvre, sa palette humaniste nous parle instantanément de notre société globale, et du vivre-ensemble comme de Montréal ». Le musée présentera des portraits de ces Montréalais dans un projet spécial l’automne prochain.

Ouvrir le dialogue

Angélica Dass vit depuis plusieurs années à Madrid mais elle est née à Rio de Janeiro. Elle a eu l’idée de se lancer dans ce projet en réalisant la variété des couleurs de peau au sein même de sa famille, et en s’interrogeant sur cette catégorisation tout à fait obsolète et inadéquate du genre humain entre Blancs et Noirs.

« Je me sers de cette palette du nuancier Pantone parce que je connais le numéro pour le noir et je connais le numéro pour le blanc et je peux vous assurer que sur les 4000 personnes que j'ai prises en photo, aucune ne correspond à ces deux couleurs. Donc la question est : pourquoi est-ce que l'on continue à définir la race humaine selon les critères de noirs et de blancs ? », se demande la photographe.

Avec Humanae, Angélica veut briser les stéréotypes associés aux races et magnifier notre diversité.

« L’objectif de ce travail, ce n’est pas juste de collectionner des photos, mais de créer un dialogue » précise la photographe, qui prend le temps, avant de faire les portraits, de parler avec les volontaires, leur demander pourquoi ils sont là, qu’est-ce qui les intéresse dans son projet. « La photo que je prends, c’est aussi la photo d’une rencontre, de ce moment de connexion entre la personne et moi. Donc il ne s’agit pas juste de sélectionner une couleur, pour moi la photo, c’est une excuse pour entamer une conversation ».

Et ce dialogue, Angélica le mène jusque dans les écoles un peu partout dans le monde, où elle va donner des ateliers dans lesquels les enfants font leurs autoportraits sur le même principe que les photos. La photographe aime aussi donner des formations aux enseignants et éducateurs pour qu’ils sensibilisent les jeunes au message du projet Humanae. La photographe a créé dans cet objectif l’Institut Humanae, un organisme sans but lucratif. Elle donne aussi des conférences un peu partout dans le monde et bien sûr, la mosaïque de visages a été présentée dans des prestigieux musées ou des expositions extérieures dans plusieurs grandes capitales.

Angélica confie qu’elle n’en a pas fini avec ce projet et qu’elle va continuer à prendre en photo les citoyens du monde, peu importe leur âge et leur origine, pour compléter sa mosaïque. « Comme être humain, nous sommes tous faits des mêmes matériaux. L’humanité, c’est la célébration de notre diversité », conclut la photographe.