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©L.BARON, J. MUNTZER, A. VARET / TV5MONDE
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Vidéo - Centre Pompidou Malaga, quand les musées français s'exportent à l'étranger

Bien avant l'ouverture du Louvre à Abu Dhabi, le Centre Pompidou s'est lui aussi délocalisé à l'étranger. Depuis trois ans, le musée français présente des oeuvres de sa collection dans sa succursale de Malaga au Sud de l'Espagne. Un partenariat qui permet à la ville de redorer son image culturelle et au musée de rentabiliser sa réserve d'art moderne immense.

Sur la carte postale, Malaga a tous les attraits de la cité balnéaire. Chaque année, 4 millions de visiteurs déferlent dans cette ville côtière de l'Andalousie, pour y profiter du soleil et de la mer.  

Ce n'est pas encore assez pour le maire, en poste depuis 17 ans. La ville compte déjà plus d'une trentaine de musées mais le maire Francisco de la Torre Prados a décidé de transformer la ville natale de Picasso en destination culturelle espagnole de référence. Une manière de se défaire aussi de son image de tourisme de masse.

vue Malaga
La plage, la cathédrale et l'Alcazaba, des endroits touristiques caractéristiques de la ville andalouse de Malaga. 
©J. Muntzer / TV5MONDE

Musées étrangers

Il a, pour cela, fait appel à des musées étrangers. Après l'ouverture d'un musée russe, c'est le Centre Pompidou qui a établi, depuis 2015, une succursale provisoire sur le port de la ville. C'est là qu'arrivent les paquebots, que s'amarrent les yachts et où déambulent les touristes. Il a déjà accueilli 500 000 visiteurs depuis son ouverture - moins que prévu initialement.

Pompidou sur le port
Le Centre Pompidou de Malaga est situé sur le port de la ville. De l'extérieur, il est reconnaissable à son cube de verre, revisité par l'artiste français Buren. 
©J. Muntzer / TV5MONDE


Le partenariat qui ne devait durer que cinq ans vient d'être prolongé jusqu'en 2025 par le maire de Malaga et le président du musée parisien, Serge Lasvignes, ce 20 février 2018.

Quel est donc l'intérêt pour cette ville espagnole d'accueillir un musée français ? Le maire mise sur la marque et l'aura du Centre Pompidou. "Nous avons trouvé avec Pompidou Paris un partenaire extraordinaire, très positif, nous explique le maire Francisco de la Torre Prados, qui comprend la visibilité internationale que nous cherchons et aussi la vocation culturelle de la ville.

Compétition internationale de musées

Cette délocalisation provisoire est une première pour le Centre Pompidou même si l'initiative a été lancée par d'autres institutions. (Voir notre encadré) Le musée a déjà déplacé ses oeuvres hors de ses murs comme dans son antenne à Metz, en France, et propose des expositions itinérantes dans le monde entier. 

Quand les musées s'exportent...

  • Le musée américain Guggenheim qui est géré par une fondation privée, est le premier à avoir ouvert une antenne à Bilbao en Espagne dès 1997, en vendant sa marque à la ville.
  • Le musée L'Ermitage de Saint Pétersbourg possède aussi une annexe à Amsterdam depuis 2004. 
  • Après avoir signé un accord inter-gouvernemental en 2007, le Louvre a vu le jour à Abu Dhabi qu'en ce mois de novembre 2017.

Ouvrir ainsi un autre musée à l'étranger permet au Centre Pompidou de rester en course dans cette "compétition intellectuelle et de rayonnement" qui a cour entre les grands musées du monde entier.

Ce développement hors de France, relève aussi d'une nécessité de diversifier les sources de financement. "Il y a la dimension culturelle et la dimension économique, nous raconte le président du Centre Pompidou, lors d'une visite à Malaga. Nous avons besoin de développer nos fonds propres pour continuer à rayonner".

Le musée vend ainsi sa marque à Malaga - qui dédommage également le Centre Pompidou pour le transport et le prêt des oeuvres - et valorise le savoir-faire reconnu de ses conservateurs. C'est aussi une manière de rentabiliser sa collection d'art moderne et contemporain immense.

Deuxième plus importante collection

"Nous avons 120 000 oeuvres, précise Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou. C'est une des deux plus grandes collections d'art contemporain au monde [avec celle du Moma à New York, ndlr]. Nous n'en exposons que 5%. Nous prêtons beaucoup, nous déposons beaucoup dans les musées français évidemment mais l'idée c'est aussi de porter cette collection à l'international, de la faire voir à l'international.

oeuvres d'art Pompidou
Le Centre Pompidou de Malaga propose une cinquantaine d'oeuvres venues de Paris qui côtoient celles d'artistes locaux. 
©J. Muntzer / TV5MONDE


La ville balnéaire espagnole représentait un défi intéressant à relever pour le président du Centre Pompidou. "Nous avions un enjeu qui est de savoir comment choisir les oeuvres pour concilier un public malagaine et un public d'origine étrangère, un public international. Ce qu'il faut, c'est trouver un équilibre entre la délectation mais en refusant la facilité." Le président du Centre Pompidou insiste ainsi pour que les visiteurs puissent être attirés par des artistes, "têtes d'affiche" tout en venant en découvrir d'autres. 

Centre Pompidou à Bruxelles et Shanghaï

Le musée propose une collection permamente - renouvelée tous les deux ans - qui compte une cinquantaine d'oeuvres d'artistes comme Joan Miró, Robert Delaunay, Franck Stella ou encore François-Xavier Lalanne.

Cette première expérience internationale a servi de laboratoire au Centre Pompidou. Deux autres succursales du musée doivent ouvrir bientôt à Bruxelles et à Shanghaï.

Ces projets représentent un intérêt économique, bien sûr, mais cette expansion permet aussi à la France d'assurer son rayonnement culturel, indissociable du "soft power" français.