Sur la carte postale, Malaga a tous les attraits de la cité balnéaire. Chaque année, 4 millions de visiteurs déferlent dans cette ville côtière de l'Andalousie, pour y profiter du soleil et de la mer.
Ce n'est pas encore assez pour le maire, en poste depuis 17 ans. La ville compte déjà plus d'une trentaine de musées mais le maire Francisco de la Torre Prados a décidé de transformer la ville natale de Picasso en destination culturelle espagnole de référence. Une manière de se défaire aussi de son image de tourisme de masse.
Il a, pour cela, fait appel à des musées étrangers. Après l'ouverture d'un musée russe, c'est le Centre Pompidou qui a établi, depuis 2015, une succursale provisoire sur le port de la ville. C'est là qu'arrivent les paquebots, que s'amarrent les yachts et où déambulent les touristes. Il a déjà accueilli 500 000 visiteurs depuis son ouverture - moins que prévu initialement.
Le partenariat qui ne devait durer que cinq ans vient d'être prolongé jusqu'en 2025 par le maire de Malaga et le président du musée parisien, Serge Lasvignes, ce 20 février 2018.
Quel est donc l'intérêt pour cette ville espagnole d'accueillir un musée français ? Le maire mise sur la marque et l'aura du Centre Pompidou. "Nous avons trouvé avec Pompidou Paris un partenaire extraordinaire, très positif, nous explique le maire Francisco de la Torre Prados, qui comprend la visibilité internationale que nous cherchons et aussi la vocation culturelle de la ville."
Cette délocalisation provisoire est une première pour le Centre Pompidou même si l'initiative a été lancée par d'autres institutions. (Voir notre encadré) Le musée a déjà déplacé ses oeuvres hors de ses murs comme dans son antenne à Metz, en France, et propose des expositions itinérantes dans le monde entier.
Ouvrir ainsi un autre musée à l'étranger permet au Centre Pompidou de rester en course dans cette "compétition intellectuelle et de rayonnement" qui a cour entre les grands musées du monde entier.
Ce développement hors de France, relève aussi d'une nécessité de diversifier les sources de financement. "Il y a la dimension culturelle et la dimension économique, nous raconte le président du Centre Pompidou, lors d'une visite à Malaga. Nous avons besoin de développer nos fonds propres pour continuer à rayonner".
Le musée vend ainsi sa marque à Malaga - qui dédommage également le Centre Pompidou pour le transport et le prêt des oeuvres - et valorise le savoir-faire reconnu de ses conservateurs. C'est aussi une manière de rentabiliser sa collection d'art moderne et contemporain immense.
"Nous avons 120 000 oeuvres, précise Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou. C'est une des deux plus grandes collections d'art contemporain au monde [avec celle du Moma à New York, ndlr]. Nous n'en exposons que 5%. Nous prêtons beaucoup, nous déposons beaucoup dans les musées français évidemment mais l'idée c'est aussi de porter cette collection à l'international, de la faire voir à l'international."
La ville balnéaire espagnole représentait un défi intéressant à relever pour le président du Centre Pompidou. "Nous avions un enjeu qui est de savoir comment choisir les oeuvres pour concilier un public malagaine et un public d'origine étrangère, un public international. Ce qu'il faut, c'est trouver un équilibre entre la délectation mais en refusant la facilité." Le président du Centre Pompidou insiste ainsi pour que les visiteurs puissent être attirés par des artistes, "têtes d'affiche" tout en venant en découvrir d'autres.