L'actualité vue par Ali Dilem

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Ali Dilem

Caricaturiste n’est pas un métier facile en Algérie. Dilem passe presque plus de temps sur les bancs du Palais de justice d’Alger que le crayon à la main. À ce jour, il cumule une cinquantaine de procès en diffamation intentés par les autorités et neuf années de prison, sans compter de nombreuses amendes. Mais le dessinateur préfère publier quitte à en payer le prix plutôt que de se plier à la censure. 

Menacé par des groupes islamistes durant la guerre civile (1990-1998), il est en 2004 condamné à mort par une fatwa lancée dans toutes les mosquées algériennes. Enfin en 2001 ont été ajoutés au Code pénal algérien des amendements surnommés « amendements Dilem », qui prévoient une série de mesures allant jusqu’à la peine de prison ferme (de deux mois à un an) contre des journalistes qui offenseraient le président de la République ou les grands corps d’État (armée, justice…) 

Ali Dilem est né le 29 juin 1967 de parents kabyles à El-Harrach, dans la banlieue d’Alger. Il vit aujourd’hui dans la capitale algérienne. 

Diplômé de l’Institut national des beaux-arts d’Alger, il démarre sa carrière en 1989 à l’hebdomadaire communiste Alger Républicain. Ce sera ensuite Le Matin, quotidien indépendant, qui publiera ses caricatures entre 1991 et 1996. Aujourd’hui ce fou de travail (10 000 dessins en près de vingt ans de carrière) dessine pour le journal indépendant Liberté (150 000 exemplaires quotidiens) et depuis 2001 pour TV5Monde, la chaîne de télévision francophone internationale. 

Il croque l’actualité chaque semaine pour l’émission Kiosque, qui réunit sur son plateau des journalistes du monde entier, et quotidiennement pour le site internet de la chaîne. Il collabore également avec plusieurs journaux européens. En 2008 il a publié un album intitulé « Dessine moi le monde » coédité par TV5Monde ; en 2000 paraissait Boutef président, un succès réédité trois fois. 

Dilem est une véritable star en Algérie. Son humour souvent très noir et son irrévérence sont uniques. Il n’a aucun tabou : le président algérien, les généraux, les fanatiques islamistes, les femmes... Son regard sur l’actualité mondiale est aussi terriblement incisif : les valeurs de Dilem sont claires, pour les droits de l’Homme et la liberté d’expression, contre tous les extrémismes et les dictatures. 

A l’étranger, son talent est largement reconnu et récompensé. Il a reçu une vingtaine de prix à travers le monde, dont le prestigieux Cartoonists Rights Network’s Award for Courage in Editorial Cartooning (Prix du courage en caricature politique), décerné aux Etats-Unis en 2006. On peut également citer le Prix International du dessin de presse en 2001, le Trophée de la liberté de la presse remis par Reporters sans Frontières en 2005, le Grand prix de l’Humour vache au Salon international du dessin de presse et de l’humour à Saint-Just-le-Martel en France en 2007. 

Dilem est également membre de la fondation Cartooning for Peace, créée à l’initiative du dessinateur français Plantu et de l’Onu, après l’affaire des caricatures danoises du prophète Mahomet (septembre 2005). La fondation organise des conférences et des expositions de dessins de presse dans le monde entier.