Si la ministre a réitéré le soutien de son pays à l'Ukraine, elle n'a pas donné publiquement de réponses concrètes aux griefs de Kiev.
Ce huitième voyage d'Annalena Baerbock en Ukraine depuis le début de l'attaque russe à grande échelle intervient à un moment critique. L'armée ukrainienne, en manque d'hommes et de munitions, notamment en raison des retards de l'aide occidentale, recule depuis des mois sur le terrain. Selon Kiev et ses alliés, elle doit également faire face, désormais, à des soldats nord-coréens.
"Je sais à quel point certains débats en Allemagne semblent effrayants dans vos pays", alors que "certains de mes compatriotes doutent du soutien allemand" à l'Ukraine, a admis Baerbock lors d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien Andriï Sybiga. "C'est pourquoi je le répète très clairement (...) nous nous tenons fermement à vos côtés tant que vous avez besoin de nous", a-t-elle souligné. La responsable allemande n'a cependant fait que mentionner "l'aide" militaire reçue par Moscou de la Corée du Nord, sans plus de déclarations. Par ailleurs, elle n'a pas répondu à la demande de Kiev aux Occidentaux d'autoriser des frappes en profondeur en Russie avec des armes à longue portée.
Les Nord-Coréens seraient déjà engagés, selon Kiev, dans les combats contre son armée dans la région russe de Koursk, où l'Ukraine a lancé une offensive en août et affirme contrôler toujours plusieurs centaines de kilomètres carrés. Les Nord-coréens "sont présents là-bas et, bien sûr, ils mourront", a déclaré ce lundi le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak sur Telegram.
En parallèle, l'armée russe a accéléré ses gains territoriaux dans l'est de l'Ukraine où elle a l'initiative depuis un an. La Russie a conquis un total de 610 km2 de territoire ukrainien en octobre, le plus gros gain mensuel depuis mars 2022, d'après une analyse de l'AFP lundi, à partir de données de l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW). Sur ce dernier mois, la Russie avance en moyenne de 22 km2 chaque jour, selon cette source, son plus haut rythme depuis juillet 2022.
L'Ukraine attend par ailleurs avec anxiété la présidentielle américaine de demain, craignant de voir l'aide militaire se tarir en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump face à sa rivale démocrate Kamala Harris. Les Ukrainiens ont peur que Donald Trump ne les force à négocier avec la Russie dans des conditions très favorables à Moscou.
"Il ne peut y avoir de négociations basées sur la coercition. Des négociations qui se feraient par-dessus votre tête et celle de l'Europe", a assuré ce lundi Annalena Baerbock, sans mentionner Trump directement. "Surtout, aussi triste et amer que cela soit, Poutine ne donne aucun signe de vouloir négocier," a-t-elle ajouté.
Arrivée à Kiev après plusieurs jours et nuits d'attaques particulièrement intenses de drones russes contre la capitale, Mme Baerbock a aussi dénoncé la "brutalité" des frappes russes à travers l'Ukraine, notamment ses infrastructures civiles, dont le nombre a augmenté ces dernières semaines.
"Rien que cette année, il y a eu 7.000 attaques de drones dans tout le pays" dont "2.000 pour le seul mois d'octobre", a-t-elle relevé, dénonçant la "stratégie d'usure" de Moscou.