Pokrovsk, cible prioritaire de Moscou, la ville de Vovtchansk rasée

La France va utiliser une partie des 1,4 milliard d'euros correspondant aux intérêts d'avoirs russes confisqués dans l'Union européenne (UE) pour financer des achats d'équipements militaires pour l'Ukraine, conformément à un accord européen, a indiqué le ministère des Armées. "Aux côtés d'autres États membres, le ministère (...) participera à la mise en œuvre de la nouvelle mesure de soutien à l'Ukraine de la Facilité européenne pour la paix" de l'UE, a indiqué son communiqué. 

L'opération représente pour la France un montant de 300 millions d'euros sur l'année 2024, précise le ministère, relevant qu'elle permet de "poursuivre la montée en cadence de l'industrie française en soutien à l'Ukraine." "La Commission européenne s'est accordée avec la Direction générale de l'armement (DGA) pour qu'elle procède (...) à l'acquisition rapide auprès de l'industrie française de matériels prioritaires", notamment munitions, artillerie et défense aérienne. 

Quelque 200 milliards d'euros d'avoirs russes ont été gelés dans l'UE après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, dont environ 90% se trouvent en Belgique, siège de l'organisme international de dépôts de fonds Euroclear.

(Re)voir Ukraine : "accord politique" du G7 sur les avoirs russes gelés

Venu pour la première fois à la réunion des soutiens internationaux de Kiev, dans l'ouest de l'Allemagne, Volodymyr Zelensky a réclamé à ses alliés "plus d'armes" pour repousser les forces russes, "en particulier dans la région de Donetsk", à l'est.

Sur la base aérienne américaine de Ramstein, le président ukrainien a réitéré sa demande de pouvoir utiliser les armes à longue portée fournies par ses partenaires "non seulement sur le territoire occupé de l'Ukraine, mais aussi sur le territoire russe" pour détruire les bases à partir desquelles Moscou lance ses missiles.

Plusieurs grands pays, dont ses deux principaux fournisseurs d'armes, les États-Unis et l'Allemagne, continuent néanmoins à rechigner par crainte d'une escalade avec Moscou, qui agite régulièrement la menace nucléaire.

"Je ne pense pas qu'une seule capacité spécifique sera décisive", a ainsi déclaré le secrétaire d'État américain à la Défense, Lloyd Austin à l'issue de la réunion. Selon lui, l'Ukraine doit miser sur la combinaison des différents armements. Son homologue allemand, Boris Pistorius, a lui affirmé que la position de Berlin à cet égard était inchangée.

Il a rencontré dans la foulée le chancelier allemand, Olaf Scholz, non loin de là, à Francfort, pour un entretien centré notamment sur "la recherche commune d'une paix juste et durable pour l'Ukraine" selon la chancellerie.

Le dirigeant doit continuer à plaider la cause de son pays au forum économique The European House - Ambrosetti à Cernobbio, sorte de mini-Davos.

Volodymyr Zelensky à son arrivée en Italie pour participer au forum économique The European House - Ambrosetti, à Cernobbio, en Italie, le 6 septembre 2024. 

Luca Bruno (AP)

La ville ukrainienne de Vovtchansk, soumise à une offensive russe depuis mai, a été réduite à un champ de ruines où seuls "quelques désespérés" vivent encore, selon une brigade de l'armée ukrainienne qui a publié des images aériennes.

Sur l'une de ces vidéos, un drone survole une avenue de la ville où plus aucun bâtiment ne semble intact. Des panaches de fumée témoignent de combats en cours. D'un côté de la rue, de hauts immeubles dont il ne reste que des carcasses de béton. De l'autre, des édifices semblent avoir été complétement rasés par les frappes.

Cette ville, située à seulement cinq kilomètres de la frontière russe dans la région de Kharkiv, s'est retrouvée au centre des combats entre les armées russe et ukrainienne.

"Avant la guerre, elle abritait plus de 17.000 Ukrainiens, et seuls quelques désespérés s'y trouvent encore, a déclaré la "Brigade présidentielle" ukrainienne sur Facebook. La ville est presque entièrement détruite, avec des rues entières enflammées par l'artillerie et les frappes de drones. Pour l'Ukraine, c'est une nouvelle ville fantôme que les (Russes) ont rasée et couverte de cadavres."

La "Brigade présidentielle" a assuré tenir bon face aux troupes russes, qui tentent "sans succès" de s'emparer de Vovtchansk.

Dans un tweet, l'ancien procureur général adjoint de l'Ukraine, Gyunduz Mamedov, pointe les conséquences des frappes russes dans l'oblast ukrainien de Soumy, frontalier de la Russie.

Il présente une photo de l'université d'État de Soumy après une frappe aérienne. L'un de ses bâtiments a été partiellement détruit. "Au total, au moins trois établissements d'enseignement supérieur ont été endommagés depuis le début du mois de septembre, qui marque le début de l'année universitaire. En conséquence, de nombreux étudiants du site 🇺🇦 sont contraints de poursuivre leurs études à distance", déplore-t-il.  

Dans son point quotidien, l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW) note que la Russie met en œuvre les moyens pour s'emparer de la ville de Pokrovsk, hautement stratégique pour les forces armées ukrainiennes.

Selon le think thank américain, qui suit le conflit au jour le jour, "les opérations offensives russes apparemment coordonnées du flanc sud de la direction de Pokrovsk au flanc ouest de la défense ukrainienne autour de Vuhledar visent probablement à accroître la pression sur les forces ukrainiennes qui se défendent dans l'ouest de l'oblast de Donetsk et à créer les conditions nécessaires à de nouveaux gains dans l'effort offensif prioritaire de la Russie dans la direction de Pokrovsk."

Il ajoute que "le commandement militaire russe continue de donner la priorité à l'offensive sur Pokrovsk et traitera probablement l'intensification de l'effort dans l'ouest de l'oblast de Donetsk comme un effort secondaire. Le commandement militaire russe a probablement l'intention de faire en sorte que cet effort secondaire, quel que soit son succès, fixe les forces ukrainiennes dans l'ouest de l'oblast de Donetsk et empêche les redéploiements ukrainiens pour renforcer la défense de Pokrovsk."

Le média ukrainien, The Kyiv Independent, relaie l'information selon laquelle l'Union européenne (UE), va fournir une aide humanitaire de 40 millions d'euros pour aider l'Ukraine à réparer les installations énergétiques avant l'hiver. La nouvelle a été annoncée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

« La Russie s'attaque sans relâche aux infrastructures énergétiques de l'Ukraine. Les températures vont bientôt baisser, c'est pourquoi nous renforçons notre aide humanitaire aux Ukrainiens dans le besoin », a-t-elle indiqué. Le nouveau programme fournira des fonds pour les travaux de réparation, l'électricité, le chauffage et les abris, a-t-elle précisé.

Les Ukrainiens ont vécu des coupures de courant intermittentes tout au long de l'été depuis que la Russie a intensifié sa campagne de frappes visant les infrastructures énergétiques en mars.

Le ministère ukrainien de la Défense a dévoilé l'attribution d'une nouvelle aide canadienne. Selon l'administration de Kiev, elle comprend notamment 1.300 ogives CRV-7, 50 ambulances, 970 mitrailleuses C7 et 10.500 pistolets 9 mm.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est attendu, ce soir, en Italie, où il participera au forum économique The European House - Ambrosetti à Cernobbio, auquel assiste aussi le Premier ministre hongrois, Viktor Orban.

"J'espère qu'il viendra", a déclaré ce dernier à son arrivée, interrogé sur une éventuelle rencontre avec le dirigeant ukrainien. Il a ensuite précisé à la presse qu'il se réunirait "bien sûr" avec lui si sa venue était confirmée. "Nous avons une bonne relation, a-t-il assuré. S'il n'y a pas de communication, il n'y a aucune chance de paix."

Volodymyr Zelensky a annoncé sur Telegram qu'il comptait rencontrer lors du forum des "représentants d'entreprises italiennes" et mener des "négociations" avec Giorgia Meloni. Ce mini-Davos organisé sur les rives du Lac de Côme réunira jusqu'à dimanche le gotha de l'industrie italienne et de nombreux acteurs internationaux. 

Cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni est politiquement proche du souverainiste Viktor Orban qu'elle considère comme un allié, mais ne partage pas ses positions pro-Kremlin. L'Italie soutient les sanctions contre Moscou et fournit des armes à Kiev, tout en étant opposée, à l'instar de la Hongrie, à leur usage en dehors du territoire ukrainien, à rebours de la plupart des pays européens.

La rencontre de Giorgia Meloni avec Volodymyr Zelensky devrait lui permettre de l'assurer de son soutien sans faille alors même que l'un des partenaires de sa coalition de droite et d'extrême droite, Matteo Salvini, est farouchement opposé à toute incursion de Kiev en territoire russe.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est accueilli par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, lors du sommet du G7 à Borgo Egnazia, en Italie, le 13 juin 2024.

Domenico Stinellis (AP)

Le commissaire ukrainien aux droits humains a réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête sur la mort d'un homme qui avait été, selon ses proches, interpellé et tabassé par des responsables chargés de la mobilisation militaire.

Cette affaire, qui s'est produite dans la région de Transcarpatie (ouest) "nécessite une enquête immédiate, complète et impartiale", a lancé le commissaire Dmytro Loubinets sur Telegram, précisant avoir envoyé une requête en ce sens au procureur général et que des investigations avaient été lancées. 

Si les accusations se confirment, "les coupables doivent être traduits en justice", a-t-il insisté. 

L'armée ukrainienne, qui manque d'hommes après deux ans et demi d'invasion russe, s'efforce de regarnir ses rangs, mais contrairement au début de la guerre, les volontaires manquent et l'Ukraine s'est dotée en mai d'une nouvelle loi censée accélérer la mobilisation.

Des structures qui en sont chargées sont cependant régulièrement accusées d'abus, voire de violences, surtout dans des régions occidentales, moins affectées par la guerre, certains médias allant jusqu'à dénoncer la "chasse aux hommes" en âge de combattre. 

Des agressions de civils, notamment de femmes opposées à la mobilisation de leurs maris, contre des militaires et policiers chargés de mobilisation et des attaques contre des centres de recrutement interviennent régulièrement. 

En Transcarpatie, région la plus éloignée du front et la moins affectée par les bombardements russes, "le nombre de plaintes contre des actions illégales" de centres de recrutement militaires "a augmenté", a déclaré M. Loubinets.

Son représentant régional a été contacté par une Ukrainienne qui avait accusé des responsables de recrutement militaire d'avoir illégalement détenu et tabassé son père "ce qui avait conduit à sa mort", a précisé M. Loubinets. 

Une salve de missiles russes a fait au moins un mort et quarante blessés vendredi à Pavlograd et ravagé un immeuble d'habitations de cette ville du centre-est de l'Ukraine, ont annoncé les autorités. 

Ces frappes ont provoqué "plusieurs incendies" dans cette ville de la région de Dnipropetrovsk, et un "immeuble de plusieurs étages" a été frappé, a indiqué le gouverneur Serguiï Lyssak.

Cinq missiles balistiques Iskander ont été lancés vers la ville depuis le territoire russe, a précisé l'armée de l'air ukrainienne.

Une personne est morte, tandis que 40 autres ont été blessées, d'après des informations préliminaires rapportées par le ministère de l'Intérieur.

Serguiï Lyssak avait affirmé plus tôt que trois des blessés étaient des enfants âgés de 4, 9 et 11 ans.

Pavlograd, régulièrement frappée, abrite une usine chimique qui produit des explosifs. Ce type d'infrastructures est une cible pour l'armée russe.

La ville se situe à une centaine de kilomètres des combats, qui font rage dans la région voisine de Donetsk. Elle comptait environ 100.000 habitants avant l'invasion russe de février 2022.

Des images de la frappe partagées par le ministère de l'Intérieur montrent un immeuble d'habitation très endommagé, où des secouristes s'activent et évacuent les habitants.

Une épaisse fumée noire s'échappe de plusieurs fenêtres aux vitres soufflées et, devant le bâtiment, des morceaux d'arbres et des branches jonchent le sol.

Le Kremlin a promis vendredi "des restrictions" aux médias américains encore présents en Russie, en représailles des sanctions annoncées mercredi visant des médias d'Etat russes.

"Il ne peut y avoir de mesures miroirs: il n'y a pas d'agence de presse d'État aux États-Unis, ni de chaîne de télévision d'État. Mais, bien sûr, il y aura des mesures qui constitueront des restrictions de diffusion pour leurs médias", a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par l'agence d'Etat Ria Novosti.

Le porte-parole du Kremlin a estimé vendredi que la censure des médias était "justifiée" en raison de l'"état de guerre" dans lequel se trouve la Russie, qui a lancé en février 2022 une invasion en Ukraine.

"Dans l'état de guerre dans lequel nous nous trouvons, les restrictions sont justifiées, tout comme la censure est justifiée", a déclaré Dmitri Peskov à l'agence d'Etat TASS, alors que le pays mène une campagne de répression tous azimuts contre ses détracteurs et des médias indépendants, ce qui lui vaut d'être en bas du classement de la liberté de la presse 2024 de l'ONG Reporters Sans Frontières.

Une brigade ukrainienne a revendiqué vendredi avoir repris aux Russes le contrôle "d'une partie" de la ville de New York lors d'une contre-attaque réussie dans cette localité de sa région de Donetsk (est), rare avancée ukrainienne dans cette zone depuis des mois. 

L'armée russe a revendiqué le 20 août la capture de cette petite ville, présentée par Moscou comme une importante plateforme logistique des troupes ukrainiennes et qui comptait une dizaine de milliers d'habitants avant l'invasion russe lancée en février 2022.

Vendredi, la brigade ukrainienne Azov a annoncé sur Telegram avoir réussi "à reprendre le contrôle d'une partie de New York et à débloquer" des soldats ukrainiens "encerclés par les forces ennemies". 

"Au moment où la brigade a été déployée dans le secteur, la situation sur la ligne de front était catastrophique", a souligné l'unité, tout en assurant avoir pu la "stabiliser". 

"À l'heure actuelle, la situation reste tendue. Les Russes mènent jusqu'à 15 assauts par jour dans la zone de responsabilité de la brigade. Malgré les combats acharnés, nos soldats tiennent la ligne et contre-attaquent avec succès", a affirmé Azov. 

La ville de New York se trouvait près de la ligne de front depuis 2014, quand la Russie avait instigué un conflit entre Kiev et les séparatistes qu'elle soutenait dans le bassin ukrainien du Donbass. 

L'histoire du nom de la ville est un mystère, mais elle était indiquée sur les cartes comme "New York" au XIXe siècle. 

Les autorités soviétiques l'avaient rebaptisée Novgorodskoïé ("Nouvelle Ville") en 1951 pour des raisons idéologiques, avant que Kiev ne la rebaptise New York en 2021.

L'armée ukrainienne, qui manque d'effectifs et d'armes notamment en raison de retard de l'aide militaire occidentale, est en difficulté dans le Donbass, sur le front Est, et y a perdu nombre de localités depuis la fin 2023. 

L'Ukraine a lancé en août une incursion surprise dans la région frontalière russe de Koursk, dans l'objectif notamment de détourner vers cette zone une partie des troupes russes combattant dans l'Est, mais ce plan ne semble pas avoir marché et la pression russe sur les forces de Kiev dans l'Est ne fléchit pas.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi que la conquête du Donbass ukrainien était "la priorité numéro un" pour la Russie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé vendredi "plus d'armes" aux pays alliés réunis en Allemagne "afin de repousser les forces russes" du territoire ukrainien "et en particulier dans la région de Donetsk", à l'est. 

"Le monde dispose de suffisamment de systèmes de défense aérienne pour garantir que la terreur russe n'ait pas de résultat, et je vous demande instamment d'être plus actif dans ce travail avec nous sur la défense aérienne", a déclaré le dirigeant ukrainien lors d'une réunion des soutiens de Kiev sur la base aérienne américaine de Ramstein (ouest), réclamant aussi d'autoriser l'usage d'armes à longue portée "non seulement sur le territoire occupé de l'Ukraine, mais aussi sur le territoire russe".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi qu'il se rendrait en Italie pour un forum économique et des "négociations" avec la Première ministre Giorgia Meloni, après une réunion des alliés internationaux de l'Ukraine en Allemagne.

Dans un message évoquant son déplacement en Allemagne, il a ajouté qu'"après cela, ce sera l'Italie. Forum économique international d'Ambrosetti, rencontres avec des représentants d'entreprises italiennes. Négociations avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni", a-t-il écrit sur Telegram.