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DIRECT - Aider l'Ukraine doit rester une priorité pour l'Europe

Le Kremlin réagit ce mardi avec circonspection aux propos du président ukrainien, qui a ouvert pour la première fois la porte à des pourparlers avec la Russie. Volodymyr Zelensky a assuré être favorable à la présence de Moscou à un prochain sommet de paix. À Bruxelles, une vingtaine de pays membres de l'UE ont averti la Hongrie que le soutien à l'Ukraine devait rester une priorité de l'Europe.

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Image fournie par le ministère de la Défense russe montrant un tank russe tirant sur une position ukrainienne. 16 juillet 2024.

Image fournie par le ministère de la Défense russe montrant un tank russe tirant sur une position ukrainienne. 16 juillet 2024. 

© Russian Defense Ministry Press Service via AP
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15H54
duel sémantique

L'Ukraine et 50 autres pays accusent la Russie d'"hypocrisie" à l'ONU

L'Ukraine et une cinquantaine d'autres pays ont dénoncé ce mardi l'"hypocrisie" de la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères a présidé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le thème du multilatéralisme pour créer un monde "plus juste".

La Russie, qui assure en juillet la présidence tournante du Conseil, a organisé un débat sur la "coopération multilatérale dans l'intérêt d'un ordre mondial plus juste, démocratique et durable".
"Dans le contexte de sa guerre d'agression brutale contre l'Ukraine, le thème du débat est une nouvelle preuve de l'hypocrisie de la Russie", a lancé devant la presse l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya, lisant une déclaration commune d'une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. "La réunion d'aujourd'hui ne doit pas distraire la communauté internationale des violations flagrantes de la charte de l'ONU par la Russie et de son utilisation abusive du Conseil de sécurité, en tentant cyniquement de se présenter comme le gardien de l'ordre multilatéral", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, tout en dénonçant les "polémiques inutiles", s'en est pris directement aux États-Unis. "Soyons francs, tous les États représentés dans cette pièce ne reconnaissent pas les principes clés de la charte de l'ONU et l'égalité souveraine de tous les États", a-t-il lancé. "Les États-Unis ont depuis longtemps, par les mots de leurs présidents, déclaré leur propre 'exceptionnalisme' ", a-t-il dénoncé, avant d'appeler à "restaurer une diplomatie professionnelle, la culture du dialogue, la capacité d'écouter et d'entendre".

"Les États-Unis saluent l'occasion de discuter du sujet important de la paix et de la sécurité internationales et de la coopération multilatérale, même si (la réunion) a été organisée par un membre du Conseil qui a montré encore et encore qu'il ne prend pas ce sujet au sérieux", a répondu l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. "En écoutant le représentant russe, j'ai cru être dans la mauvaise salle, parce que cela ressemblait à une séance de pleurnicherie visant les Etats-Unis et l'Occident, et j'ai à peine entendu le mot 'multilatéralisme' ", a-t-elle ajouté.

15H39
mise à jour

Les pays baltes quitteront en 2025 le réseau électrique de l'ère soviétique

Les trois pays baltes annnoncent avoir notifié à la Russie et à son allié le Bélarus, leur décision de se séparer, dès février 2025, du réseau électrique datant encore de l'ère soviétique.
L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui pendant des décennies ont été gouvernées par l'Union soviétique, et qui font désormais partie de l'UE et de l'Otan, ont ainsi franchi une étape importante vers l'indépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

Ces trois pays entretiennent des relations tendues avec Moscou depuis qu'ils ont recouvré leur indépendance au début des années 1990, et ces liens se sont encore détériorés depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022. "Nous allons couper les derniers liens énergétiques avec la Russie", a déclaré Rokas Masiulis, directeur de Litgrid, l'opérateur public du réseau électrique lituanien.

"Dans six mois, nous ne nous déconnecterons pas seulement du réseau électrique russe et bélarusse, mais nous démantèlerons également les dernières lignes électriques qui en restent", a-t-il ajouté.
Des représentants de l'opérateur letton AST et de l'opérateur estonien Elering ont aussi annoncé cette décision.

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Elering a indiqué dans un communiqué que "les systèmes électriques des trois États baltes sont déjà prêts pour une synchronisation d'urgence à tout moment, si cela s'avère nécessaire".
De son côté, AST a précisé que les trois opérateurs baltes "ont notifié aux opérateurs russes et bélarusses la non-prolongation de l'accord BRELL" en question. Les États baltes se déconnecteront du réseau russe le 7 février, pour rejoindre le réseau européen deux jours plus tard. Bien qu'ils aient déclaré leur indépendance de l'Union soviétique en 1991, leurs réseaux électriques sont restés connectés à la Russie et au Bélarus.

Leur fréquence est donc régulée depuis le siège de Moscou, ce qui signifie qu'ils dépendent toujours de la Russie pour assurer un flux d'électricité stable. Les trois pays ont décidé en 2018 de synchroniser leurs réseaux électriques avec le système continental européen, après avoir obtenu un soutien financier de l'Union européenne. Ils accèderont au réseau électrique de l'UE via la Pologne.

Les États baltes ont cessé d'acheter du gaz russe et l'électricité après l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Mais même s'ils n'achètent plus d'électricité russe, ils ont dû rester connectés à l'ancien réseau pour des raisons techniques et de sécurité.

15H18
Belgorod

La Russie va restreindre l'accès à 14 localités à cause de bombardements ukrainiens

La région russe de Belgorod va restreindre à partir du 23 juillet l'accès à 14 localités proches de la frontière avec l'Ukraine en raison des bombardements réguliers de l'armée de Kiev, a annoncé mardi son gouverneur, Viatcheslav Gladkov. 

"Nous allons restreindre l'accès à 14 localités où la situation opérationnelle est extrêmement difficile", a-t-il indiqué sur Telegram, près de deux mois et demi après le lancement par l'armée russe d'une offensive ordonnée par Vladimir Poutine, dans la région ukrainienne voisine de Kharkiv, justement pour faire cesser les frappes sur cette région. Si les forces russes ont conquis quelques localités ukrainiennes dans cette zone, elles n'ont jamais réussi à créer la zone tampon voulue par le président russe ni à percer les défenses ukrainiennes. Selon Kiev, les forces russes ont subi de très lourdes pertes.

Preuve des résultats limités de l'offensive sur la région de Kharkiv, Kiev continue de son côté d'attaquer quasi quotidiennement, à l'aide de drones et d'artillerie, la région de Belgorod. Elle assure n'y viser que des sites militaires, mais des victimes civiles y sont régulièrement recensées. "Nous avons déjà perdu de nombreux civils, nous avons beaucoup de blessés, et notre tâche est bien sûr de prendre des mesures de sécurité maximales", a reconnu mardi Gladkov, semblant acter que l'établissement d'une zone tampon avait échoué.

"Des points de contrôle seront installés à l'entrée de (ces) localités et des représentants des forces de l'ordre y seront postés", a-t-il détaillé dans son communiqué publié à l'issue d'une réunion locale.
Le responsable a également précisé que les transports publics, "y compris les taxis, seront interdits" dans ces zones. Seuls "les hommes adultes" pourront entrer dans ces secteurs contrôlées par les forces de l'ordre, et ce, uniquement "selon des règles strictes", comme le port obligatoire d'un gilet pare-balles et d'un casque, ou bien encore le fait d'être accompagné par des militaires dans un véhicule blindé. Les femmes et les enfants ont interdiction d'entrer dans la zone.

Le Kremlin a longtemps affirmé que son offensive n'allait pas affecter le territoire russe, mais les attaques ukrainiennes s'y sont multipliées depuis un an. Le 30 décembre 2023, la ville de Belgorod, coeur de la région éponyme, avait été frappée par l'attaque la plus meurtrière (25 morts et une centaine de blessés) sur le sol russe depuis le 24 février 2022. L'Ukraine parvient aussi à envoyer des drones à des centaines de kilomètres de la frontières pour frapper des installations stratégiques russes
 

15H04
médias

Moscou réclame le déblocage de 200 chaînes russes sur YouTube

La Russie a demandé à Google de débloquer plus de 200 chaînes russes sur YouTube suspendues pour "propagande" du Kremlin, annonce l'agence Tass, sur fond de menaces régulières visant le site d'hébergement de vidéos.

Le service russe de supervision des communications, Roskomnadzor, a envoyé un message au PDG de Google LLC Sundar Pichaï exigeant de "débloquer sur YouTube plus de 200 chaînes de médias, d'organes du pouvoir, de clubs sportifs et de personnalités politiques et artistiques ayant soutenu la politique de la Russie et de ses autorités", rapporte l'agence de presse de l'État russe.
Cette source ne précise pas si cette missive était accompagnée d'un ultimatum ou d'une menace de bloquer le site en Russie. Contacté par l'AFP, Roskomnadzor est restée injoignable.

Avec l'offensive russe en Ukraine, en février 2022, le géant numérique américain et nombre d'autres acteurs des réseaux sociaux ont bloqué les comptes de médias et personnalités financés par l'État russe et accusées de désinformation ou de propagande.

Le pouvoir russe, qui ne cesse d'y voir de la "russophobie", a lui considérablement renforcé son contrôle sur l'internet, interdisant nombre de sites où les détracteurs du Kremlin pouvaient s'exprimer librement, à l'instar de Facebook. Mais YouTube, dont l'alter-ego russe Rutube reste peu populaire, n'a jamais été bloqué. Pour autant, les rumeurs de son interdiction ressurgissent régulièrement, d'autant que dès mars 2022, Roskomnadzor a accusé Google et YouTube d'activités "terroristes".

Le 12 juillet, l'opérateur russe des télécommunications Rostelekom a annoncé lui le "ralentissement" de YouTube, évoquant des problèmes techniques, Google ne fournissant plus de mise-à-jour depuis que la Russie a attaqué l'Ukraine.

14H50
Des "colt" made in Ukraine

Kiev et Prague s'entendent pour produire en Ukraine des fusils d'assaut et des munitions

L'Ukraine et des entreprises d'armements tchèques ont signé des accords en vue de produire des fusils d'assaut et des munitions en territoire ukrainien, annonce à Prague le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal. "C'est important pour approvisionner notre armée maintenant", indique Denys Chmygal, au sujet de l'accord avec le groupe Sellier & Bellot qui doit construire "une usine de munitions en Ukraine". "Le second accord concerne la production en Ukraine de fusils d'assaut par Colt CZ Group", a-t-il ajouté aux côtés de son homologue tchèque, Petr Fiala.

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Aucun calendrier précis n'a été annoncé dans l'immédiat.
"Pour nous, il est important de continuer à soutenir l'Ukraine qui se bat pour sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Mais nous sommes bien conscients qu'elle se bat également pour la sécurité de l'Europe", a dit Fiala.

L'Ukraine, dont l'effort de guerre dépend très largement de l'aide occidentale, veut développer son industrie militaire pour produire elle-même ses munitions et armements pour pouvoir compter aussi sur ses propres forces face à l'envahisseur russe.

Autre exemple de cette ambition, le groupe d'armement franco-allemand KNDS, qui fabrique notamment les canons Caesar, a officialisé début juin la création d'une filiale en Ukraine pour y produire à terme des équipements et des pièces détachées.

D'autant que l'aide occidentale a connu bien des ratés fin 2023 et début 2024 en raison de différends politiques au sein de ces pays ou de problèmes logistiques.
Il reste cependant à résoudre un problème de taille pour le développement d'une industrie militaire car l'ensemble du territoire ukrainien est à portée des missiles et drones russes.

L'Ukraine réclame depuis des mois que les Occidentaux lui livrent quantité de moyens de défense antiaérienne afin de pouvoir se défendre des attaques et protéger ses sites stratégique, son infrastructure civile ainsi que ses villes.

Prague est un des partenaires clé pour Kiev. Le gouvernement tchèque est ainsi à l'origine d'une initiative internationale visant à acheter des obus d'artillerie pour l'Ukraine en dehors de l'Europe, l'UE ayant échoué à livrer le million de munitions qu'elle avait promise avant la fin mars.

L'initiative, à laquelle participent 18 pays, dont le Canada, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal, a permis de récolter quelque 1,8 milliard de dollars pour acheter au total 500.000 obus cette année. Mais Prague espère pouvoir porter le total à 800.000.
 

12H08
Europe

Une vingtaine de pays membres de l'UE ont averti mardi Budapest que le soutien à l'Ukraine devait rester une priorité même sous la présidence hongroise

Une vingtaine de pays membres de l'UE ont averti mardi Budapest que le soutien à l'Ukraine devait rester une priorité du bloc européen, certains exprimant "colère" et "déception" après le voyage du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Moscou.

Le ton est monté ces derniers jours entre les institutions européennes et la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne, exercée depuis le 1er juillet par la Hongrie. Les tensions étaient encore palpables mardi à Bruxelles, lors d'une réunion des ministres des Finances.
"Le fait que M. Orban soit allé voir (le président russe Vladimir) Poutine à Moscou est une insulte pas seulement à l'Ukraine mais à tous les 26 autres États membres", a déclaré la ministre suédoise des Finances, Elisabeth Svantesson, se disant "en colère" et "très triste".

Le 5 juillet 2024 au Kremlin, rencontre au sommet entre le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président russe Vladimir Poutine.

Le 5 juillet 2024 au Kremlin, rencontre au sommet entre le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président russe Vladimir Poutine. 

© AP Photo/Alexander Zemlianichenko


"La présidence hongroise a commencé par un cavalier seul diplomatique que nous avons accueilli avec une grande déception", a lancé son homologue allemand Christian Lindner. "En Ukraine, c'est la paix et la liberté de l'Europe entière qui sont défendues. La Hongrie devrait savoir qui sont ses vrais amis".

Le ministre hongrois des Finances, Mihaly Varga, a présenté ce mardi sept priorités de son pays pour l'UE dont la compétitivité, la démographie, le renforcement des capacités de défense ou l'action contre l'immigration illégale... Mais il n'a pas mentionné l'Ukraine, ce qu'ont regretté tour à tour une vingtaine de pays membres dont la France, l'Espagne, l'Italie, la Pologne, la Grèce et les pays baltes notamment. "Nous sommes plus forts quand nous sommes unis en particulier dans le soutien à l'Ukraine et ce sujet doit rester tout en haut de notre agenda", a averti le ministre néerlandais Eelco Heinen. "Nous sommes bien sûr prêts à assurer des échanges de vues réguliers sur l'impact économique et financier de la guerre en Ukraine", a simplement répondu Varga.

La présidence semestrielle du Conseil de l'UE est une fonction de coordination des travaux législatifs qui n'autorise pas à s'exprimer au nom des Européens sur la scène internationale. Or, la visite de Viktor Orban à Moscou dès les premiers jours de la présidence hongroise, en rupture avec la politique d'isolement de la Russie, n'a aucunement été concertée avec les autres dirigeants européens.

Pour protester, la Commission européenne a annoncé lundi soir que ses commissaires ne participeraient pas aux multiples réunions prévues en Hongrie jusqu'à la fin de l'année.
Certains Etats pourraient se joindre au boycott. 

"La présidence hongroise reste attachée à une coopération sincère avec tous les États membres et toutes les institutions", a affirmé Mihaly Varga se disant "absolument certain" que les événements prévus en Hongrie bénéficieraient d'un "haut niveau de participation".
 

11H08
Sommet de la paix

Le Kremlin réagit avec méfiance au sommet de la paix évoqué par l'Ukraine

Le Kremlin réagit avec circonspection aux propos du président ukrainien qui a ouvert la veille la porte à des pourparlers avec Moscou, pour la première fois depuis le printemps 2022, en évoquant une présence russe à un futur sommet de paix.

Volodymyr Zelensky a assuré lundi être favorable à la présence de Moscou à un prochain sommet, après la conférence organisée en Suisse, mi-juin, sur la paix en Ukraine qui avait réuni des dizaines de chefs d'État et de gouvernement mais dont la Russie avait été exclue. 

"Le premier sommet pour la paix n'était pas du tout un sommet pour la paix. Donc, visiblement, il faut d'abord comprendre ce qu'il (M. Zelensky) entend par là", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, dans une interview à la chaîne Zvezda, diffusée ce mardi sur Telegram. Zelensky a, lui, affirmé vouloir présenter en novembre - mois de l'élection présidentielle aux États-Unis - un "plan" pour "une paix juste", après près de deux ans et demi d'un conflit à grande échelle qui a fait des centaines de milliers de victimes. Dans la foulée, il a dit souhaiter un autre sommet sur la paix en Ukraine auquel Moscou pourra cette fois-ci participer. "Je pense que des représentants russes devraient participer à ce deuxième sommet", a-t-il annoncé.

La Russie occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien et les perspectives d'un cessez-le-feu, voire d'une paix durable entre Kiev et Moscou, restent minimales à ce stade. C'est la première fois toutefois depuis l'échec de pourparlers au printemps 2022, dans la foulée de l'assaut russe du mois de février, que Volodymyr Zelensky émet l'idée de discussions avec la Russie sans retrait russe préalable du territoire ukrainien.

Le Kremlin de son côté a jusqu'ici exclu tous pourparlers de paix tant que l'Ukraine ne lui abandonnera pas les cinq régions dont Moscou revendique l'annexion et ne renoncera pas à son alliance avec l'Occident. De facto, il s'agirait d'une capitulation.

Sur le front, aucune percée décisive d'un des deux camps n'est en vue, même si d'intenses combats, très meurtriers, se poursuivent quotidiennement. L'armée russe, plus nombreuse et disposant d'une puissance de feu supérieure, grignote petit à petit du terrain dans l'Est du pays, au prix de lourdes pertes en hommes et en équipements.
 

08H56
Droits de l'homme

Le procès du journaliste américain Gershkovich reprend le 18 juillet

La justice russe avance à jeudi la reprise du procès à huis clos du journaliste américain Evan Gershkovich, jugé pour "espionnage" à Ekaterinbourg dans l'Oural, alors que l'audience était initialement prévue le 13 août. 

Le service de presse du tribunal régional Sverdlovski a affirmé à l'AFP que l'audience fixée le 18 juillet à 11H (6H00 TU) restera fermée au public comme à la presse. Moscou, qui est accusé d'avoir monté le dossier de toutes pièces, entretient le plus grand secret dans cette affaire. 

Voir Russie : ouverture du procès du journaliste américain E.Gershkovich

L'audience a été avancée "à la demande de la défense", selon la même source. Le reporter du Wall Street Journal, arrêté en plein reportage en mars 2023, est détenu depuis presque 16 mois sur la base d'accusations que la justice russe n'a jamais étayées.

Gershkovich, son employeur, ses proches et Washington ont rejeté avec véhémence l'accusation selon laquelle il agissait pour le compte de la CIA, et la Russie n'a jamais laissé quiconque avoir accès au dossier arguant du fait qu'il était classé secret. Pour Washington, son arrestation vise avant tout à monnayer un possible échange de prisonniers. Moscou a admis négocier sa libération et le président russe Vladimir Poutine a évoqué lui-même le cas de Vadim Krassikov, en prison en Allemagne pour un assassinat commandité attribué aux services spéciaux russes.

Le procès de Gershkovich s'est ouvert le 26 juin à Ekaterinbourg, dans l'Oural, ville où il avait été arrêté, devenant le premier journaliste occidental depuis l'époque soviétique à être accusé d'espionnage en Russie. La Maison Blanche a dénoncé un "simulacre de procès", répétant qu'Evan Gershkovich n'avait "jamais travaillé pour le gouvernement" américain, n'était "pas un espion" et "n'aurait jamais dû être arrêté". Dans la foulée, un panel d'experts de l'ONU a estimé que la détention du journaliste était "arbitraire" et qu'il devait être libéré "sans délai".

03H00
Euphémismes et auto-censure

Comment les Russes parlent de l'Ukraine ?

Euphémismes, jargon militaire, poèmes patriotiques et auto-censure : deux ans et demi de guerre en Ukraine ont imprimé leur marque sur le langage en Russie.

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonce une "opération militaire spéciale", abrégée en russe "SVO". L'expression a tout de la périphrase, la Russie ayant lancé ce jour-là un assaut généralisé contre l'Ukraine. Deux ans et demi plus tard, l'abréviation est partout, répétée inlassablement par les responsables politiques et militaires, sur les réseaux sociaux comme sur les panneaux lumineux bordant les artères de la capitale russe.

Initialement, l'emploi du mot "guerre" était même complètement interdit et passible de prison. Aujourd'hui, il est revenu dans le discours officiel, même dans la bouche de Vladimir Poutine - mais toujours pour accuser l'Ukraine et l'Occident d'en être les instigateurs.
Nina Popova, autrice favorable au pouvoir, est de ceux qui prononcent le mot sans sourciller, en expliquant que l'Union des écrivains de Russie, dont elle est vice-présidente, vit "selon les lois de la guerre". L'organisation, déjà arme de propagande à l'époque soviétique, a parrainé la sortie en juin d'une "anthologie de poèmes" intitulée "Pour nos amis", célébrant le courage des soldats russes en Ukraine.
Nina Popova en a récité publiquement quelques vers lors d'une récente foire aux livres sur la Place Rouge.
Pour elle, la multiplication de poèmes et chants patriotiques montre que le conflit en Ukraine "commence à prendre une dimension sacrée". Un statut longtemps réservé à la "Grande guerre patriotique", appellation russe pour la Seconde guerre mondiale (abrégée "VOV"), que Vladimir Poutine a placée au coeur de son discours sur la grandeur russe et à laquelle il compare régulièrement son "SVO".

Exemple de l'omniprésence du sigle SVO : on le retrouve, sous forme de jeu de mots, dans le slogan "Rejoins les tiens!", actuellement placardé à travers le pays pour encourager les Russes à s'engager dans l'armée.
Le slogan, qui évoque l'esprit de "fraternité", "capture vraiment l'air du temps", qui est au "rassemblement", affirme Nina Popova.

Des voix plus critiques y voient cependant le signe des besoins de recrutement d'une armée subissant de lourdes pertes. Quand une guerre dure, "venger ses camarades morts" devient une raison de s'engager, analyse auprès de l'AFP une linguiste préférant l'anonymat, du fait de la répression.
"On ne comprend plus pourquoi on se bat, ce qu'on veut obtenir (...) mais on comprend qu'ici, ce sont les nôtres, et là-bas, les autres", poursuit-elle.

L'évolution est nette par rapport à 2022, lorsque le discours officiel promettait une offensive "brève et facile" contre les prétendus "nazis" ukrainiens.
Autre changement : le pouvoir ne nie plus les pertes, mais s'efforce d'"amortir le choc pour l'opinion publique", dit la linguiste. Ainsi, les officiels russes, Vladimir Poutine le premier, ne démentent pas que la Russie a perdu des dizaines de milliers d'hommes, mais assurent, sans donner de chiffres, que l'armée ukrainienne en perd plus encore. D'où l'entrée dans le langage courant de "nombreux euphémismes", dit-elle. Ainsi, "revenir dans un sac noir" signifie mourir au front.
Dites qu'il y a "un lot de 200" ou "un lot de 300", des formules codes utilisées initialement dans l'armée soviétique, et chacun comprend qu'il y a eu respectivement des morts ou des blessés.

Ces dernières expressions figurent, avec plus d'une centaine d'autres, dans un "dictionnaire de la SVO" informel partagé par Mme Popova: on y trouve beaucoup de jargon lié aux armes utilisées, tel "oiseau" ou "Batman" pour les drones, mais aussi des surnoms pour les soldats mobilisés, les "mobiki" voire "tchmobiki" ("tchmo" est une insulte correspondant à "connard").

Pour les détracteurs de la "SVO", ce sont l'auto-censure et les silences qui illustrent l'effet du conflit sur la langue de Pouchkine, souligne la linguiste. Si en 2022 "on pouvait entendre des gens exprimer des doutes dans les transports en commun ou avec leurs voisins", selon elle, "ils se taisent désormais".
On ne se confie qu'aux proches considérés comme sûrs, sur fond d'arrestations quasi-quotidiennes d'auteurs de critiques réelles ou supposées. D'autant que la délation est revenue en force.
Une Moscovite aisée explique à l'AFP, sous couvert d'anonymat, hésiter même à parler librement chez elle : elle utilise quotidiennement l'assistant virtuel Alissa du géant russe de l'internet Yandex, qui pourrait transmettre ses informations aux autorités.

Le sociologue du centre indépendant Lévada, Alexeï Levinson, réunit régulièrement des "groupes de discussion" pour sonder l'opinion publique. Et il a constaté que les voix critiques se sont atténuées, notamment car la mobilisation de civils est restée limitée, les combattants étant généralement des volontaires relativement bien payés.

Une partie des anti-guerre se sont aujourd'hui ralliés à une "logique simple", dit-il : "Maintenant qu'on a commencé la guerre, il faut la mener à son terme."
 

Qui anime ce direct ?

avec agences