L'Ukraine et une cinquantaine d'autres pays ont dénoncé ce mardi l'"hypocrisie" de la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères a présidé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le thème du multilatéralisme pour créer un monde "plus juste".
La Russie, qui assure en juillet la présidence tournante du Conseil, a organisé un débat sur la "coopération multilatérale dans l'intérêt d'un ordre mondial plus juste, démocratique et durable".
"Dans le contexte de sa guerre d'agression brutale contre l'Ukraine, le thème du débat est une nouvelle preuve de l'hypocrisie de la Russie", a lancé devant la presse l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya, lisant une déclaration commune d'une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. "La réunion d'aujourd'hui ne doit pas distraire la communauté internationale des violations flagrantes de la charte de l'ONU par la Russie et de son utilisation abusive du Conseil de sécurité, en tentant cyniquement de se présenter comme le gardien de l'ordre multilatéral", a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, tout en dénonçant les "polémiques inutiles", s'en est pris directement aux États-Unis. "Soyons francs, tous les États représentés dans cette pièce ne reconnaissent pas les principes clés de la charte de l'ONU et l'égalité souveraine de tous les États", a-t-il lancé. "Les États-Unis ont depuis longtemps, par les mots de leurs présidents, déclaré leur propre 'exceptionnalisme' ", a-t-il dénoncé, avant d'appeler à "restaurer une diplomatie professionnelle, la culture du dialogue, la capacité d'écouter et d'entendre".
"Les États-Unis saluent l'occasion de discuter du sujet important de la paix et de la sécurité internationales et de la coopération multilatérale, même si (la réunion) a été organisée par un membre du Conseil qui a montré encore et encore qu'il ne prend pas ce sujet au sérieux", a répondu l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. "En écoutant le représentant russe, j'ai cru être dans la mauvaise salle, parce que cela ressemblait à une séance de pleurnicherie visant les Etats-Unis et l'Occident, et j'ai à peine entendu le mot 'multilatéralisme' ", a-t-elle ajouté.