Elle a été de pharmacie en pharmacie mais Amira al-Taweel n'a pas trouvé de lait pour son bébé. Dans la bande de Gaza menacée de famine, les enfants subissent de plein fouet les conséquences de la guerre.
"Youssef a besoin de lait, en plus de son traitement médical, mais il n'y en a pas à Gaza", regrette cette femme de 33 ans à un correspondant de l'AFP dans l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, où son fils a été admis pour malnutrition. "Je le nourris mais pas avec du lait. Je lui donne du blé (des farines pour enfants, NDLR), ce qui le ballonne", explique-t-elle en tenant dans ces bras le petit garçon chétif, placé sous perfusion. Son visage, comme celui de l'enfant, est creusé par la fatigue.

Abdulrahman Al-Rai tient sa fille Hana Al-Rai, 3 ans, qui souffre de diabète, d'un système immunitaire affaibli et de malnutrition à l'hôpital des Martyres d'Al-Aqsa de Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza, le 1er juin 2024.
D'après le service de presse du Hamas, au moins 32 personnes, dont de nombreux enfants, sont mortes de malnutrition dans la bande de Gaza depuis que la guerre entre Israël et les mouvements armés palestiniens a éclaté le 7 octobre, à la suite d'une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.
La guerre a ravagé le territoire palestinien où les organisations humanitaires mettent en garde contre une catastrophe humanitaire, estimant que l'aide qui entre dans la bande de Gaza est insuffisante et n'atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin.
Hier, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que plus de quatre enfants sur cinq avaient déjà passé une journée entière sans manger, au moins une fois tous les trois jours. "Les enfants meurent de faim", a averti Margaret Harris, porte-parole de l'OMS.

À l'hôpital des Martyres d'Al-Aqsa, Hana Al-Rai 3 ans se fait piquer pour tester son taux de sucre, car elle souffre de diabète.
Depuis mi-janvier, l'agence des Nations unies coordonnant l'aide humanitaire (Ocha) a examiné plus de 93.400 enfants de moins de 5 ans. Parmi eux, 7.280 souffraient de de malnutrition aigüe, selon l'agence.
La situation est encore plus critique dans le nord de la bande de Gaza, une zone qui est restée très difficile d'accès, voire inaccessible, pour les convois d'aide alimentaire pendant plusieurs semaines. "Nous dépendons de l'aide qui arrive ici et qui est distribuée pour les enfants", explique Noha al-Khaldi, une autre mère au chevet de son enfant, à l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa. Son fils Saif "devait être opéré mais l'opération a été reportée". "Il a souffert toute la nuit", poursuit Madame Khaldi,
Selon l'un des pédiatres de l'établissement, Hazem Mostafa, la situation s'est dégradée avec la fermeture du point de passage de Rafah, à la frontière avec l'Égypte crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.
Des cas de malnutrition infantile ont également été observés à Rafah ces derniers jours, et plusieurs bébés ont été traités dans des dispensaires, selon des correspondants de l'AFP. "L'occupation (Israël, NDLR) a empêché l'entrée de nourriture, en particulier du lait pour les enfants, ce qui a eu pour conséquences (...) un déficit de croissance et des infections", déplore le Dr. Mostafa, appelant à un "approvisionnement abondant en lait".