Saisie par l'Afrique du Sud, la Cour internationale de justice avait appelé en janvier Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.
Ce jeudi, l'instance internationale ordonne à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à la bande de Gaza assiégée, où des combats opposent l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans le secteur de plusieurs hôpitaux. L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir "éliminé environ 200 terroristes" dans le secteur depuis le 18 mars.
Les troupes israéliennes "ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives", assure l'armée.
"Les forces israéliennes ont obligé des hommes à se déshabiller et ne garder que leurs sous-vêtements (...) J'en ai vu d'autres les yeux bandés qui devaient suivre un char au milieu d'explosions", a indiqué à l'AFP Karam Ayman Hathat, un Palestinien de 57 ans qui habite dans un immeuble à une centaine de mètres de l'hôpital.
À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et al-Amal, distants d'environ un kilomètre. Ghazi Agha, 60 ans, se trouvait dans une tente dans le complexe hospitalier Nasser quand l'armée a demandé aux personnes qui s'y trouvaient de l'évacuer. "Ils nous ont appelés avec un haut-parleur: sortez ou on bombarde les bâtiments. Je suis sorti avec des dizaines de personnes (...) Nous avons entendu des explosions et des échanges de tirs tout le temps", dit-il.
Alors que l'aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.
"Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées (...) Ici, l'aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres : il faut utiliser les routes!", a déclaré James Elder, porte-parole de l'Unicef, depuis Rafah.
Ce jeudi, dans une rue de cette ville, des Palestiniens, dont de nombreux enfants, faisaient la queue pour remplir leurs bidons d'eau potable. "Il n'y a pas d'eau (douce) dans l'école", transformée en abri, "c'est pourquoi nous venons ici pour faire le plein d'eau", explique Ali al-Samouni, un déplacé d'une cinquantaine d'années. "Nous marchons pendant une heure (pour aller chercher de l'eau). Parfois, nous revenons les mains vides", se lamente quant à elle Maram Abou Amra, une déplacée de Khan Younès.