Le 5 février, les gendarmes pénètrent dans l'Assemblée nationale, Dakar.
La chaîne formée par des gendarmes sénégalais en chasuble fluo devant la tribune de l'Assemblée est devenue virale ce mardi, comme l'une des images fortes de la crise politique provoquée par le report de la présidentielle.
Des internautes se sont servis de cette image pour leur statut sur les réseaux sociaux, essentiellement pour déplorer les évènements survenus dans l'hémicycle lundi soir. La vidéo de l'entrée des gendarmes a été visionnée des dizaines de milliers de fois sur le site d'information Dakaractu.
Une trentaine de parlementaires de l'opposition, ceints pour certains de l'écharpe aux couleurs nationales, avaient à ce moment-là pris possession de la tribune pour empêcher le vote en procédure accélérée du texte repoussant la présidentielle.
Un groupe de gendarmes masqués et casqués est alors entré et a poussé les contestataires sans ménagement vers la sortie. Puis un cordon de gendarmes en chasuble fluo a établi un cordon humain devant la tribune pour geler la scène.
L'Assemblée a ensuite approuvé, sans l'opposition, le report au 15 décembre de la présidentielle initialement prévue le 25 février, et le maintien à son poste du président Macky Sall, qui devrait rester maintenant jusqu'à début 2025.
L'intervention des forces de l'ordre n'est que l'un des moments hors du commun de cette journée folle et électrique où les députés se sont empoignés et insultés.
Les journalistes présents en masse ont vu deux députés échanger des coups de poing dans le vide. À plusieurs reprises, Amadou Mame Diop, le président de l'Assemblée, a décompté en quelques secondes seulement les 104 voix attribués à son camp pour rejeter les questions préalables de l'opposition.
Malgré l'importance de l'enjeu, la proposition n'a jamais été débattue sur le fond. L'opposition s'est livrée à un tir de barrage procédurier et usé de tous les stratagèmes, par exemple en demandant une pause déjeuner aussitôt après une longue suspension de séance, pour faire obstruction.
"Personne ne votera cette loi ici ou il faudra nous passer sur le corps (...) Bande de cochons que vous êtes", a lancé le député d'opposition Guy Marius Sagna. "À l'impolitesse nous préférons répondre par la politesse, le calme et la sérénité", a répliqué avec ironie le président de la commission des lois Moussa Diakhaté.
Jusqu'à ce que la majorité n'en puisse plus et demande d'accélérer le vote.