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Direct démarré le 6 février 2024 à 6h40 TU

DIRECT - La loi pour reporter l'élection présidentielle adoptée au Sénégal

Le Parlement sénégalais a adopté dans la nuit du 5 au 6 février, au milieu d'une grande confusion, le projet de loi visant à repousser la présidentielle. Le scrutin était initialement prévue le 25 février. Il a été repoussé au 15 décembre 2024.

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Assemblée sénégal

Un garde se tient devant l'Assemblée nationale à Dakar, au Sénégal, le 5 février 2024.

AP Photo/Sylvain Cherkaoui
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19H29
Récit d'un journée particulière

Des images qui restent ...

La chaîne formée par des gendarmes sénégalais en chasuble fluo devant la tribune de l'Assemblée est devenue virale ce mardi, comme l'une des images fortes de la crise politique provoquée par le report de la présidentielle.

Des internautes se sont servis de cette image pour leur statut sur les réseaux sociaux, essentiellement pour déplorer les évènements survenus dans l'hémicycle lundi soir. La vidéo de l'entrée des gendarmes a été visionnée des dizaines de milliers de fois sur le site d'information Dakaractu.

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Le 5 février, les gendarmes pénètrent dans l'Assemblée nationale, Dakar.

Une trentaine de parlementaires de l'opposition, ceints pour certains de l'écharpe aux couleurs nationales, avaient à ce moment-là pris possession de la tribune pour empêcher le vote en procédure accélérée du texte repoussant la présidentielle.

Un groupe de gendarmes masqués et casqués est alors entré et a poussé les contestataires sans ménagement vers la sortie. Puis un cordon de gendarmes en chasuble fluo a établi un cordon humain devant la tribune pour geler la scène.

L'Assemblée a ensuite approuvé, sans l'opposition, le report au 15 décembre de la présidentielle initialement prévue le 25 février, et le maintien à son poste du président Macky Sall, qui devrait rester maintenant jusqu'à début 2025.

L'intervention des forces de l'ordre n'est que l'un des moments hors du commun de cette journée folle et électrique où les députés se sont empoignés et insultés.
Les journalistes présents en masse ont vu deux députés échanger des coups de poing dans le vide. À plusieurs reprises, Amadou Mame Diop, le président de l'Assemblée, a décompté en quelques secondes seulement les 104 voix attribués à son camp pour rejeter les questions préalables de l'opposition.

Malgré l'importance de l'enjeu, la proposition n'a jamais été débattue sur le fond. L'opposition s'est livrée à un tir de barrage procédurier et usé de tous les stratagèmes, par exemple en demandant une pause déjeuner aussitôt après une longue suspension de séance, pour faire obstruction.

"Personne ne votera cette loi ici ou il faudra nous passer sur le corps (...) Bande de cochons que vous êtes", a lancé le député d'opposition Guy Marius Sagna. "À l'impolitesse nous préférons répondre par la politesse, le calme et la sérénité", a répliqué avec ironie le président de la commission des lois Moussa Diakhaté.
Jusqu'à ce que la majorité n'en puisse plus et demande d'accélérer le vote.

17H28
Incrédulité

Des artistes sénégalais "choqués" et "groggy" après le report de la présidentielle

"Choqués", "groggy", et incrédules. Des artistes sénégalais réputés ont manifesté aujourd'hui leur désarroi après la décision sans précédent du report de l'élection présidentielle prévue le 25 février, se disant "très inquiets" pour la démocratie sénégalaise.

"Le Sénégal ne méritait pas ça", s'exclame Didier Awadi, pionnier du rap sénégalais, contacté par téléphone à Dakar par l'AFP. Le musicien de 54 ans, fondateur du groupe Positive Black Soul (PBS), se dit "choqué, déçu, outré, groggy" par le coup de tonnerre du report de l'élection présidentielle, qui a provoqué l'une des plus graves crises institutionnelles du pays.
"Personne n'a compris les explications et les arguments de Macky Sall", le président sénégalais, répète le musicien. "J'avais été l'un des premiers à l'applaudir lorsqu'il a renoncé à son troisième mandat" en juillet dernier, rappelle le musicien, souvent présenté comme une des figures majeures du rap francophone africain. "Mais là, ça ressemble à une manoeuvre pour se maintenir au pouvoir".

Comme tous les Sénégalais, Didier Awadi, panafricaniste, engagé contre l'injustice, la corruption ou les crises économiques qui minent les sociétés africaines, était jusque-là très fier de l'exception démocratique de son pays, en dépit des tensions récurrentes.

"On attendait des explications au Parlement, et qu'est-ce qu'on voit ? Des gendarmes dans l'hémicycle, c'est scandaleux!", s'insurge Awadi.

"Choqué" lui aussi, Ndongo D, l'un des deux membres du groupe de rap Daara J, ne décolère pas. "Le Sénégal était une exception démocratique, on nous a confisqué le débat, on est en train de piétiner la Constitution", s'insurge-t-il par téléphone depuis Dakar. "Il y a un manque de respect de la parole donnée. C'est comme si on nous poignardait, je n'ai même pas les mots tellement ça fait mal", poursuit-il.

Son groupe, Daara J, a une histoire engagée, avec des titres comme "Ça rend fou" qui fustige le pouvoir et l'argent, en 2020, et Ndongo D. ne craint pas de s'exprimer.

Mais, constate-t-il, beaucoup d'artistes restent silencieux. "Le gouvernement a bâillonné la culture hip-hop à coup de subventions et beaucoup sont dans le politiquement correct, il n'y a plus grand monde qui prend position", estime-t-il.
Sans compter la peur, ajoute-t-il, soulignant que des rappeurs et sympathisants du Pastef, le parti anti-système dissous, sont en prison.

À l'instar de Nitdoff, rappeur et activiste incarcéré à plusieurs reprises depuis janvier 2023 pour diffusion de fausse nouvelle et menace de mort.
Mais les tensions ont commencé bien avant, le Sénégal ayant été en proie depuis 2021 à différents épisodes d'émeutes, de pillages et de manifestations, provoqués par le bras de fer entre l'opposant Ousmane Sonko et le pouvoir. Ils ont causé la mort de dizaines de personnes et donné lieu à des centaines d'arrestations.
"Je n'ai plus confiance dans les institutions du Sénégal, je suis très inquiet", dit Ndongo J, qui estime toutefois que le peuple sénégalais "saura faire face et ne va pas lâcher l'affaire".

Youssou N'Dour, le célèbre musicien qui fut pourtant ministre-conseiller du président Macky Sall pendant 10 ans, avant de quitter en septembre dernier la coalition au pouvoir, a posté lundi sur X (ex-Twitter) sa désapprobation. "Sans équivoque, je ne suis pas d'accord avec le report de l'élection présidentielle", "la situation du pays m'inquiète", a-t-il écrit.

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Quant au photographe Mabeye Deme, il s'inquiète pour la "jeunesse sénégalaise, sans réelle perspective d'avenir, premier perdant de cette crise politique dont on ne voit pas la fin". "Le projet démocratique n'est jamais acquis. Au Sénégal, il vacille depuis plusieurs mois et maintenant menace de tomber", a-t-il dit dans une déclaration à l'AFP.

17H01
Cédéao

La Communauté ouest-africaine "encourage" le Sénégal à "rétablir" le calendrier de la présidentielle

La Communauté ouest-africaine "encourage" le Sénégal à "rétablir" le calendrier de la présidentielle. 

La Cedeao "encourage la classe politique à prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral", dit l'organisation régionale dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

La Cedeao dit suivre la situation "avec préoccupation".
Elle appelle toutes les parties prenantes à renoncer à la violence "et à toute action susceptible de troubler davantage la paix et la stabilité du pays". Elle exhorte les forces de sécurité à "faire preuve de la plus grande retenue et à protéger les droits fondamentaux".

L'analyse d'Ousmane Ndiaye, rédacteur en chef Afrique à TV5MONDE.

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12h39
Politique

L'opposition crie au "coup d'Etat constitutionnel" mais accuse le coup

L'opposition sénégalaise crie au "coup d'État constitutionnel" après le report de la présidentielle au 15 décembre et le maintien du président Macky Sall probablement jusqu'en 2025, sans avoir pu empêcher un fait accompli qui entache selon elle la vitrine démocratique nationale.

L'Assemblée a adopté hiersoir, dans une atmosphère électrifiée par l'importance de l'instant, une proposition de loi qui parachève pour le moment l'une des plus graves crises institutionnelles qu'ait connues depuis l'indépendance en 1960 ce pays volontiers vanté pour sa stabilité et sa pratique démocratique dans une région troublée. Pour la première fois, les Sénégalais, qui devaient élire leur cinquième président le 25 février le feront presque dix mois plus tard que prévu, si les choses ne changent pas d'ici là.

Outre le report, une alliance de 105 députés du camp présidentiel et de partisans du candidat recalé Karim Wade a approuvé le maintien à son poste du président Macky Sall jusqu'à l'installation de son successeur, très vraisemblablement en 2025 avec l'éventualité d'un second tour et les délais de passation de pouvoirs.

8h06
Politique

Certaines autorités religieuses sont contre un report de la présidentielle

Depuis l'annonce du report de la présidentielle par le chef de l'État le 4 février, une partie des sénégalais expriment leurs désaccords. La crise politique que traverse le Sénégal fait réagir aussi bien la société civile que les responsables religieux.

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7h18
Politique

Comment l'opposition réagit au report de l'élection présidentielle ?

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6h24
Politique

L'opposition vent debout contre le report de l'élection présidentielle

"La situation est complètement catastrophique, l'image du Sénégal est ruinée et je ne pense pas que nous nous relèverons de sitôt de cette faillite démocratique, de ce tsunami dans l'état de droit", a réagi après le vote du report de l'élection présidentielle Ayib Daffé, un député de l'opposition.

Cette décision sans précédent, dénoncée avec virulence par ses détracteurs comme un "coup d'État constitutionnel", a provoqué un tollé parmi les candidats qualifiés et dans la société civile, y compris dans les milieux religieux. 

Le quartier du Plateau, siège de la décision politique, a offert le spectacle rarissime de protestataires en petit nombre jouant au chat et à la souris avec les forces de sécurité parmi les Dakarois vaquant à leurs activités autour de l'Assemblée placée sous la protection de dizaines de gendarmes et de policiers appuyés par des véhicules lourds. "L'essentiel pour moi est de dire non à cet agenda politique, ce coup de force pour essayer de rester au pouvoir", a dit l'un des manifestants, Malick Diouf, 37 ans.

23h39
Politique

L'élection présidentielle reportée au 15 décembre 2024

Le Parlement sénégalais a adopté dans la nuit au milieu d'une grande confusion le projet de loi visant à repousser la présidentielle, initialement prévue le 25 février, au 15 décembre 2024. La loi a été adoptée, a indiqué le président du Parlement, après que plusieurs députés de l'opposition faisant obstruction au vote ont été évacués manu militari par la gendarmerie.

Elle a été votée à l'unanimité par les 105 députés présents dans la salle, en l'absence de ceux de l'opposition. Le président Macky Sall restera dans ses fonctions jusqu'à l'installation de son successeur, précise une autre disposition de la loi.

Le débat qui avait commencé dans la matinée s'est déroulé jusque tard le soir dans une ambiance électrique, des parlementaires en venant même aux mains dans la journée. Le texte, présenté par le camp de l'opposant Karim Wade, dont la candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel, est soutenu par celui du président Macky Sall qui avait annoncé samedi dernier le report du scrutin.

Qui anime ce direct ?

AFP