Israël ce 21 décembre 2023.
Le Conseil, largement critiqué pour son inaction depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, négocie d'arrache-pied depuis plusieurs jours ce texte porté par les Émirats arabes unis.
Le vote initialement prévu le 18 décembre a été reporté de multiples fois, la dernière hier à la demande des Américains qui avaient mis leur veto le 8 décembre à un précédent texte réclamant un "cessez-le-feu humanitaire" dans la bande de Gaza, pilonnée par les forces israéliennes en représailles à l'attaque sanglante et sans précédent du Hamas le 7 octobre.
"L'écart se réduit", a assuré l'ambassadrice des Émirats à l'ONU Lana Zaki Nusseibeh avant une nouvelle session de consultations à huis clos jeudi après-midi. "Nous travaillons activement avec nos partenaires à l'ONU sur la résolution et son contenu", a de son côté déclaré à Washington le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, contestant l'idée que les États-Unis sont "particulièrement isolés".
Certains diplomates ont indiqué à l'AFP toujours espérer un vote aujourd'hui malgré la difficulté des négociations. "Evidemment, nous aimerions voir quelque chose qui faciliterait l'acheminement immédiat, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire", a commenté Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le Conseil n'a réussi qu'une seule fois à sortir du silence, avec la résolution du 15 novembre appelant à des "pauses humanitaires". Il a rejeté cinq autres textes en deux mois, dont deux en raison de vetos américains, le dernier le 8 décembre.
Les États-Unis avaient alors bloqué, malgré la pression inédite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, l'appel à un "cessez-le-feu humanitaire", également jugé inacceptable par Israël.
Alors que l'ONU a alerté sur l'insécurité alimentaire "sans précédent" subie par les habitants de Gaza menacés désormais par la famine, la plupart des membres du Conseil semblent vouloir éviter un nouveau veto.
La référence à une "cessation urgente et durable des hostilités" a par exemple été supprimée à la demande des Américains, selon des sources diplomatiques.
Le dernier projet de texte vu par l'AFP appelle ainsi, moins directement, à une "suspension urgente des hostilités pour permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave, et à des mesures urgentes vers une cessation durable des hostilités".
Le texte réclame également que les parties au conflit facilitent l'entrée et la distribution de l'aide dans tout le territoire, "par la terre, la mer et les airs" et demande la mise en place d'un mécanisme de suivi de l'aide "exclusivement" par l'ONU pour s'assurer de la nature "humanitaire" des livraisons.
Selon des sources diplomatiques, les négociations se concentrent désormais sur ce mécanisme, Israël insistant pour maintenir son contrôle sur les convois humanitaires.
"Israël a, de façon compréhensible, un rôle dans le régime d'inspection, un rôle clé, et nous comprenons et respectons cela", a commenté John Kirby.
Autre point contentieux, l'absence une nouvelle fois dans le texte d'une condamnation - et même du nom - du Hamas, fustigée par Israël et les États-Unis.
Le projet de résolution condamne "toutes les attaques aveugles contre les civils" et "tous les actes de terrorisme", et réclame la libération des otages.
Après l'attaque du 7 octobre qui a fait, selon les autorités israéliennes, environ 1.140 morts, en majorité des civils, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l'assiégeant et menant une vaste opération terrestre depuis le 27 octobre.
Le gouvernement du Hamas a annoncé mercredi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 20.000 morts depuis le début de la guerre, dont au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes.