L'ambassadrice des États-Unis à Kiev, Bridget Brinks ce 14 novembre 2023.
De lourds points d'interrogation pèsent sur les ambitieux objectifs européens de soutien à l'Ukraine, entre réticences financières des uns et contraintes industrielles des autres, au moment où le conflit Israël-Hamas accapare les esprits.
Bien sûr, les ministres de la Défense des 27, réunis aujourd'hui à Bruxelles, ont, une nouvelle fois, réaffirmé leur engagement à soutenir Kiev qui combat l'armée russe sur son sol depuis le 24 février 2022. "L'Ukraine se bat aussi pour nous, pour une Europe libre", a martelé le ministre estonien Hanno Pevkur.
Mais la question des moyens, et du rythme de l'aide européenne, était au coeur de tous les échanges. "Nous faisons beaucoup, mais tout le monde est d'accord pour dire que nous devons faire plus et plus vite", a résumé le patron de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Josep Borrell répond à la presse ce 14 novembre 2023 après la réunion des ministres européens sur le soutien à apporter à l'Ukraine à Bruxelles.
Sans détours, l'Allemagne a reconnu que l'UE ne serait pas en mesure de livrer un million de munitions à l'Ukraine avant le printemps, comme elle s'y était engagée.
"Le million ne sera pas atteint, nous devons l'assumer", a lancé devant la presse son ministre de la Défense Boris Pistorius.
L'Union européenne a fourni jusqu'à présent à quelque 300.000 munitions d'artillerie à l'Ukraine en ayant recours à ses stocks, désormais épuisés.
Il faut donc produire pour atteindre cet objectif. Or, quelque 40% de la production européenne est destinée à l'exportation vers une trentaine de pays autres que l'Ukraine, a relevé Josep Borrell. "Ce que nous devons faire, c'est essayer de détourner cette production vers (notre) priorité qui est l'Ukraine, cela représenterait un changement considérable", a-t-il expliqué.
Le ministre de la Défense estonien Hanno Pekvur le 14 novembre 2023 à Bruxelles.
"Regardez la Russie. Elle produit plus que jamais. Ils reçoivent des munitions de la Corée du Nord. L'Europe ne peut pas dire que la Russie et la Corée du Nord peuvent tenir leurs engagements et que nous ne pouvons pas", a souligné le ministre estonien Hanno Pevkur. "Nous ne pouvons nous payer le luxe de dire que nous sommes fatigués car les Ukrainiens, eux, ne sont pas fatigués", a-t-il déclaré à l'AFP.
Selon Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, la capacité de production européenne a augmenté "de près de 20 à 30%" depuis février. Et l'objectif de produire plus d'un million de munitions par an sera atteint au printemps. Cependant, a-t-il ajouté, il appartient maintenant aux États membres de passer les commandes et les retards s'accumulent en dépit de plusieurs contrats passés récemment.