"Nous avons dit bien des fois qu'un processus de négociation sans la Russie n'avait aucun sens", déclare le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé sur l'initiative prise par la Suisse de réunir les 15 et 16 juin les représentants d'une centaine de pays.
Le président russe Vladimir Poutine a tourné en dérision l'organisation de cette conférence sans la Russie. "Ce serait drôle, si ce n'était pas triste", a-t-il déclaré lors d'une rencontre au Kremlin avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko.
Washington affirme jeudi ne pas avoir encore décidé d'y participer ou non, tout en balayant les accusations de Moscou qui a qualifié la conférence de projet électoraliste du parti démocrate de Joe Biden. "C'est une allégation absurde du gouvernement russe", a déclaré à la présse le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, ajoutant que la position de Moscou "ne montrait pas beaucoup de confiance dans la capacité du gouvernement suisse à mener ses propres affaires de politique étrangère."
"Notre politique à ce sujet a toujours été 'rien concernant l'Ukraine sans l'Ukraine.' S'il s'agit d'une réunion diplomatique que le gouvernement ukrainien soutient et à laquelle il souhaite participer, nous soutenons certainement son droit à le faire", a-t-il poursuivi.
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova affirme que toute action pour l'Ukraine qui "ignore la position de la Russie" était "détachée de la réalité" et n'avait "aucune perspective". Elle fustige la "formule de paix" avancée par Volodymyr Zelensky qui prévoit pour l'essentiel un retrait des troupes russes du territoire ukrainien, des réparations financières de la part de Moscou et la création d'un tribunal spécial pour juger les responsables russes. "Il est de notoriété publique que la 'formule Zelensky' n'envisage pas de compromis, d'alternatives et ignore totalement les propositions de la Chine, du Brésil, des États africains et arabes", affirme Zakharova.
Elle estime qu'on ne peut "pas non plus faire confiance à la Suisse", qui "défend les positions de l'Ukraine, soutient le régime de Kiev, applique des sanctions antirusses et adopte des stratégies qui excluent la Russie du système de sécurité européen".
"La Suisse ne peut pas être un hôte neutre dans de telles conditions et encore moins un médiateur, par définition", a-t-elle martelé.
"Nous sommes convaincus que nos partenaires d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine seront vigilants et ne se laisseront pas entraîner dans une nouvelle aventure antirusse", a conclu Maria Zakharova.