Dr Mohammed, de la Défense civile de Gaza : "Un cimetière a été aménagé à l'hôpital Nasser pendant la période de siège. Il y avait un certain nombre de martyrs que les familles n'ont pas pu enterrer après l'invasion du cimetière de Khan Younès et de ses environs, dans le quartier Autrichien. Les familles n'ayant pas pu les enterrer, certains corps ont été enterrés ici, dans ce cimetière, qui n'en est pas vraiment un, dans l'enceinte de l'hôpital Nasser. Nous avons été surpris, lorsque nous les avons retirés, de constater que le nombre mentionné était, comparé au nombre que l'on connaissait, un nombre très élevé. La différence est très importante. Cela indique qu’il y a eu un massacre et un crime de commis dans l’enceinte de l’hôpital Nasser." Khan Younès, 22 avril 2024
Une évacuation de plus d'un million de civils de Rafah n'est "pas possible" dans les conditions actuelles, prévient un responsable du CICR.
De nombreuses capitales étrangères et organisations humanitaires s'inquiètent des préparatifs en cours pour cette opération sur Rafah, dans le sud du territoire palestinien assiégé, considérée par Israël comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste Hamas. "On ne voit pour l'instant aucun plan d'évacuation pour les civils" de Rafah, a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en marge d'une conférence d'aide à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Rafah accueille un million et demi de personnes, habitants et déplacés, confrontés à une situation humanitaire dramatique. "Quand on voit le niveau de destruction dans le secteur central (de Gaza) et dans le nord, on ne voit pas très bien vers où les gens pourraient être déplacés et où ils pourraient avoir des abris décents et des services de base", a-t-il ajouté. "Donc aujourd'hui, avec les informations dont on dispose (...), on ne considère pas possible une évacuation massive".
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a fait savoir qu'il étudiait une "série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, en particulier sur l'évacuation des civils".
"Une opération militaire (à Rafah) ne peut en aucun cas être menée sans conséquences humanitaires dévastatrices", a déclaré à l'AFP Fabrizio Carboni lors de la Conférence internationale de Dubaï sur le développement et l'aide humanitaire (Dihad).
"Vu le niveau de destruction, la fatigue des gens, certains étant blessés ou malades, et l'accès limité à la nourriture et aux services de base, je vois (cette évacuation) comme extrêmement difficile", a-t-il ajouté.
Il n'y a aucun endroit sûr à Gaza si les gens quittent Rafah. Jan Egeland, secrétaire général de l'ONG Norwegian Refugee Council
Pour Jan Egeland, secrétaire général de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC), une offensive terrestre sur Rafah, "le plus grand camp de déplacés sur terre," conduirait à une "situation apocalyptique". "Il n'y a aucune information (sur l'évacuation), aucune consultation avec les humanitaires", a-t-il dit à l'AFP lors de la Dihad.
Ce que les humanitaires entendent, "c'est que Netanyahu dit qu'il va attaquer mais pas de plan sur où les civils doivent aller, comment l'aide peut être fournie ou comment son acheminement peut être sécurisé". "Il n'y a pas de stocks, il n'y a pas de carburant et plus important, il n'y a pas de liquidité. Il n'y a pas d'argent, on ne peut pas payer nos salariés", déplore le patron de NRC.
Pour les Palestiniens qui sont retournés dans des secteurs du nord de la bande de Gaza ces dernières semaines, "ce qui les attend, ce sont des ruines (...) des engins non explosés, et dans de nombreux cas davantage de bombardements", selon Egeland.
"Il n'y a aucun endroit sûr à Gaza si les gens quittent Rafah".