Palestiniens creusant les tombes à la recherche de corps de leurs proches à l'hôpital Nasser de Khan Younès, 17 avril 2024.
"Une nuit pleine d'amertume" : des manifestants ont brûlé lundi une table, symbole du repas traditionnel du Seder, qui marque le début de la Pâque juive, devant le domicile de Benjamin Netanyahu, l'accusant d'"oublier" les otages détenus par le Hamas.
Près de 500 personnes se sont rassemblées devant les grilles du Premier ministre israélien à Césarée, au nord de Tel Aviv, appelant le gouvernement à libérer les 129 personnes retenues en otages dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. De nombreux manifestants ne mâchent pas leur mot contre le gouvernement, qu'ils accusent de faire échouer les négociations. "C'est le pire Premier ministre depuis la création du pays" en 1948, selon Guy Ben Dror, 54 ans, employé dans la finance. "Il ne veut pas que les otages reviennent car il ne veut pas que la guerre s'arrête, sinon il ira en prison", ajoute ce farouche opposant au gouvernement.
Le 7 octobre, lors d'une attaque sans précédent sur le territoire israélien, les commandos du Hamas ont tué 1.170 personnes - Israéliens et étrangers - et ont enlevé 250 personnes.
Le sort des 129 toujours otages - dont 34 sont considérés morts selon des responsables israéliens - assombrit la Pâque juive, Pessah en hébreu, "la fête de la liberté".
Pessah, l'une des fêtes les plus importantes du calendrier hébraïque, dure une semaine, durant laquelle les familles se rassemblent autour de mets rituels et partagent des récits bibliques.
Lundi en est le premier jour, qui commémore la sortie des Hébreux d'Égypte. Il exige de préparer pour le soir le Seder ("ordre" en hébreu), un repas très codifié. On y lit la Haggadah, texte millénaire relatant l'Exode et le désir ardent des juifs de rejoindre la Terre promise.
Devant le domicile de Benjamin Netanyahu, les manifestants ont installé une immense table symbolique, aux chaises et aux assiettes vides, rappelant que les otages "meurent de faim", explique Yaël Ben Pornat, avocate de 62 ans qui n'avait pas le coeur à se réunir en famille ce soir, alors "nos frères et soeurs sont toujours retenus à Gaza".
"Nous sommes ici pour partager notre deuil et notre douleur (...) cette nuit est pleine d'amertume, il n'y a pas de liberté ni de joie", ajoute-t-elle. Elle ne se voyait pas ailleurs que devant chez le Premier ministre, qu'elle juge "responsable de l'horrible désastre du 7 octobre".
Après avoir lu les textes traditionnels et les prières du Seder, les manifestants ont aussi scandé les noms de tous les otages, avant de mettre le feu à une autre petite table symbole du Seder, pour marquer leur impossibilité à célébrer, en l'absence des otages, le début de la Pâque juive.
Dans un message publié lundi sur X à l'occasion du début de Pessah, Netanyahu a assuré que sa "détermination à voir tous les otages retrouver leur famille reste inébranlable".
"Ce soir, nous pensons à ceux qui ne peuvent pas rejoindre leur famille à la table du Seder. Leur absence renforce notre détermination et nous rappelle l'urgence de notre mission. Nous ne nous reposerons pas tant que chacun n'aura pas été libéré", a-t-il ajouté. "Les jours à venir verront s'intensifier les efforts militaires et diplomatiques pour obtenir la libération de nos otages", a-t-il conclu.