L'armée israélienne annonce ce mardi, après neuf mois de guerre à Gaza, qu'elle allait commencer à délivrer dimanche des avis de conscription à des juifs ultra-orthodoxes, après une récente décision de la Cour suprême sur ce sujet hautement sensible en Israël.
La police montée israélienne disperse des juifs ultra-orthodoxes qui bloquaient une autoroute près de Bnei Brak, à Tel Aviv, protestant contre la conscription obligatoire ce 16 juillet 2024.
Peu après cette annonce, des violences ont éclaté près de Tel-Aviv, opposant des manifestants ultra-orthodoxes aux forces de l'ordre à Bnei Brak, où des jeunes hommes qui rejettent cet appel au service militaire ont bloqué l'autoroute et s'en sont pris aux policiers qu'ils ont qualifiés de "nazis", selon un porte-parole de la police.
L'armée indique que des avis de conscription commenceraient à être envoyés le 21 juillet à des ultra-orthodoxes, soulignant dans son communiqué "les besoins opérationnels accrus" après plus de neuf mois de guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza, accompagnée d'une hausse des violences en Cisjordanie occupée et d'affrontements transfrontaliers quasi quotidiens avec le Hezbollah libanais.
Elle n'a toutefois pas précisé combien de personnes seraient concernées par cette vague d'appels, première étape en vue d'une incorporation dans les douze mois à venir.
Les ultra-orthodoxes représentent 13% de la population israélienne (près de 10 millions d'habitants). Historiquement, ils étaient exemptés du service militaire obligatoire en Israël, s'ils se consacraient à l'étude des textes sacrés du judaïsme, en vertu d'une exemption instaurée par David Ben Gourion, fondateur de l'État d'Israël, en 1948.
Mais en juin, la Cour suprême a ordonné la conscription des étudiants en écoles talmudiques, estimant que le gouvernement n'avait pas le droit de continuer de les dispenser de servir dans l'armée "en l'absence d'un cadre légal adéquat permettant" de les exempter
La Cour a considéré qu'il y avait une "grande discrimination" et qu'alors que plusieurs centaines de milliers de soldats et de réservistes ont été mobilisés pour la guerre à Gaza, "l'inégalité du fardeau est plus marquée que jamais".
Plusieurs personnalités ultra-orthodoxes influentes ont dénoncé cette décision, certains appelant à ignorer l'appel de l'armée.
Les "haredim" ("craignant Dieu" en hébreu), qui ont une interprétation stricte de la loi religieuse juive et vivent souvent repliés sur leurs communautés, considèrent que l'étude de la Torah protège le pays autant que l'armée.
La question de leur conscription est depuis longtemps un enjeu politique majeur en Israël. En 2018, elle avait créé une crise telle qu'elle avait précipité le pays vers cinq élections législatives en quatre ans, sans que le sujet ne soit clos.