Les "sanctions" contre le Niger, théâtre d'un coup d'État, "feront très mal", a déclaré le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou, appelant à trouver une solution pour ce pays pauvre dépendant de l'aide étrangère, dans un entretien accordé dimanche à la chaîne France 24.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a ordonné dimanche un blocus économique du Niger, décidant la suspension "immédiate" de "toutes les transactions commerciales et financières" avec le Niger.
"Les sanctions feront très mal à notre pays", a répété Ouhoumoudou Mahamadou, au moment où celles-ci se multiplient au niveau international.
Le Niger, pays sahélien de 20 millions d'habitants est l'un des plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.
"Je connais la fragilité du Niger", a déclaré le Premier ministre, ajoutant que "c'est un pays qui ne pourra pas résister à ce genre de sanctions. Sur le plan économique, ça va être une catastrophe", comme "sur le plan social".
"Nous lançons vraiment un appel aux uns et autres" pour "regarder l'intérêt du pays", a-t-il ajouté.
Après l'Union européenne (UE), la France a annoncé suspendre le 29 juillet "toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire". En 2022, l'aide publique au développement française pour le Niger s'est élevée à 120 millions d'euros.
Le Niger "est un pays qui compte beaucoup sur son partenariat international", a souligné le Premier ministre nigérien.
"Le dernier semestre de l'année", est "généralement bouclé avec les aides budgétaires qui nous proviennent de l'Union européenne, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en particulier, ainsi que de l'Agence française de développement (AFD)", a-t-il dit.
La Cédéao a également fixé dimanche un ultimatum d'une semaine à la junte pour rétablir l'ordre constitutionnel. "Nous sommes satisfaits de cette réaction, c'est une réaction logique", a déclaré le Premier ministre nigérien.
Dans ce contexte, la "médiation" du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, arrivé dimanche à Niamey, "pourra apporter une solution au problème que nous rencontrons", a-t-il affirmé sans donner davantage de précisions.
Enfin, Ouhoumoudou Mahamadou a déploré un "coup d'État gratuit" dans un "pays de la sous-région qui a le meilleur taux de croissance, avec 11,9% observés l'année dernière", et qui entretient "un dialogue avec l'opposition".
Le Premier ministre a affirmé que "le peuple nigérien n'a aucun sentiment anti-français", après que des manifestants ont pris pour cible l'ambassade de France à Niamey dimanche.
Il a assuré que le président déchu Mohamed Bazoum, sequestré depuis mercredi matin par des membres de sa garde présidentielle, "a le moral".