Le ministère des Armées va commander 2.000 munitions télé-opérées (MTO) de conception française dans les prochaines semaines, dont 100 premières en urgence sont destinées à être livrées à l'Ukraine d'ici cet été, a annoncé jeudi le ministre Sébastien Lecornu.
"J'ai pris la décision de commander 2.000 munitions télé-opérées, autant pour les besoins de l'armée française que pour l'Ukraine", a déclaré le ministre à l'occasion d'une visite de l'usine du fabricant de drones Delair à Labège, en banlieue de Toulouse.
"Les drones kamikazes sont absolument fondamentaux dans la conduite des opérations" et vont pouvoir constituer un "complément du canon Caesar en matière d'artillerie", a-t-il plaidé.
Actuellement confronté à une pénurie d'obus, Kiev a recours à grande échelle aux drones chargés d'explosifs, notamment aux petits drones issus du marché civil bricolés pour emporter une charge explosive.
Paris entend notamment profiter du retour d'expérience que fournira l'utilisation de ces drones en Ukraine pour améliorer les technologies de protection contre la guerre électronique et le brouillage GPS massivement utilisé par les forces russes.
Pour Sébastien Lecornu, ces premiers investissements dans des MTO "participent à un effort de rattrapage important pour nos armées" alors que la France accuse un retard dans le développement de drones en raison selon lui de "mauvaises décisions il y a 10-15 ans".
L'an passé, voyant l'utilisation massive en Ukraine de ces MTO, déjà utilisés lors du conflit au Haut-Karabagh, Paris avait passé en urgence une commande de près d'une centaine de munitions télé-opérées américaines Switchblade.
La commande que s'apprête à passer le ministère s'inscrit dans le cadre du projet baptisé Colibri visant à développer une MTO capable d'opérer dans un rayon de 5 kilomètres pour un coût unitaire inférieur à 20.000 euros.
Elle sera passée auprès de deux consortiums rassemblant un droniste et un spécialiste de pyrotechnie, d'un côté Delair et Nexter, de l'autre le droniste Novadem et MBDA. L'appel à projet est cependant ouvert à d'autres compétiteurs potentiels.
Les 100 premiers drones destinés à Kiev pour l'été vont en revanche être commandés auprès de Delair et Nexter. La répartition entre l'armée française et les besoins ukrainiens des 1.900 restants n'a pas été précisée. Tous devront être livrés en 2024-2025.