L'ONU s'alarme d'une "famine généralisée presque inévitable" dans la bande de Gaza, particulièrement dans le nord du territoire palestinien assiégé où, sans accès humanitaire et avec un système agricole dévasté, elle est "imminente".
"Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza", a déclaré devant le Conseil de sécurité de l'ONU Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial. "Nous devons persister et être à la hauteur de nos responsabilités pour assurer que cela n'arrive pas sous nos yeux", a-t-il ajouté.
Et le nord du territoire palestinien, assiégé depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, n'est pas la seule zone à risque. "Si rien n'est fait, nous craignons qu'une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable", a renchéri Ramesh Rajasingham, au nom du chef du bureau humanitaire de l'ONU (OCHA) Martin Griffiths.
"Nous sommes fin février, avec au moins 576.000 personnes à Gaza - un quart de la population - à un pas de la famine. Avec un enfant de moins de deux ans sur six dans le nord de Gaza souffrant de malnutrition aiguë et d'émaciation. Et pratiquement la totalité de la population de Gaza dépendant d'une aide humanitaire terriblement inadéquate pour survivre", a-t-il ajouté, appelant le Conseil à agir.
Cette réunion faisait suite à un courrier adressé le 22 février au Conseil de sécurité par Martin Griffiths, détaillant les impacts directs et indirects de la guerre à Gaza sur la situation alimentaire.
Dans ce texte, vu par l'AFP aujourd'hui, il réclame "une action immédiate" pour "empêcher une famine provoquée par le conflit".
À cet égard, les membres du Conseil doivent agir pour "assurer le respect du droit humanitaire, y compris l'interdiction d'utiliser le fait d'affamer la population civile comme méthode de guerre", et l'interdiction de détruire les objets indispensables à la survie (nourriture, récoltes, bétail, actifs agricoles...), insiste-t-il. "Selon le scénario le plus probable, la production agricole se sera écroulée dans le nord d'ici mai", a souligné aujourd'hui devant le Conseil Maurizio Martina, directeur général adjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Au 15 février, 46,2% des terres agricoles avaient été endommagées dans la bande de Gaza, les bâtiments agricoles "dévastés", 339 hectares de serres et plus d'un quart des puits détruits, ainsi que quelque 70% des vaches et 50% des petits ruminants tués, a-t-il noté. Sans oublier environ 97% des eaux souterraines qui ne sont plus utilisables pour la consommation humaine.
Et l'aide humanitaire continue d'entrer dans le territoire palestinien au compte-goutte.
Hier, le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini a ainsi noté sur X que février avait vu une baisse de 50% de l'aide entrant à Gaza par rapport à janvier. Pourtant, "près de 1.000 camions chargés de 15.000 tonnes de nourriture sont en Égypte, prêts à bouger", a noté mardi le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.
Aucun convoi n'a pu se rendre dans le nord de Gaza depuis le 23 janvier, selon l'ONU, qui dénonce les entraves des autorités israéliennes.