Le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz ont uni leurs voix pour demander au Congrès américain de débloquer enfin une nouvelle aide pour l'Ukraine, mais rien ne dit qu'ils seront entendus.
"L'incapacité du Congrès des États-Unis à aider l'Ukraine est presque une négligence criminelle. C'est un scandale", a fustigé le démocrate de 81 ans, qui demande depuis des mois une rallonge de 60 milliards de dollars afin de reprendre l'assistance militaire, interrompue fin décembre.
"Espérons que (les parlementaires) vous suivent et décident de donner le soutien nécessaire, parce que sans l'aide des États-Unis et des États européens, l'Ukraine n'aurait aucune chance de se défendre", a abondé son invité, qu'il recevait dans le Bureau ovale.
Le chancelier allemand a profité de sa courte déclaration devant la presse pour dénoncer l'interview "ridicule" accordée par le président russe Vladimir Poutine à l'animateur conservateur américain Tucker Carlson, proche de Donald Trump, et diffusée jeudi.
Jeudi soir, Olaf Scholz avait rencontré plusieurs sénateurs démocrates et républicains, les appelant à soutenir Kiev.
Cette visite bilatérale, la troisième depuis son entrée en fonction en décembre 2021, intervient alors que l'administration du président Joe Biden, en campagne pour sa réélection, et l'opposition républicaine au Congrès négocient depuis des mois un texte incluant une nouvelle enveloppe pour l'Ukraine ainsi que pour Israël.
Le Sénat américain a fait un petit pas jeudi vers le déblocage de cette aide, mais son avenir demeure très incertain, en raison de la résistance opposée par les élus trumpistes de la Chambre des représentants, l'autre composante du Congrès.
Un dénouement outre-atlantique apparaît d'autant plus vital à l'heure où les troupes ukrainiennes sont à la peine sur le front face au rouleau compresseur russe. Le nouveau chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a promis un plan "clair" pour repousser les Russes. Il doit répondre à l'un des problèmes majeurs des forces ukrainiennes actuellement, le manque de munitions, face à une Russie toujours aussi déterminée.
Kiev réclame aussi des missiles longue portée, mais Washington et Berlin hésitent, de crainte de provoquer une escalade incontrôlable avec le Kremlin, qui a plus d'une fois agité la menace nucléaire.
En attendant, le chancelier allemand se pose en champion de l'aide à l'Ukraine: il a pratiquement doublé le budget des aides militaires, à plus de 7 milliards d'euros cette année, et ne cesse d'exhorter ses partenaires européens à accroître leur assistance, soulignant que son pays - deuxième contributeur en valeur absolue après les États-Unis - ne peut pas tout porter sur ses épaules.