Selon le ministre de la Justice sénégalais, Ismaïla Madior Fall, Ousmane Sonko, condamné à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse" pourrait être arrêté "à tout moment".
Un tribunal criminel de Dakar a condamné jeudi l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse" et l'a acquitté des faits présumés de viols. Sa candidature à la présidence selon son avocat est "hypothéquée".
Selon le ministre de la Justice sénégalais, Ismaïla Madior Fall, Ousmane Sonko, condamné à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse" pourrait être arrêté "à tout moment".
Des troubles ont été rapportés sur les réseaux sociaux ailleurs dans le pays que dans Dakar. Mme Satire Mbaye, une responsable du parti présidentiel à Keur Massar, dans la banlieue de Dakar, a indiqué que le siège du parti avait été "saccagé". "Ils ont cassé les vitres et détruit le matériel qui était à l'intérieur. Ils ont demandé où se trouve la maison de Assome" Diatta, responsable local du parti, a-t-elle dit.
L'autoroute conduisant à l'aéroport a été coupé par des manifestants, rapporte l'AFP. Le nouveau train desservant la cité nouvelle de Diamniadio à partir de la capitale a cessé également de circuler.
Selon Sene News d'autres affrontements ont eu lieu à Saint-Louis et Ziguinchor.
« C’est un verdict surprenant. Ousmane Sonko était poursuivi pour viols et menaces de mort. Or ces deux chefs d’inculpation n’ayant pas été retenus, l’on se serait attendu à une relaxe pure et simple. Cette décision confirme la tentative du pouvoir d’éliminer Ousmane Sonko de la présidentielle. Je crains que ce verdict injuste ne ravive les tensions », accuse part Aminata Touré, ancienne fidèle du président sénégalais passée à l’opposition en 2022. Pour l'instant le président Macky Sall n'a pas réagi au verdict.
Des affrontements éclatent entre partisans de Ousmane Sonko et les forces de police dans le quartier de Colobane dans la ville de Dakar, rapporte le média Senenews. Des partisans de Sonko ont bloqué le principal axe du quartier.
Issue de la communauté sérère, orpheline de mère depuis 2010, elle a quitté l'école sans diplôme, travaillé dans un restaurant puis dans la couture. C'est "grâce à une amie" qu'elle est entrée à Sweet Beauté, sans la moindre formation, a-t-elle précisé lors du procès. Elle y gagnait autour de 60.000 francs CFA (environ 92 euros) par mois, en plus des pourboires des clients.
Lors du procès le 23 mai dernier à Dakar, elle a raconté qu'Ousmane Sonko avait abusé d'elle "cinq fois" et "sans protection" entre fin 2020 et début 2021.
La jeune femme s'est exprimé en langue wolof. Elle est revenue ce qui s'est passé selon elle dans l'intimité du salon, fournissant de nombreux détails largement relayés et commentés sur les réseaux et dans la presse depuis. "Quand j’ai terminé le massage, il a introduit sa main dans mon vagin puis il a menacé de me tuer", a-t-elle décrit lors de l'audition. Elle raconte aussi une autre scène de viol dans la salle de jacuzzi. Le député l'aurait menacée de la faire assassiner ou licencier.
Elle vit recluse et sous haute protection.
"Peuple sénégalais, arrêtez toute activité et descendez dans la rue pour faire face aux dérives du président Sall", peut-on lire dans le communiqué du Pastef, le parti présidé par Ousmane Sonko. Selon les médias sénégalais, des affrontements ont eu lieu à Saint-Louis et à Thies.
La chaîne Dakar Actu TV retransmet des affrontements entre des étudiants pro-Sonko devant le Centre des œuvres étudiantes de Dakar.
Au moment de la décision de justice, le président du parti Pastef-les Patriotes était présumé se trouver chez lui à Dakar, bloqué depuis dimanche par un important dispositif policier, "séquestré" selon ses mots.
Les forces de sécurité ont repoussé, y compris par la force, toute tentative de l'approcher de la part de ses avocats ou de ses sympathisants.
Les forces de sécurité ont tenu les journalistes à une distance considérable de sa maison. Elles ont lancé des grenades lacrymogènes sans sommation vers un groupe de journalistes, dont une de l'AFP, pour les éloigner.
La décision paraît au vu du code électoral maintenir la menace sur son éligibilité et sur sa faculté à concourir à la présidentielle de l'an prochain.
Les implications immédiates de cette décision et une éventuelle arrestation de Oumsane Sonko sont incertaines. Le tribunal ne s'est pas prononcé sur une éventuelle arrestation.
"La décision de l'arrêter ou pas dépend du ministère public", a dit un des avocats de Ousmane Sonko, Me Djiby Diagne. Mais "la candidature d' Ousmane Sonko est hypothéquée", a-t-il déclaré.
Ousmane Sonko aurait été déchu de ses droits électoraux s'il avait été condamné par contumace pour un crime comme le viol.
Cependant, la requalification des faits en délit semble au vu du code électoral maintenir la menace de l’inéligibilité sur Ousmane Sonko et sur sa faculté à se présenter à la présidentielle de 2024.
Des violences ont éclaté dans différents quartiers de Dakar après la condamnation de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, accusé de viols, à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", une peine qui compromet encore davantage sa candidature à la présidentielle de 2024.
Depuis février 2021 que l'affaire de viols présumés défraie la chronique, Ousmane Sonko est engagé dans ce que certains appellent un Mortal Kombat, du nom d'un jeu vidéo, pour sa survie judiciaire et politique et contre Macky Sall.
Une vingtaine de civils ont été tués depuis 2021 dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de Ousmane Sonko s'en rejettent la faute.