Trois ans après l'élection présidentielle contestée qui a provoqué des manifestations massives, "la situation des droits de l'Homme au Belarus demeure grave", déclare à Genève la Haut-commissaire-adjointe aux droits de l'homme de l'Onu, Nada Al-Nashif.
S'exprimant devant le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, elle a déclaré que l'espace civique au Belarus se réduisait, conséquence d'une "campagne de violence et de répression".
Les services du Haut-commissariat ont documenté "un schéma affligeant d'arrestations arbitraires et de poursuites sous des accusations inventées", qui cible des opposants critiquant le gouvernement, des militants, des journalistes.
L'ambassadrice du Belarus Larysa Belskaya a dénoncé les conclusions de l'Onu basées selon elle "sur des sources non fiables et des conclusions partiales", affirmant devant le Conseil qu'elles faisaient partie "d'une campagne de désinformation et de calomnies des pays occidentaux à l'encontre du Belarus".
Nada Al-Nashif a cité des chiffres selon lesquels la liste des "extrémistes" établie par le gouvernement comprenait à présent 3.300 personnes.
Depuis 2020, plus de 3.750 personnes ont été condamnées dans des procès "caractérisés par des peines d'emprisonnement sévères et disproportionnées, avec peu de considération pour les procédures régulières et le droit à un procès équitable", a-t-elle ajouté.
Actuellement, 1.500 personnes sont détenues dans le pays "sur la base d'accusations que notre bureau estime être motivées par des considérations politiques".
Nada Al-Nashif a indiqué que plus de 670 journalistes avaient été arrêtés à ce jour et que près de 1.400 ONG avaient été fermées. Elle a également mis l'accent sur les conditions de détention, avec un recours généralisé à la torture et, dans certains cas, à des "violences psychologiques graves", y compris des menaces de mort et de viol.
Elle a également critiqué les récents amendements apportés à la loi sur la citoyenneté, qui autorisent les autorités à révoquer la citoyenneté des personnes vivant à l'étranger qui ont été condamnées pour des crimes tels que l'"extrémisme". "Ces amendements risquent d'entraîner l'apatridie et laissent une large place aux abus et aux mauvais usages. Ils doivent être abrogés", a-t-elle estimé.