La centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, continue à pomper de l'eau du réservoir d'eau du barrage de Kakhovka pour refroidir le combustible et éviter un accident.
La destruction le 6 juin du barrage situé sur le fleuve Dniepr a provoqué l'évacuation de milliers de civils des zones inondées et suscité l'inquiétude pour le site de Zaporijjia occupé par les Russes, qui se trouve à 150 km en amont.
Après examen, il s'est avéré que les opérations de pompage devraient "pouvoir se poursuivre même si le niveau descendait au-dessous du seuil actuel de 12,7 mètres", précédemment jugé critique, a expliqué l'instance onusienne dans un communiqué, qui fixe désormais la limite à "11 mètres, voire plus bas".
Rafael Grossi, directeur de l'AIEA après une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU le 30 mai 2023.
"Dans ces circonstances difficiles, cela nous laisse un peu plus de temps avant d'éventuellement passer à d'autres sources d'approvisionnement", a souligné le chef de l'AIEA Rafael Grossi, attendu sur les lieux la semaine prochaine.
Quand le barrage ne pourra plus être utilisé, la centrale pourra avoir recours à "un grand bassin de rétention situé à proximité ainsi qu'à des réserves plus petites et à des puits sur place qui peuvent fournir de l'eau de refroidissement pour plusieurs mois". "Il est vital que ce bassin reste intact". "Rien ne doit être fait pour porter atteinte à son intégrité", avait averti Rafel Grossi en début de semaine, lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs de l'agence à Vienne. Mais la situation demeure "très précaire et potentiellement dangereuse", a-t-il insisté aujourd'hui.
Il faut constamment refroidir le combustible des cœurs des réacteurs ainsi que celui placé dans les piscines d'entreposage pour éviter un accident de fusion et des rejets radioactifs dans l'environnement.
Le personnel a déjà introduit des mesures pour restreindre la consommation d'eau, ne l'utilisant que pour "les activités essentielles liées à la sécurité nucléaire".
L'AIEA, qui a une équipe d'experts sur place, a réclamé un accès à l'endroit où est mesuré le niveau de l'eau du réservoir, "afin de pouvoir procéder à des vérifications indépendantes".
La centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, se trouve au coeur du conflit: elle a été visée à plusieurs reprises par des tirs et a été coupée du réseau électrique à sept reprises depuis sa prise par l'armée russe, le 4 mars 2022, dix jours après le début de l'invasion de l'Ukraine