La Commission européenne confirme que ses commissaires ne participeront pas aux réunions prévues en Hongrie. "À la lumière des récents développements marquant le début de la présidence hongroise" de l'UE, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a décidé que la Commission serait représentée uniquement au niveau des hauts fonctionnaires lors des réunions informelles du Conseil" prévues en Hongrie jusqu'à la fin de l'année, a annoncé son porte-parole Eric Mamer sur X.
Par ailleurs, le voyage du Collège des commissaires traditionnellement organisé dans le pays de la présidence "n'aura pas lieu", a-t-il ajouté. Ce voyage normalement prévu début juillet avait déjà été reporté à septembre, officiellement pour des raisons de calendrier.
"Sans précédent!", a réagi sur X Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris, évoquant un "boycott" de la présidence hongroise par la Commission européenne.
L'Union européenne envisage par ailleurs de snober une réunion des ministres des Affaires étrangères prévue en août à Budapest. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, pourrait empêcher les ministres de se rendre en Hongrie le mois prochain en convoquant une autre réunion au même moment à Bruxelles, selon plusieurs diplomates en poste dans la capitale de l'UE.
Viktor Orban a suscité colère et incompréhension au sein de l'UE en rendant visite à Vladimir Poutine début juillet, une "initiative de paix" non concertée avec les Vingt-Sept.
La Hongrie occupe depuis le 1er juillet la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, une fonction de coordination des travaux législatifs qui n'autorise pas à s'exprimer au nom des Européens sur la scène internationale. Or, Viktor Orban est accusé d'avoir abusé de cette position pour discuter des voies d'un "cessez-le-feu" en Ukraine, en rupture avec la position européenne de soutien total à Kiev et d'isolement de la Russie.
Selon les diplomates interrogés par l'AFP, le boycott de la réunion à Budapest serait une façon de réprimander la Hongrie. Si Josep Borrell convoquait une réunion à la même date, "cela retirerait la décision des mains des ministres. Il ne s'agirait pas pour eux de prendre la décision politique de ne pas aller en Hongrie mais plutôt du fait qu'ils devraient se rendre à Bruxelles", a expliqué l'un d'eux.
Viktor Orban critique les sanctions contre la Russie et l'aide militaire à Kiev et a constamment freiné les efforts de l'UE dans ces domaines. Il s'oppose aussi à la perspective d'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Malgré la guerre, la Hongrie a renforcé ses liens avec le Kremlin, au nom de ses intérêts économiques notamment dans le domaine énergétique.