Direct terminé le 30 octobre 2024 à 21h15 TU
Direct démarré le 30 octobre 2024 à 15H15 TU

Le déploiement de soldats nord-coréens pourrait prolonger et élargir la guerre en Ukraine, préviennent les États-Unis

Après des entretiens avec son homologue sud-coréen au Pentagone, Kim Yong-hyun, David Lloyd Austin a qualifié le déploiement de troupes nord-coréennes en Russie d'"escalade dangereuse et déstabilisante". Il a ajouté que "Poutine ne l’emportera pas en Ukraine, même avec davantage d’aide de la Corée du Nord". Les horaires sont indiqués en temps universel.

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Au Pentagone, David Lloyd Austin et son homologue sud-coréen Kim Yong-huyn, ce 30 octobre 2024.

Au Pentagone, David Lloyd Austin et son homologue sud-coréen Kim Yong-huyn, ce 30 octobre 2024.

© AP Photo/Kevin Wolf
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drones

Neuf blessés dans une attaque de drone à Kiev, selon les secours

Neuf personnes, dont une petite fille de 11 ans, ont été blessées dans la nuit de mardi à mercredi à Kiev, la capitale d'Ukraine, dans une attaque russe de drone qui a provoqué un incendie dans le bâtiment touché, ont annoncé les autorités ukrainiennes.

"Suite à une attaque de drone, un feu s'est déclaré aux deuxième et troisième étages d'un bâtiment de neuf étages" dans le quartier de Solomianskiï (ouest), ont indiqué les secours ukrainiens dans un communiqué publié sur Telegram. D'après cette source, le feu, "sur une surface de 40m²", a été rapidement "éteint", tout comme dans un autre bâtiment endommagé.
Au total, "neuf personnes ont été blessées" et d'autres évacuées, ont précisé les secours. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a précisé sur Telegram qu'une fille de 11 ans avait été blessée dans cette attaque, lors de la chute "des débris du drone".

Le 25 octobre, un drone russe avait frappé une tour résidentielle également dans le quartier de Solomianskiï, faisant un mort et deux blessés, d'après les services d'urgence.

Le ministère russe de la Défense a de son côté fait état de 23 drones ukrainiens interceptés au-dessus du territoire russe dans la nuit de mardi à mercredi.

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Rayée de la carte

Vovtchansk, trop proche de la frontière russe

"S'il y avait quelque chose de particulier à Vovtchansk ? Mais vous n'y êtes donc jamais allé ?", s'indigne Nelia Stryjakova, une ancienne bibliothécaire de cette petite ville du nord-est de l'Ukraine.
Impossible, la cité est bombardée depuis des mois et cible depuis le 10 mai d'un assaut de l'armée russe d'une rare intensité : "On peut dire que la ville n'existe presque plus", constate de manière clinique son maire Tamaz Gambarachvili, de son bureau de fortune installé à Kharkiv, à 68 km au sud-ouest.

Vovtchansk, le 26 mai 2024.

Vovtchansk, le 26 mai 2024.

© Brigade d'assaut Luit via AP


Vovtchansk est une localité sans histoire mais avec une géographie : cinq kilomètres la séparent de la frontière russe, une proximité qui a scellé son destin. C'est un paysage lunaire fait de ruines sur plusieurs kilomètres à la ronde que montrent des images tournées par des drones militaires ukrainiens fin mai puis début septembre.

"L'ennemi continue ses bombardements massifs et, aujourd'hui, 90% du centre-ville est rasé", poursuit le maire Gambarachvili, un colosse en uniforme, officiellement toujours chef de l'administration civile et militaire de la communauté urbaine de Vovtchansk.

Une maison résidentielle après des frappes russes, le 11 mai 2024.

Une maison résidentielle après des frappes russes, le 11 mai 2024. 

© AP Photo/Evgeniy Maloletka

Après le début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe le 24 février 2022, Vovtchansk a rapidement été occupée avant d'être reconquise par les forces ukrainiennes à l'automne de la même année.
Depuis, la cité essuyait les tirs réguliers de l'artillerie russe. Mais c'est une tout autre histoire qui a commencé le 10 mai dernier, jour où les militaires russes ont ouvert un nouveau front en attaquant, à partir de la frontière nord, la région de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine.

Par pure coïncidence, c'est à Vovtchansk, considérée comme un endroit calme, que reprend des forces la 57e brigade ukrainienne, harassée par des semaines de combats à Koupiansk, à une centaine de kilomètres plus au sud. "Nous avons alors repéré deux transports de troupes blindés russes qui venaient de traverser la frontière", se souvient Denys Yaroslavsky, le chef de l'unité de reconnaissance de la brigade. Moscou vient alors de déclencher une de ses offensives les plus intenses depuis le début de la guerre, mobilisant sans doute plusieurs milliers de soldats, selon Kiev. "Il n'y avait pas de fortifications, pas de mines" pour freiner la progression ennemie, découvre alors le lieutenant Yaroslavsky . "17.000 personnes ont perdu leur maison et pourquoi ? Parce que quelqu'un n'a pas construit de fortifications", fulmine l'officier de 42 ans, qui dénonce "de la négligence ou de la corruption".

Dans le centre-ville, l'usine de pièces détachées pour machinerie hydraulique, Agregatny Zavod, un établissement à finalité duale bâti en 1970, donc à l'époque soviétique, fait l'objet de féroces combats.
Le président Volodymyr Zelensky annule un déplacement à l'étranger pour se rendre d'urgence à Kharkiv le 16 mai. L'armée russe a avancé de cinq à dix kilomètres, reconnaît-il.
Les habitants de Vovtchansk, quant à eux, basculent en enfer.

"Après le 10 mai, les Russes ont commencé à bombarder", raconte Galyna Jarova, 50 ans, une native de Vovtchansk qui habitait 16-A rue Stepova. L'immeuble n'est plus que décombres aujourd'hui, d'après les images analysées par Bellingcat et l'AFP. "Nous étions juste sur la ligne de front, vous comprenez ? Personne ne pouvait venir nous sortir de là". "Tous les bâtiments ont brûlé et nous sommes descendus dans une cave. Nous y sommes restés entassés jusqu'au 3 juin", poursuit son mari Viktor, 65 ans. Le couple décide ce jour-là de fuir à pied. "Les drones volaient (autour de nous) comme des guêpes, comme des moustiques", se souvient Mme Jarova. Ils marchent pendant plusieurs kilomètres avant d'être pris en charge par des volontaires ukrainiens.

Disputée par les deux armées, l'usine Agregatny Zavod, où ils étaient tous deux employés, est aujourd'hui elle aussi en ruine. Dans la bibliothèque municipale du 8 rue Tokhova, que dirigeait depuis cinq ans Nelia Stryjakova, les 125.000 livres en russe et en ukrainien sont partis en fumée.
"La ville était belle. Les gens étaient beaux. Nous avions tout. Personne n'aurait pu imaginer qu'en seulement cinq jours, nous serions rayés de la surface de la terre", soupire cette dame de 61 ans au regard vif.

Blessé par un éclat d'obus à la jambe le 16 mai pendant qu'il dirige l'évacuation de ses administrés, le maire Gambarachvili secoue la tête pour dire son impuissance quand on lui demande d'évaluer le nombre des civils tués. Des dizaines sans doute, dit-on.

Plus, qui sait ? Il restait à Vovtchansk environ 4.000 personnes le 10 mai, selon le responsable local, la plupart des familles avec enfants ayant été évacuées depuis plusieurs mois déjà.
A la tête d'une clinique privée de Kharkiv, Kira Djafarova, 57 ans, suppose que sa mère Valentina Radionova est depuis longtemps morte, au 40 rue Doukhovna, une petite maison au potager amoureusement entretenu.
Leur dernière conversation téléphonique remonte au 17 mai. "A 85 ans, je ne vais plus nulle part", avait alors répété Valentina.
Images satellitaires recueillies par Bellingcat et témoins directs ont confirmé que la maison avait été totalement détruite. "Depuis, j'ai compris que c'était fini", souffle Kira qui a donné son ADN pour une éventuelle identification, lorsque les combats finiront.

Une ironie particulièrement cruelle veut que Mme Radionova, de nationalité russe, se soit installée en 2015 à Vovtchansk pour être à équidistance entre ses deux enfants brouillés : Kira, la psychiatre présente depuis 35 ans à Kharkiv, devenue ukrainienne de coeur et depuis deux ans de nationalité; et son frère aîné, considéré comme étant favorable au président russe Vladimir Poutine et resté à Belgorod, le berceau familial et la première grande ville russe de l'autre côté de la frontière. Kira ne prononce plus le prénom de celui qu'elle appelle seulement son "ancien frère" - que l'AFP n'a pas été en mesure de contacter.

La mère d'un soldat ukrainien, Volodymyr Grechanyi, mort à Vovtchansk, le 23 juillet, pleure à son enterrement à Poutrivka, Ukraine, le 1er août 2024.

La mère d'un soldat ukrainien, Volodymyr Grechanyi, mort à Vovtchansk, le 23 juillet, pleure à son enterrement à Poutrivka, Ukraine, le 1er août 2024.

© AP Photo/Evgeniy Maloletka

Mort également Volodymyr Zymovsky, 70 ans. Le 16 mai, il décide de fuir le déluge de feu en voiture avec sa mère de 83 ans, sa femme Raïssa et un voisin. Le mari s'effondre au volant au bout de quelques minutes, sa mère également, tués "plus que certainement par un tireur embusqué russe", raconte Raïssa. Sous le sifflement des balles, cette ex-puéricultrice de 59 ans n'a que le temps de s'extirper du véhicule. Elle est arrêtée par des soldats russes, détenue deux jours. Elle parvient à s'échapper, se cache dans la cave d'un voisin pendant une nuit, fuit par la forêt.

Cette odyssée entre vie et mort, cette blonde aux yeux bleus en parle d'une voix douce, posée. Une seule chose semble lui importer : retrouver les corps de son mari et de sa belle-mère, pour leur donner une sépulture digne de ce nom. Car une rumeur court parmi les réfugiés : les cadavres qui jonchaient depuis des jours les rues de Vovtchansk auraient été jetés dans une fosse commune, à la faveur d'une suspension des combats. Par qui ? Où ? Impossible à ce jour d'en savoir plus.

Des civils vivants encore à Vovtchansk, il en reste une poignée. Personne ne sait combien. Oleksandre Garlytchev, 70 ans, assure en avoir vu au moins trois, quand il s'est rendu dans son ancien appartement mi-septembre, pour y récupérer quelques affaires, à vélo pour plus de sécurité. Garlytchev habitait, il est vrai, au 10-A chaussée Roubiejanskoe, dans un quartier relativement épargné du sud de la ville, qu'il n'a quitté que le 10 août.

À Vovtchansk, avant le début des affrontements dans la région orientale du Donbass en 2014, les échanges frontaliers étaient quotidiens, des Russes arpentaient les allées de ses marchés.
Plus de la moitié des familles d'Ukraine orientale ont des parents russes. "Il y a beaucoup de familles mélangées. Parents, enfants, nous sommes tous liés. Et maintenant nous sommes devenus des ennemis", lâche Mme Stryjakova.

Quand on demande à Raïssa Zymovska, une chrétienne fervente, si elle peut pardonner au meurtrier de son mari, son silence paraît interminable. Et puis, un murmure : "Je ne sais pas, vraiment pas. En tant que chrétienne oui mais en tant qu'être humain... Que dire ?".

Qui anime ce direct ?

avec agences