L'émotion était vive ce soir au rassemblement organisé à Paris par le Crif en mémoire des victimes, mais où l'évocation de LFI a été copieusement sifflée. Quelque 4.000 personnes avaient répondu à l'appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour cette cérémonie d'hommage organisée dans la salle du Dôme (15e) un an après l'attaque du Hamas contre Israël.
La soirée a débuté sur un ton grave, avec la projection de vidéos sur la fondation et l'histoire d'Israël jusqu'au festival Nova du 7 octobre, suivies de captures d'écrans et de messages vocaux envoyés par les participants au moment de l'attaque : "ils sont partout", "ils enlèvent des gens"...
Une minute de silence a ensuite été observée par la salle debout, lors de cette cérémonie mêlant discours et évocation grave des victimes au son du violoncelle.
Prenant ensuite la parole, le président du Crif Yonathan Arfi a martelé: "Rien ni personne n'échappe au 7-Octobre" car "cette journée reste pour toujours entâchée par le sang des victimes".
Dans ce discours, il a repris sa charge contre LFI qu'il a renvoyé au "camp du déshonneur", alors que la salle huait copieusement le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. "LFI choisit d'hystériser notre débat public, en cultivant le clientélisme et les assignations identitaires. Alors je le dis ce soir, avec gravité, que LFI trouve encore des alliés au sein de la gauche républicaine est un outrage, une trahison", a-t-il lancé, la voix couverte par les lazzis.
L'ancien président François Hollande a aussi essuyé quelques sifflets lorsque Yonathan Arfi l'a remercié de sa présence. De nombreuses personnalités avaient fait le déplacement: outre le chef du gouvernement et plusieurs ministres, les présidents de région Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, le très applaudi Nicolas Sarkozy, l'écrivain Bernard-Henri Lévy, l'actrice Sandrine Kiberlain, le dessinateur Joann Sfar...
L'intervention du Premier ministre Michel Barnier a elle aussi suscité quelques sifflets lorsqu'il a assuré de l'engagement du chef de l'État et du gouvernement à protéger les Français de confession juive - même si la quasi-totalité de la salle s'est levée à l'issue de son discours.
Quelques cris "des armes, des armes" avaient aussi retenti pendant son allocution, allusion directe aux propos du chef de l'État Emmanuel Macron en faveur de l'arrêt des livraisons à Israël d'armes pouvant servir dans la guerre à Gaza.
Des propos très remarqués, et largement déplorés, dans la communauté juive.
"C'est aberrant, une honte", a affirmé à l'AFP Edmond Sinelnikoff, 75 ans, dans la file d'attente du Dôme où il est arrivé très en avance. Quant à l'engagement du président français de tout mettre en oeuvre pour la libération des otages, "il a fallu un an!", s'exclame près de lui Benjamin Amar-Rozowykwiat, 25 ans, un ruban jaune au poignet en solidarité avec les otages.
Ces otages, "on a l'impression qu'ils ont été oubliés", affirme-t-il, en assurant qu'après le 7 octobre "n'importe quel Juif s'est senti profondément attaqué, et ça a rappelé des souvenirs enfouis".
Venue en "solidarité" même si elle n'est pas juive elle-même, Louise, 28 ans, estime que "tout le monde devrait être là". "J'aimerais voir des gens non concernés se révolter", ajoute-t-elle, en "regrettant" le silence de certaines féministes, comme si "parce que les victimes sont juives c'est moins important".